Pourquoi les retraités nés en 1953 touchent-ils une pension 24 % plus élevée que ceux de 1930 ?

Afficher les titres Masquer les titres

On entend souvent dire que les jeunes retraités bénéficient de meilleures pensions que leurs aînés. Mais savez-vous vraiment pourquoi la génération née en 1953 perçoit une pension en moyenne 24% plus élevée que celle née en 1930 ? La réponse, loin d’être simple, se cache dans plusieurs facteurs liés à l’évolution du travail, des salaires et des réformes. La Drees, dans son rapport publié le 31 juillet 2025, fait la lumière sur ce sujet complexe mais essentiel.

Des pensions en hausse… mais pas pour tous les retraités

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) montre clairement que la pension moyenne des retraités nés en 1953 atteint 1 570 euros brut par mois, contre seulement 1 265 euros pour ceux nés en 1930. Ce calcul intègre l’inflation et englobe tous les régimes de retraite, y compris les majorations familiales.

Ce qui explique en grande partie cet écart, ce sont les différences de qualifications et de salaires entre les générations. Les plus jeunes ont bénéficié de meilleures formations et d’emplois mieux rémunérés. Par ailleurs, le travail non salarié, plus fréquent chez les générations anciennes et souvent moins bien couvert en retraite, s’est réduit, laissant place à une montée en puissance des régimes complémentaires salariés qui ont profité aux générations plus récentes, notamment depuis les années 1970.

Un ralentissement visible entre 1947 et 1953

Mais cette progression des pensions s’estompe pour les générations nées à la fin des années 1940. Par exemple, les retraités nés en 1947 touchent en moyenne 1 601 euros, soit un peu plus que la génération 1953. Plusieurs réformes expliquent cette tendance à la baisse :

  • l’indexation des pensions de base sur les prix depuis 1987 dans le privé ;
  • l’écrêtement du minimum contributif instauré en 2012 ;
  • l’allongement de la durée de cotisation pour une carrière complète, fixé par les lois de 2003 et 2014 ;
  • la baisse du rendement des points dans le régime Agirc-Arrco suite aux accords interprofessionnels ;
  • le gel du point d’indice dans la fonction publique, limitant la revalorisation des salaires.

Ces mesures ont réduit le rythme de hausse des pensions pour les générations plus récentes, malgré une espérance de vie plus longue.

La mortalité différentielle : un facteur clé souvent ignoré

Pour affiner leur analyse, les chercheurs de la Drees utilisent un concept important appelé « mortalité différentielle ». Ce terme désigne la réalité selon laquelle l’espérance de vie varie selon les catégories sociales et économiques. En clair, les retraités aisés vivent plus longtemps, ce qui influe sur la durée totale passée à la retraite.

Sans tenir compte de cette notion, les comparaisons entre générations seraient faussées. En effet, les anciens retraités encore en vie à la fin de 2020 ne représentent pas forcément l’ensemble des retraités de leur génération. La mortalité différentielle permet donc d’avoir une image plus juste des écarts de pensions sur la durée.

Ce que cela signifie pour les futurs retraités

Ces chiffres illustrent les évolutions du monde du travail et des systèmes de retraite, mais aussi les inégalités persistantes. Si les générations nées dans les années 1950 bénéficient en moyenne de pensions plus élevées, les réformes successives et la durée de cotisation plus longue ont tendance à freiner cette progression pour les cohortes suivantes.

Le sujet soulève aussi une question sociale forte : comment concilier une retraite décente avec une espérance de vie plus longue et des carrières professionnelles souvent heurtées ?

Au final, mieux comprendre ces mécanismes aide à mieux anticiper l’avenir des retraites et à réfléchir à des solutions justes pour tous.


Faites passer le mot en partageant !