Pension de réversion : pourquoi le mariage peut faire grimper votre retraite

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Bonne nouvelle pour certains retraités : le mariage peut maintenant influencer directement votre pension. La pension de réversion, versée au conjoint survivant, reste un sujet clé pour maintenir le niveau de vie après la perte d’un partenaire. Mais toutes les unions ne sont pas traitées de la même façon. Selon une étude récente de l’IPP et de l’Ined, le dispositif favorise largement les couples mariés, laissant les autres statuts – pacsés, concubins ou divorcés – dans une situation plus fragile.

Pourquoi le mariage fait la différence

La pension de réversion consiste à verser une partie de la retraite d’un conjoint décédé au survivant. En France, elle représente aujourd’hui près de 38,7 milliards d’euros et concerne près de quatre millions de retraités. Mais le système crée des écarts importants selon le statut marital. *« Le couple marié bénéficie d’un gain caché que les autres statuts n’ont pas, car la réversion maintient un niveau de vie nettement plus élevé que la retraite personnelle »*, expliquent les chercheurs.

Les couples mariés voient leur revenu maintenir, voire augmenter, leur niveau de vie après le décès du conjoint. Pour les femmes mariées, la pension moyenne passe de 1 330 euros à 2 280 euros par mois en cas de veuvage. Pour les hommes, la réversion peut atteindre 2 630 euros, contre 2 350 euros lorsqu’ils vivaient encore en couple. À l’inverse, les couples pacsés, concubins ou divorcés ne perçoivent pas cette protection et leur revenu retombe à leur retraite personnelle, plus faible, sans mutualisation des ressources.

Un système basé sur le couple

En France, les retraites reposent normalement sur le principe de cotisation individuelle. La pension de réversion déroge à cette logique. Elle prend en compte le couple sans exigence de cotisation spécifique pour le conjoint survivant. *« Les pensions de réversion ne donnent pas lieu à un financement spécifique par les assurés potentiellement bénéficiaires : le financement est socialisé, reposant sur une redistribution des assurés non-mariés vers les assurés mariés »*, précisent les études.

Cette particularité accentue les inégalités structurelles entre mariés et non-mariés. L’objectif initial de justice sociale est donc partiellement contourné par un avantage systématique pour les couples mariés, alors que les autres formes d’union restent exclues.

Le remariage peut changer la donne

Le remariage est un autre facteur qui complique le droit à la réversion. Dans le régime général, se remarier ne supprime pas automatiquement la pension, mais les revenus du nouveau foyer peuvent entraîner une réduction ou une suppression si le seuil annuel de 39 536,64 euros est dépassé. Une fois la pension liquidée et trois mois passés, elle n’est plus modifiable.

En revanche, pour les régimes complémentaires, le remariage entraîne systématiquement la perte des droits à la réversion, avant ou après liquidation de la retraite. Les règles varient également selon les catégories professionnelles : les fonctionnaires, artisans, commerçants ou professions libérales sont soumis à des critères différents. Par exemple, un artisan remarié peut garder la réversion de base, mais la perdre pour les complémentaires. Un avocat, lui, perd toute réversion. Cette mosaïque de règles laisse de nombreux retraités dans l’incertitude et la confusion.

Des pistes pour plus d’équité

Face à ces inégalités, des experts proposent de repenser le dispositif autour de trois axes :

  • Compensation des effets de la parentalité sur les carrières, surtout pour les femmes ;
  • Compensation de la vie seule, avec des droits supplémentaires pour les célibataires, divorcés ou veufs ;
  • Prolongation de la solidarité financière du couple après le décès, par exemple via un partage des droits acquis pendant la vie commune.

Ces idées restent encore largement débattues et n’ont pas été mises en œuvre. *« L’objectif prioritaire et partagé assigné au dispositif de réversion est le maintien du niveau de vie du conjoint survivant »*, rappelle le Conseil d’orientation des retraites (COR). Mais cette approche repose sur un modèle familial qui évolue, parfois en décalage avec la réalité des familles contemporaines.

Pour les retraités, le message est clair : être marié peut réellement doubler l’impact de la pension de réversion sur le revenu, tandis que les autres formes d’union doivent composer avec une protection beaucoup plus limitée. Dans tous les cas, mieux comprendre les règles propres à chaque régime permet d’anticiper les changements et de sécuriser ses droits financiers pour l’avenir.


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