Les étrangers qui n’ont jamais cotisé en France peuvent-ils vraiment toucher une retraite de 1 000 € ?

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Depuis plusieurs mois, une rumeur enfle : les étrangers qui n’ont jamais travaillé en France pourraient percevoir une retraite de 1 000 € par mois une fois passés 65 ans. L’idée, reprise par certains responsables politiques, suscite incompréhension et indignation chez de nombreux citoyens. Mais qu’en est-il vraiment ? Est-il possible de toucher cette somme sans avoir cotisé un seul jour en France ? Voici les explications claires et vérifiées.

De quoi parle-t-on vraiment ?

Contrairement à ce qui est souvent affirmé, il ne s’agit pas d’une véritable pension de retraite. Pour percevoir une retraite, il faut nécessairement avoir travaillé et cotisé en France. Ce que visent les critiques politiques, c’est en réalité l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), anciennement appelée « minimum vieillesse ». Cette aide sociale, financée par l’État, permet aux plus de 65 ans ayant de faibles revenus de bénéficier d’un minimum vital.

Le montant maximum est fixé à 1 034,28 € bruts par mois pour une personne seule, et à 1 605,73 € bruts pour un couple. Mais attention : ce plafond n’est atteint que si la personne n’a absolument aucun autre revenu. Dans le cas contraire, l’Aspa vient simplement compléter les ressources pour atteindre le seuil prévu.

Des conditions strictes pour en bénéficier

Recevoir l’Aspa ne se fait pas automatiquement. Il faut respecter plusieurs critères :

  • avoir au moins 65 ans ;
  • résider en France au minimum neuf mois par an ;
  • disposer de ressources inférieures à 1 034,28 € pour une personne seule, ou 1 605,73 € pour un couple.

Pour les étrangers, une condition supplémentaire s’applique : être en situation régulière sur le territoire français et détenir un titre de séjour depuis au moins dix ans. Ce délai est une barrière importante qui contredit l’idée d’une aide immédiate à l’arrivée dans le pays.

Les exceptions prévues par la loi

Il existe toutefois des dérogations. Certains étrangers sont exemptés de la règle des dix ans. C’est le cas :

  • des réfugiés et apatrides ;
  • des personnes ayant combattu pour la France ;
  • des ressortissants de l’Espace économique européen, de la Suisse ou de certains pays liés par convention.

Par exemple, les ressortissants du Gabon peuvent percevoir l’Aspa dès lors qu’ils disposent d’un titre de séjour en cours de validité. Pour d’autres, comme ceux du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de la Turquie ou d’Israël, l’aide est accessible aux travailleurs migrants et à leur famille. Enfin, pour des pays comme le Sénégal, le Mali ou Madagascar, il faut avoir exercé une activité salariée en France pour prétendre à l’Aspa.

Faut-il avoir travaillé en France ?

L’Aspa est une aide dite non contributive. Elle ne dépend donc pas de cotisations passées mais uniquement de la situation actuelle de la personne. C’est précisément pour cela qu’elle est au cœur des polémiques. Son objectif est de garantir un minimum de ressources aux personnes âgées les plus fragiles, qu’elles soient françaises ou étrangères en règle.

D’après les chiffres communiqués à l’Assemblée nationale en 2018, environ 580 000 personnes bénéficient de l’Aspa ou du minimum vieillesse. Parmi elles, seuls 3 % sont des étrangers n’ayant jamais ou très peu travaillé en France. La grande majorité correspond à des situations particulières, comme des veuves disposant d’une pension de réversion trop faible.

Une aide récupérable au décès

Un aspect souvent méconnu mérite d’être souligné : l’Aspa n’est pas gratuite à vie. Les sommes versées peuvent être récupérées après le décès, sous certaines conditions. L’administration française précise que si l’actif net de la succession dépasse un seuil fixé, l’État peut récupérer une partie des aides perçues.

Depuis août 2023, ces seuils ont été relevés. En métropole, l’Aspa n’est récupérable que si la succession est supérieure à 100 000 €. Dans les départements et territoires d’outre-mer comme la Martinique, la Réunion ou la Guyane, la limite est fixée à 150 000 €. En dessous de ces montants, aucun remboursement n’est exigé de la part des héritiers.

Ce qu’il faut retenir

Non, un étranger qui arrive en France à 65 ans sans avoir cotisé ne touche pas automatiquement 1 000 € par mois. L’Aspa est une aide spécifique, soumise à des conditions strictes et réservée aux personnes en situation régulière, souvent après dix ans de présence sur le territoire. Elle garantit un revenu minimal mais son obtention reste encadrée et minoritaire chez les étrangers. De plus, elle peut être récupérée sur la succession au décès du bénéficiaire. Derrière les discours polémiques, la réalité est donc bien plus nuancée que ce qui circule sur les réseaux sociaux.


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