Pension de réversion : fin des plafonds de revenus en 2026, à quoi faut-il s’attendre ?

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La pension de réversion, véritable bouée de sauvetage pour des millions de retraités, pourrait connaître un bouleversement majeur dès 2026. Le gouvernement étudie en effet la possibilité de supprimer les plafonds de ressources actuellement exigés pour y avoir droit. Une mesure qui divise, entre espoir pour certains et inquiétude pour d’autres.

Un dispositif essentiel pour de nombreux foyers

La pension de réversion représente une part essentielle du revenu de nombreux ménages âgés. Elle permet au conjoint survivant de percevoir une fraction de la retraite que touchait le défunt. Dans le régime général, elle équivaut à 54 % de la retraite de base, avec un minimum fixé à 331,94 euros par mois (sous conditions) et un maximum à 1 059,75 euros mensuels. Un soutien souvent vital pour des veuves ou veufs dont les revenus chutent brutalement après un décès.

D’après la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), plus de 4 millions de personnes bénéficient aujourd’hui de cette aide. Mais l’accès reste limité par des critères stricts, en particulier ceux liés aux revenus. En 2025, pour y prétendre, une personne seule ne doit pas dépasser 24 710,40 euros brut par an, et un couple 39 536,64 euros. Ces montants incluent la plupart des ressources : salaires ; pensions alimentaires ; revenus fonciers ou retraites complémentaires, à l’exception de quelques aides sociales comme l’ASPA.

Ce que pourrait changer la réforme de 2026

Le gouvernement prépare actuellement la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale et envisage d’y intégrer une refonte partielle du dispositif. L’objectif affiché : adapter les règles à l’évolution du coût de la vie et mieux cibler les aides. Officiellement, il s’agit de “moderniser” le système ; dans les faits, les syndicats redoutent une réduction du nombre de bénéficiaires.

Selon le site Mes-allocs.fr, deux pistes seraient étudiées. La première consisterait à maintenir les seuils actuels, sans revalorisation notable. La seconde, plus radicale, prévoirait la suppression pure et simple des plafonds de revenus. Autrement dit, tous les conjoints survivants, quel que soit leur niveau de ressources, pourraient bénéficier d’une pension de réversion. Une mesure qui, si elle était adoptée, marquerait un tournant historique pour ce dispositif.

Pour illustrer l’impact potentiel, prenons le cas de Marie-France, 58 ans, veuve depuis 2025. Aujourd’hui, elle perçoit 259 euros brut par mois au titre de la réversion. Si les plafonds venaient à disparaître, sa pension pourrait grimper jusqu’à environ 810 euros mensuels. Un gain considérable qui changerait la vie de nombreux foyers modestes.

Des conditions d’accès toujours très encadrées

Outre les revenus, plusieurs critères déterminent l’accès à cette prestation. Seules les personnes mariées peuvent en bénéficier : les couples pacsés ou en concubinage en sont exclus. L’âge minimum est fixé à 55 ans dans le régime général. Les ex-conjoints divorcés non remariés y ont également droit, à condition que le défunt ait validé au moins 60 trimestres de cotisation, soit environ 15 années de carrière.

Le système varie selon les régimes. Dans la fonction publique, la réversion équivaut à 50 % de la pension du défunt, sans condition de ressources, mais le mariage doit avoir duré au moins quatre ans ou avoir donné naissance à un enfant. Du côté du régime complémentaire Agirc-Arrco, elle correspond à 60 % de la pension complémentaire, mais s’éteint en cas de remariage. Ces différences créent des inégalités que le gouvernement souhaite gommer à moyen terme.

Vers une harmonisation des régimes ?

D’après plusieurs sources proches du dossier, un rapport d’harmonisation serait attendu d’ici la fin de 2025. Il devrait évaluer l’impact d’un alignement progressif des règles entre régimes publics et privés. Les associations de veuves et d’orphelins saluent l’idée d’une simplification, mais redoutent qu’elle ne serve de prétexte à des restrictions. Pour beaucoup, l’enjeu est clair : garantir une équité réelle sans rogner sur les droits acquis.

Les syndicats, eux, demandent de la clarté. Ils souhaitent que le gouvernement s’engage à maintenir un niveau de prestation suffisant, quel que soit le revenu des bénéficiaires. *« Ce n’est pas un privilège, c’est une réparation sociale pour ceux qui ont perdu un conjoint et doivent survivre avec moins »,* plaide une représentante d’association de retraités.

Un dossier sensible à suivre de près

Pour l’heure, rien n’est encore tranché. Mais le sujet figure bien à l’agenda du ministère du Travail et des Solidarités. Les arbitrages devraient intervenir au premier semestre 2026, après concertation avec les partenaires sociaux. Deux scénarios sont possibles : soit les plafonds sont maintenus, voire ajustés à la hausse pour compenser l’inflation ; soit ils sont supprimés, ouvrant la voie à une réforme majeure du système de réversion.

Dans un contexte de rigueur budgétaire, cette réforme risque de susciter de vifs débats. D’un côté, ceux qui y voient une mesure de justice et de simplification ; de l’autre, ceux qui craignent une explosion des dépenses publiques. Quoi qu’il en soit, le gouvernement devra trouver un équilibre entre équité sociale et responsabilité financière.

Alors que les discussions s’intensifient, une chose est sûre : le débat sur la pension de réversion ne fait que commencer. Les prochains mois seront décisifs pour des millions de retraités qui attendent, avec espoir ou inquiétude, de savoir ce que 2026 leur réserve.


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