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Le nouveau plan présenté par François Bayrou prévoit plusieurs mesures d’économie qui vont particulièrement peser sur le budget des retraités. Gel des pensions, blocage des tranches d’imposition, modification de l’avantage fiscal… Autant de décisions qui risquent de réduire sensiblement leur pouvoir d’achat. Une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) montre que la plupart des retraités seront concernés. Mais qui pourrait vraiment s’en sortir ?
Retraités : une majorité sous pression financière
Les mesures prévues devraient retirer près de 4,9 milliards d’euros aux foyers comportant au moins un retraité dès 2026. Cela correspond à une baisse moyenne d’environ 0,9% de leur niveau de vie, d’après Pierre Madec, économiste en chef à l’OFCE. Cette estimation repose sur une simulation prenant en compte la réduction attendue de 1,1% sur les pensions, l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) ainsi que le gel des barèmes d’impôts. Par ailleurs, l’abattement fiscal de 10% sur les revenus sera remplacé par un forfait fixe de 2 000 euros.
Le résultat est sans appel : 9 retraités sur 10 perdront du pouvoir d’achat avec ces nouvelles règles. Seuls 5% s’en tireront mieux, en majorité des couples où un seul conjoint est retraité. « Les pertes augmentent avec le revenu : elles vont d’environ 100 euros pour les retraités modestes à presque 1 000 euros pour les couples aisés », précise l’étude de l’OFCE.
Pour les couples où les deux membres sont retraités, la perte est d’environ 1% du niveau de vie, quelle que soit la tranche de revenu. Lorsque seul un conjoint est retraité, l’impact est plus léger, autour de 0,4%.
Fin de l’abattement fiscal à 10% : qui va trinquer ?
Cette mesure est particulièrement pénalisante pour les retraités seuls et les couples aisés. Si globalement 5% des foyers avec retraités verront leurs impôts baisser, ce chiffre monte à 10% lorsqu’on ne considère que la suppression de l’abattement. Ceux qui gagnent seront essentiellement des couples où un seul membre est retraité, et qui font partie des retraités les plus aisés.
Une étude précédente de l’AFP indiquait que les retraités célibataires gagnant moins de 19 920 euros par an pourraient économiser… seulement 4 euros d’impôt.
Au total, 1,5 million de ménages verront leur impôt diminuer, contre 5,2 millions qui devront payer plus. Ce sont surtout des retraités seuls ou des couples aisés qui seront concernés. Notons que 40% des couples retraités ne paient pas d’impôt aujourd’hui, ils ne seront donc pas touchés par cette modification.
D’après l’OFCE, l’abattement forfaitaire entraînera une baisse d’impôt d’environ 300 millions d’euros pour les gagnants, mais une hausse de 1,1 milliard pour les perdants, ce qui représente un gain net pour l’État d’environ 800 millions d’euros.
Gel des pensions : la mesure qui frappe fort
Le gel des pensions, qui ne seront pas revalorisées en 2026 au rythme de l’inflation (estimé à 1,1%), est la principale cause de la perte de pouvoir d’achat. Cette mesure seule prive les retraités de 3,7 milliards d’euros au total.
Plus la pension est élevée, plus la perte financière sera importante, puisque la revalorisation est calculée en pourcentage. Mais un manque à gagner de 15 euros par mois ne pèse pas de la même façon sur un retraité modeste que sur un autre qui touche une pension confortable.
À noter : ce gel, appelé « année blanche », concerne aussi d’autres prestations sociales, mais les retraites en représentent la majeure partie, soit 3,7 milliards d’euros sur les 5 milliards d’économies totales attendues.
Le gel du barème d’imposition va aussi peser
Chaque année, les tranches d’imposition sont ajustées pour suivre l’inflation, évitant ainsi une augmentation automatique des impôts. Cette fois, ce barème sera bloqué, ce qui provoquera une hausse d’impôt d’environ 400 millions d’euros pour près de la moitié des foyers avec retraités, soit 6,7 millions de ménages.
Ce montant représente un tiers des recettes supplémentaires attendues grâce à ce gel, estimées à 1,2 milliard d’euros.
Les retraités plus touchés que les actifs
Dans une note précédente sur l’impact de cette « année blanche », l’OFCE soulignait que les ménages avec retraités seraient les plus affectés. En 2026, leurs revenus disponibles pourraient diminuer en moyenne de 280 euros par unité de consommation (soit 350 euros par foyer), ce qui représente environ 1% de leur niveau de vie.
Pour comparaison, les salariés verraient leur revenu disponible baisser de 70 euros en moyenne (0,2%), et les indépendants de 100 euros (0,2%).
Ce scénario met en lumière l’importance des sacrifices demandés aux retraités, qui déjà font face à un contexte économique difficile. Une fois de plus, ce sont eux qui paient le plus lourd tribut.
Au final, ce plan, s’il permet de réduire la dette, pose une question centrale : comment préserver le pouvoir d’achat des seniors tout en équilibrant les comptes publics ? Le débat reste ouvert, mais pour l’instant, les retraités restent en première ligne des efforts à fournir.