La Cour des comptes lance un contrôle sur 2 millions de retraités : certains doivent déjà envoyer un certificat

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La nouvelle est tombée : la Cour des comptes veut durcir la surveillance de plusieurs millions de retraités. Objectif affiché : lutter contre la fraude aux pensions, un fléau qui coûte chaque année près de 60 millions d’euros à l’État. Deux catégories de seniors sont particulièrement visées : les retraités installés à l’étranger et ceux qui cumulent leur pension avec un emploi.

Les retraités expatriés dans le viseur

Premier groupe dans la ligne de mire : les plus d’un million de retraités français partis vivre hors de l’Hexagone. Beaucoup choisissent le soleil du Portugal, de l’Espagne ou de l’Italie, mais aussi des destinations comme le Maroc, la Tunisie, la Turquie ou encore le Royaume-Uni. En tout, dix pays concentrent la majorité de ces pensions versées à l’étranger.

Problème : il est beaucoup plus facile pour l’administration française de constater un décès sur le territoire national que dans un autre pays. Cette faille ouvre la porte à des fraudes. Dans certains cas, des proches continuent de toucher la pension d’un défunt pendant des mois, voire des années. La Cour des comptes alerte donc sur l’urgence de vérifier régulièrement « l’existence des pensionnés » expatriés.

Certificat d’existence obligatoire

Pour mettre fin à ces abus, l’État renforce ses procédures. Les retraités vivant à l’étranger devront désormais envoyer plusieurs documents sous trois mois :

  • un certificat d’existence signé par une autorité locale ;
  • une pièce d’identité en cours de validité ;
  • leur acte de naissance original.

À cela s’ajoutent des contrôles physiques. Les pensionnés pourront être convoqués directement dans les consulats afin de prouver qu’ils sont bien en vie. Et l’avertissement est clair : ceux qui ne répondent pas aux convocations ou qui n’envoient pas les pièces justificatives verront le versement de leur pension suspendu. Une mesure radicale qui inquiète déjà certains expatriés.

Le cumul emploi-retraite sous surveillance

Deuxième catégorie surveillée de près : les retraités qui continuent à travailler. Leur nombre a explosé en quelques années. Ils étaient environ 381 000 en 2022, ils sont désormais près de 710 000 à combiner pension et revenus d’activité. Et la tendance devrait encore s’amplifier dans les prochaines années.

Si le dispositif avait été pensé pour aider les retraités modestes à compléter leurs revenus, il profite aujourd’hui aussi à des profils bien plus aisés. Les magistrats de la rue Cambon dénoncent des « effets d’aubaine ». Exemple marquant : certains médecins perçoivent leur pension tout en générant plus de 100 000 euros de revenus annuels. La Cour demande donc à l’État d’introduire des règles plus strictes et de durcir les conditions d’accès à ce cumul.

Un dispositif pourtant vital pour beaucoup

Malgré ces dérives, le cumul emploi-retraite reste essentiel pour de nombreux Français. Passer à la retraite entraîne une baisse notable de revenus. Selon l’OCDE, la pension moyenne en France ne représente que 74 % du dernier salaire. Sans un complément, beaucoup de seniors peinent à maintenir leur niveau de vie.

Pour certains, travailler quelques heures par semaine ou prolonger leur activité permet simplement de payer les charges ou d’aider leurs enfants. Pour d’autres, il s’agit d’une façon de rester actifs socialement et de ne pas rompre totalement avec le monde professionnel.

Un enjeu de confiance et de justice

À travers ces mesures, la Cour des comptes veut avant tout renforcer la confiance des citoyens dans le système de retraite. En s’attaquant aux fraudes et aux abus, elle cherche à garantir une meilleure équité entre les bénéficiaires. Mais cette politique soulève aussi des questions : jusqu’où peut-on aller dans le contrôle sans pénaliser les retraités honnêtes ?

Si les prochains mois s’annoncent contraignants pour certains, ces contrôles visent à protéger un système déjà fragilisé. Entre équilibre budgétaire et justice sociale, le défi s’annonce de taille.


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