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La suspension annoncée de la réforme des retraites pourrait bouleverser l’avenir de nombreux Français nés après 1963. Si vous êtes concerné, il est important de comprendre les conséquences concrètes sur l’âge légal de départ, le nombre de trimestres requis et le montant de votre pension. Entre mesures gelées et avantages maintenus, le tableau pour les futurs retraités reste complexe.
La réforme déjà en vigueur
La réforme des retraites votée en 2023 est appliquée depuis septembre 2025. Pour les personnes nées en 1963, l’âge légal de départ est fixé à 62 ans et 9 mois et le nombre de trimestres à cotiser à 170. Ces paramètres définissent le seuil minimal pour pouvoir prétendre à une pension complète.
Jusqu’ici, tout semblait clair pour les assurés. Mais la proposition de Sébastien Lecornu, présentée le 14 octobre, vient remettre en question ce calendrier, avec un impact direct sur les générations suivantes.
Un gel à 62 ans et 9 mois pour certaines générations
La solution envisagée par certains syndicats, comme la CGT, consiste à figer l’âge légal à 62 ans et 9 mois pour toutes les générations concernées. Dans ce scénario, les générations 1964 à 1968 gagneraient de 3 à 15 mois sur leur âge de départ prévu initialement, mais valideraient moins de trimestres de cotisation.
Comme l’explique un représentant de la CGT, « Le seuil légal en vigueur doit être figé, pas une étape future ». Cette approche permettrait de suspendre la progression prévue de l’âge légal, tout en restant compatible avec la législation existante.
Le gel peut être intégré directement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, prévu au Parlement avant le 20 octobre, sans nécessiter de texte spécifique. Les experts considèrent qu’aucun obstacle juridique majeur ne s’oppose à cette mesure si elle est adoptée avant l’application des nouvelles étapes de la réforme.
Les pensions : des hausses malgré le flou
Malgré ces incertitudes, certaines augmentations restent actées pour les retraités :
- +1,3 % pour les pensions de base dès le 1er janvier 2026, avec un versement prévu en février ;
- +0,7 % pour les retraites complémentaires Agirc-Arrco à partir de novembre 2025 ;
- Pour une pension moyenne de 540 €, cela représente un gain de 3,8 € par mois.
Le budget 2026 prévoit également :
- La prise en compte des 24 meilleures années pour tous ;
- Une majoration de 10 % dès le troisième enfant, sans condition de date de naissance.
Le coût de ces mesures est estimé à 150 millions d’euros d’ici 2030, selon les prévisions gouvernementales.
Les perdants de la suspension
Mais tous les assurés ne seront pas gagnants. Les générations nées après 1968, encore éloignées de l’âge de départ, pourraient perdre l’accès à certains dispositifs. Cela concerne notamment :
- L’élargissement de la pénibilité ;
- Le compte professionnel de prévention renforcé.
Les carrières discontinues ou précaires pourraient également être pénalisées. Le gel risque donc de figer certaines inégalités existantes, au lieu de corriger les failles du système. Les personnes ayant eu des interruptions professionnelles ou des emplois précaires se retrouveraient avec moins de droits que ce qui était initialement prévu.
Des conséquences financières pour les générations futures
Le gel de la réforme n’affecte pas seulement l’âge de départ ou le nombre de trimestres. Il pourrait avoir un impact indirect sur le montant des pensions à long terme. Les assurés valideront moins de trimestres et pourraient donc toucher des pensions légèrement inférieures, notamment pour ceux ayant connu des carrières atypiques.
De plus, les dispositifs sociaux introduits récemment, comme la majoration pour enfants ou les prises en compte supplémentaires de certaines périodes de travail, pourraient voir leur portée limitée pour les jeunes générations. En conséquence, le calcul des pensions futures pourrait être moins favorable que prévu.
Ce que retenir
La suspension partielle de la réforme des retraites, si elle est adoptée, entraînera des conséquences concrètes sur l’âge légal, les trimestres requis et certains dispositifs sociaux. Les générations 1964 à 1968 pourraient bénéficier d’un départ plus tôt, mais au prix de droits moins complets, tandis que les générations nées après 1968 risquent de perdre des avantages importants. Malgré quelques hausses déjà décidées, la situation reste complexe et nécessite une vigilance particulière pour tous ceux qui approchent de l’âge de la retraite.
En résumé, la réforme suspendue ne profitera pas à tout le monde de manière équitable. Entre gel de l’âge, validation des trimestres et limitations des droits, chaque génération devra évaluer ses choix et anticiper l’impact sur sa future pension.