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La qualité de l’eau du robinet en France est en train de devenir un sujet de préoccupation majeur. Une étude récente de l’association UFC-Que Choisir, publiée le 18 novembre 2025, montre que seuls 85 % des réseaux de distribution respectent les normes sanitaires, contre 95 % en 2021. La cause principale de cette dégradation : la présence de métabolites de pesticides interdits, désormais détectés même dans plusieurs grandes villes françaises. Cette situation interpelle autant les consommateurs que les collectivités locales, car elle soulève des questions sur la sécurité de l’eau et sur le coût de sa dépollution.
Les résultats de cette enquête se basent sur 30 millions d’analyses effectuées entre janvier 2023 et juin 2025 par les agences régionales de santé (ARS). L’association de consommateurs déplore un recul significatif du taux de conformité, qui passe de 95 % à seulement 85 % en quatre ans. UFC-Que Choisir insiste sur le fait que cette baisse a des conséquences directes pour les contribuables, puisque les traitements supplémentaires pour dépolluer l’eau entraînent une hausse des coûts de distribution.
Une pollution qui gagne les grandes villes
Autre constat inquiétant : contrairement aux idées reçues, cette contamination ne se limite plus aux zones rurales. Jusqu’ici, les dépassements de normes de pesticides concernaient surtout de petites communes agricoles, mais désormais des villes comme Reims, Beauvais, Caen, La Rochelle ou Calais sont touchées. Cela montre que le problème n’est plus marginal et qu’il affecte désormais un nombre croissant d’habitants urbains. L’association s’inquiète également de la complexité à dépolluer ces réseaux et de l’impact financier sur les municipalités.
Quels pesticides sont détectés ?
La dégradation de l’eau n’est pas due à un changement récent des pratiques agricoles, mais à la détection de nouveaux métabolites de pesticides par les ARS depuis 2023. Ces métabolites proviennent de la dégradation de substances interdites depuis plusieurs années :
- Chloridazone, un herbicide utilisé dans la culture des betteraves, interdit depuis 2021 ;
- Chlorothalonil, un fongicide interdit depuis 2020 ;
- Alachlore, un herbicide utilisé dans la culture du maïs, interdit depuis 2008.
Ces molécules peuvent rester dans le sol et migrer dans les nappes phréatiques. La détection de ces résidus montre que l’eau distribuée n’est pas toujours exempte de substances anciennes, et souligne l’importance de contrôles réguliers et précis pour protéger la santé publique.
Peut-on boire l’eau du robinet en toute sécurité ?
Face à cette situation, beaucoup de Français s’inquiètent de la sécurité de l’eau. Olivier Andrault, chargé de mission Alimentation et Nutrition à l’UFC-Que Choisir, rassure : « Est-ce que je peux continuer à boire mon eau ? La réponse est oui, dans la très grande majorité des cas ». Selon lui, les seuils réglementaires sont très stricts et établis par précaution, tandis que les niveaux réellement dangereux sont beaucoup plus élevés.
Cependant, lorsque les limites légales (0,1 microgramme par litre pour un pesticide, 0,5 pour l’ensemble des pesticides) sont dépassées, l’eau est considérée comme non conforme. Dans ce cas, le gestionnaire de la distribution a l’obligation de prendre des mesures rapides pour rétablir la qualité de l’eau et protéger les consommateurs.
Un impact sur le coût de l’eau
Cette pollution commence à se refléter dans le prix de l’eau. D’après les données de l’Insee, le prix moyen du mètre cube a augmenté de 16 % sur les 30 derniers mois, alors qu’il était resté stable pendant les dix années précédentes. UFC-Que Choisir explique que cette hausse est directement liée aux coûts supplémentaires engagés pour le traitement et la dépollution des réseaux, afin de garantir que l’eau reste potable malgré la présence de pesticides.
Les précautions à adopter
Malgré ces dépassements ponctuels, boire l’eau du robinet reste généralement sûr. Les consommateurs peuvent toutefois suivre quelques recommandations pour limiter les risques et s’informer sur la qualité de leur eau :
- Vérifier régulièrement les bulletins de qualité de l’eau fournis par les municipalités ou les fournisseurs ;
- Utiliser un filtre domestique adapté pour réduire les traces de pesticides et autres contaminants ;
- Éviter l’eau stagnante dans les tuyaux en laissant couler l’eau quelques secondes avant consommation ;
- Se tenir informé des mesures mises en place par les agences régionales de santé en cas de non-conformité ;
- Favoriser la consommation d’eau fraîche provenant de sources fiables pour les enfants et les personnes vulnérables.
Une vigilance nécessaire pour tous
Cette situation montre que la surveillance de l’eau reste essentielle. Même si l’eau du robinet reste potable dans la grande majorité des cas, la détection de pesticides interdits dans certaines grandes villes souligne l’importance d’une vigilance constante. Les autorités, les municipalités et les citoyens doivent collaborer pour garantir que l’eau distribuée reste de qualité, tout en maintenant les coûts à un niveau raisonnable.
En résumé, l’eau du robinet en France reste généralement sûre, mais la présence de résidus de pesticides anciens ou récemment détectés dans certaines zones urbaines rappelle l’importance de suivre les informations officielles et de prendre quelques précautions simples à la maison. La vigilance et l’information sont les clés pour continuer à consommer cette ressource vitale en toute confiance.

