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Recevoir sa première pension devrait être un moment de soulagement, après une vie entière passée à cotiser. Pourtant, pour des milliers de Français affiliés à l’Agirc-Arrco, la découverte est amère : une ligne “malus – 10 %” apparaît sur leur relevé, amputant leur complémentaire d’environ 80 euros par mois. Une retenue qui peut durer trois ans et représenter plus de 3 000 € perdus au total. La bonne nouvelle ? Ce dispositif, bien que méconnu, peut être anticipé et parfois évité.
Un malus qui surprend de nombreux retraités
Depuis 2019, les personnes nées à partir de 1957 et parties en retraite complémentaire sont concernées par ce fameux “coefficient de solidarité”. Concrètement, il s’agit d’un abattement temporaire de 10 % appliqué sur la pension Agirc-Arrco pendant 36 mois. Pour beaucoup, ce choc intervient dès la réception du premier versement. Ils s’attendaient à toucher par exemple 850 €, mais se retrouvent avec à peine 765 €. Une différence brutale qui tombe au moment où chaque euro compte dans le budget des ménages.
Le problème est que ce mécanisme est souvent mal expliqué lors des simulations de retraite. Résultat : près de 40 % des nouveaux retraités depuis 2019 découvrent cette retenue au dernier moment, sans avoir pu se préparer.
Pourquoi cette retenue existe-t-elle ?
Ce malus a été instauré au moment de la fusion Agirc-Arrco, avec un objectif clair : inciter les assurés à repousser d’un an leur départ après l’obtention du taux plein de la CNAV. L’idée est simple : ceux qui acceptent de travailler un peu plus longtemps échapperont à la décote. En revanche, ceux qui partent dès qu’ils atteignent le taux plein se voient appliquer la pénalité de 10 %.
La mesure ne dure que trois ans. Ensuite, la pension reprend son montant normal, mais sans rattrapage des sommes perdues. Autrement dit, les 80 € mensuels ne sont jamais récupérés.
Qui peut échapper à cette décote ?
Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Plusieurs profils bénéficient d’exemptions :
- les retraités exonérés de CSG ;
- les bénéficiaires de l’ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées) ;
- les personnes reconnues invalides ;
- ceux qui décalent leur départ d’au moins 12 mois après avoir atteint le taux plein.
Dans ces cas, le malus n’est pas appliqué et la pension est versée en totalité dès le premier mois.
Comment récupérer ces 80 € par mois ?
La stratégie la plus simple reste le report. En choisissant de différer sa demande de retraite complémentaire d’un an, l’assuré supprime purement et simplement la retenue. Ce report permet donc de conserver chaque mois environ 80 € supplémentaires, soit près de 3 000 € d’économies sur trois ans.
Mieux encore : prolonger son activité au-delà de cette année supplémentaire peut donner droit à des majorations temporaires. Ces bonus varient de +10 % à +30 % selon la durée du prolongement. Une façon de transformer un malus en opportunité, surtout pour ceux qui peuvent se permettre de travailler un peu plus longtemps.
Les bons réflexes pour éviter les mauvaises surprises
Avant de prendre une décision, il est fortement conseillé de faire des simulations personnalisées. Le site officiel de l’Agirc-Arrco propose des outils gratuits pour comparer plusieurs scénarios : partir dès le taux plein avec malus, ou décaler de 12 mois pour l’éviter. Ces calculs permettent de mesurer concrètement l’impact financier sur son budget.
Il est aussi essentiel de réunir tous ses justificatifs. Une personne invalide ou bénéficiaire de l’ASPA doit en fournir la preuve afin que sa caisse supprime automatiquement le malus. Dans le doute, mieux vaut se rapprocher d’un conseiller spécialisé.
Où trouver de l’aide et des informations fiables ?
Pour ne pas se retrouver seul face à ces démarches, les retraités peuvent se tourner vers :
- les conseillers Agirc-Arrco directement joignables via leur site officiel ;
- les Centres d’Information, Conseil et Accueil des Salariés (CICAS), présents partout en France ;
- les points d’accueil retraite mis en place par les caisses régionales.
Ces structures vérifient votre carrière, simulent l’impact d’un éventuel report et vous guident dans la constitution du dossier. Un accompagnement précieux pour éviter de perdre des centaines d’euros par manque d’information.
Un dispositif méconnu mais évitable
Le malus Agirc-Arrco surprend encore trop de nouveaux retraités. Pourtant, avec un minimum d’anticipation, il est possible d’en limiter les effets, voire de l’annuler totalement. Décaler son départ, vérifier son éligibilité aux exemptions ou simplement bien se renseigner avant de faire sa demande : autant de leviers pour ne pas laisser filer 80 € par mois. La retraite est censée être un moment de sérénité, pas une mauvaise surprise administrative. Autant s’y préparer pour profiter pleinement de ses droits.