Réforme des retraites : les femmes fonctionnaires laissées de côté ?

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Alors que des mesures favorables aux femmes ont été annoncées dans le cadre de la réforme des retraites, un doute subsiste : qu’en est-il pour celles qui travaillent dans la fonction publique ? Beaucoup espéraient des ajustements concrets pour mieux prendre en compte les maternités dans le calcul des pensions. Mais les dernières annonces laissent un goût amer à certaines.

Des annonces qui ne concernent pas tout le monde

Le 23 juin 2025, lors du conclave dédié aux retraites, François Bayrou a présenté plusieurs pistes d’amélioration pour mieux valoriser les carrières des femmes. Parmi les mesures évoquées : un assouplissement du calcul de la pension dans le secteur privé. L’idée est de ne plus retenir les 25 meilleures années de salaire, mais :

  • 24 années pour les mères d’un enfant ;
  • 23 années pour celles ayant eu deux enfants ou plus.

Ce coup de pouce vise à compenser les périodes de creux dans la carrière dues aux grossesses ou à la charge familiale. « Mais il ne s’appliquera pas aux fonctionnaires« , puisque leur retraite est calculée différemment, sur l’indice de leur dernier grade et non sur une moyenne d’années.

Des systèmes de calcul difficilement compatibles

La France possède deux modèles de calcul de pension. Dans le secteur privé, le montant de la retraite est basé sur les 25 meilleures années de revenu. Dans la fonction publique, en revanche, c’est le dernier traitement indiciaire – souvent le plus élevé – qui sert de référence.

Cette différence fondamentale empêche de transposer simplement les mesures proposées aux salariés du privé vers les fonctionnaires. « Deux mondes, deux logiques« , commente un expert des finances publiques.

Des avantages inégaux selon le statut

Dans le privé, une femme qui devient mère peut bénéficier de 8 trimestres supplémentaires pour chaque enfant :

  • 4 trimestres pour la maternité ;
  • 4 trimestres pour l’éducation.

Ce système aide à compenser les périodes sans activité ou à temps partiel. Il permet à de nombreuses femmes de partir plus tôt ou avec une pension plus complète. En comparaison, les femmes fonctionnaires bénéficient d’un système bien moins généreux.

Les fonctionnaires pénalisées depuis 2003

Depuis la réforme de 2003, les règles ont changé pour les agents de la fonction publique. Les femmes ne reçoivent plus que 2 trimestres de majoration par enfant. Cette baisse est significative et réduit fortement l’impact de la maternité dans le calcul de leur durée de cotisation.

Ce décalage alimente un sentiment d’injustice. Beaucoup estiment que les femmes fonctionnaires sont les grandes oubliées des dernières réformes. *On valorise la maternité dans le privé, mais on l’ignore dans le public*, déplorent plusieurs syndicats.

Et les carrières mixtes, alors ?

Autre point flou : le sort des femmes ayant travaillé à la fois dans le privé et le public. Ces poly-pensionnées – nombreuses aujourd’hui – sont dans une zone grise. Les annonces récentes ne précisent pas si elles pourront bénéficier des ajustements proposés pour le privé sur la partie concernée.

Le risque ? Que ces femmes ne puissent profiter pleinement ni des règles du privé, ni de celles du public. Une situation qui pourrait accentuer encore les écarts de pension entre hommes et femmes, au lieu de les réduire.

Une réforme qui soulève des frustrations

À première vue, les annonces du gouvernement vont dans le bon sens pour une partie des femmes. Mais pour les fonctionnaires, la déception est palpable. Le système de calcul qui leur est propre semble rendre tout aménagement compliqué. Pourtant, leur parcours professionnel n’est pas moins marqué par les interruptions de carrière ou les contraintes familiales.

Nombreuses sont celles qui espéraient une reconnaissance équitable, quel que soit le secteur d’activité. À ce stade, rien n’indique qu’un ajustement spécifique pour la fonction publique soit à l’étude.

En attendant, les femmes concernées doivent composer avec un système qui ne prend pas toujours en compte la réalité de leur carrière. Espérons que ce débat reste ouvert dans les prochaines étapes de la réforme.


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