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À partir de septembre 2025, un changement majeur va toucher les actifs proches de la retraite : le dispositif de retraite progressive sera désormais ouvert dès 60 ans. Une mesure issue du projet de loi sur l’emploi des seniors, adopté début juillet, et qui vise à adoucir la fin de carrière. Mais derrière cette promesse de souplesse, cette transition partielle vers la retraite est-elle vraiment avantageuse ? Tour d’horizon d’une réforme qui suscite autant d’espoirs que de doutes.
Un départ en douceur vers la retraite
Le principe de la retraite progressive est simple : réduire son temps de travail tout en touchant une partie de sa pension. Cela permet de quitter peu à peu la vie professionnelle, sans couper brutalement les ponts. Par exemple :
- à 80 % de temps de travail, on reçoit 20 % de sa pension ;
- à 50 %, on perçoit 50 % de sa retraite.
Cette formule est accessible aux salariés, agents publics et travailleurs indépendants. Elle permet de continuer à cotiser tout en allégeant son emploi du temps. *C’est un bon compromis pour ceux qui veulent lever le pied sans sacrifier leur avenir financier*, résume un expert en gestion de carrière.
Des règles précises à respecter
Pour y prétendre, il faut remplir plusieurs conditions. Jusqu’à présent, il fallait avoir au moins 62 ans. Mais la réforme abaissera cet âge à 60 ans dès la rentrée 2025. Voici les autres critères à remplir :
- avoir validé au moins 150 trimestres ;
- être à moins de deux ans de l’âge légal de départ, soit 64 ans aujourd’hui ;
- travailler entre 40 % et 80 % d’un temps plein (ou entre 50 % et 90 % pour les fonctionnaires).
Les travailleurs indépendants et les salariés au forfait jour peuvent aussi en bénéficier, s’ils justifient d’une baisse de revenus d’au moins 20 %.
Une réforme pour lever les freins
Malgré ses avantages, la retraite progressive est encore marginale : seuls 31 000 Français en profitaient en 2024, soit une infime minorité. Les raisons ? Une méconnaissance du dispositif, des refus fréquents des employeurs, et une mise en œuvre parfois trop complexe.
La réforme de 2025 entend changer la donne. Elle prévoit non seulement d’abaisser l’âge d’accès, mais aussi de renforcer le cadre légal. Désormais, un employeur ne pourra refuser une demande qu’en invoquant des motifs précis :
- impossibilité d’assurer la continuité de l’activité ;
- tensions de recrutement avérées sur le poste.
Et si l’entreprise ne répond pas dans un délai de deux mois, la demande est automatiquement acceptée.
Un effort de communication attendu
Pour améliorer la visibilité du dispositif, le gouvernement mise sur des campagnes d’information ciblées. Objectif : mieux informer les salariés et convaincre les employeurs, notamment dans les petites structures, souvent peu familières de ce type d’outils.
*Si personne ne connaît le dispositif, il ne sera jamais utilisé, aussi bon soit-il*, résume une représentante syndicale.
Une solution loin d’être idéale pour tous
Mais malgré les améliorations, des limites subsistent. Le calcul de la pension partielle est jugé flou, les démarches restent longues, et l’accès inégal. Les métiers physiques ou peu qualifiés sont souvent exclus de fait, tandis que les cadres y trouvent plus facilement leur place.
Autre frein : pour ceux qui ont de petits revenus, la baisse de salaire peut peser lourd, même avec une pension en complément. Sans oublier que cotiser à temps partiel signifie cotiser moins, donc toucher une pension finale plus faible.
Résultat : la retraite progressive reste un pari. *On risque de donner de faux espoirs à certains salariés qui pensent améliorer leur retraite, alors qu’en réalité, ils l’amputent*, alerte un spécialiste des politiques sociales.
Quelles alternatives possibles ?
Pour ceux que la retraite progressive ne convainc pas, d’autres options existent :
- Cumul emploi-retraite : continuer à travailler tout en percevant sa pension après 65 ans ;
- Surcote : rester en poste au-delà de l’âge légal pour augmenter le montant de sa retraite ;
- Contrat de valorisation de l’expérience (CVE) : surnommé « CDI senior », il facilite l’embauche des plus de 60 ans en offrant un cadre plus souple.
Ces dispositifs permettent aussi d’aménager la fin de carrière, chacun avec ses spécificités et ses avantages.
En somme, l’ouverture de la retraite progressive dès 60 ans offre une nouvelle porte de sortie aux travailleurs expérimentés. Mais pour qu’elle soit vraiment efficace, il faudra aller au-delà des textes : mieux informer, mieux accompagner, et surtout, adapter les conditions de travail des seniors. La publication du décret, attendue pour septembre, dira si les intentions seront suivies d’effets.