En France, des milliers de personnes âgées vivent avec très peu de ressources. Pourtant, une aide financière précieuse existe, mais reste largement sous-utilisée. Elle permet parfois de toucher plus de 1 600 € par mois, même sans avoir travaillé un seul jour. Ce soutien, c’est l’Allocation de solidarité aux personnes âgées, ou Aspa. Et une nouvelle proposition de loi pourrait bien tout changer.
Un revenu pour les retraités aux faibles ressources
L’Aspa est une aide versée aux personnes âgées disposant de peu de revenus. Pour en bénéficier, il faut répondre à plusieurs conditions : avoir au moins 65 ans (ou 62 ans si l’on est reconnu inapte au travail), vivre en France au moins 9 mois par an et ne pas dépasser un certain plafond de ressources.
En 2025, ces plafonds sont fixés à 1 034,28 € brut par mois pour une personne seule et 1 605,73 € pour un couple. La demande peut être déposée auprès de la caisse de retraite ou du centre communal d’action sociale (CCAS).
Le montant moyen versé s’élève à environ 500 € par mois, un coup de pouce indispensable pour de nombreux retraités modestes. Fin 2023, environ 600 000 personnes bénéficiaient déjà de cette aide. Et d’année en année, les demandes augmentent.
Pourquoi tant de retraités passent à côté ?
Malgré son utilité, l’Aspa reste largement ignorée. On parle d’un phénomène de non-recours massif : en 2016, plus de 300 000 personnes qui y avaient droit ne l’ont pas demandée. Cela concerne surtout les personnes seules et les habitants des départements d’Outre-mer comme la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane ou La Réunion.
La principale raison de ce refus ? Une règle jugée dissuasive : les héritiers doivent rembourser l’aide si la succession dépasse un certain seuil. En métropole, ce seuil est de 107 616 €, et dans les territoires ultramarins, 150 000 €. Beaucoup préfèrent donc se priver de l’aide pour ne pas pénaliser leurs enfants plus tard.
Une loi pour lever ce frein
Pour y remédier, une proposition de loi a été déposée le 22 avril 2025 par Émeline K/Bidi, députée de La Réunion (Gauche Démocrate et Républicaine). Elle propose de sortir la résidence principale du calcul de la succession. En clair : les familles ne seraient plus obligées de rembourser l’Aspa en tenant compte de la maison ou de l’appartement du défunt.
Selon la députée, cette modification pourrait tout changer. « L’obligation de remboursement sur succession est un frein majeur au recours à l’Aspa », affirme-t-elle.
Et dans des régions où la pauvreté est plus présente, cette réforme pourrait faire une vraie différence. À La Réunion, par exemple, 25 % des plus de 55 ans vivent avec un autre adulte que leur conjoint, faute de moyens suffisants.
Une taxe sur le tabac pour compenser
Ce changement aurait un coût pour l’État. Pour compenser la perte des remboursements successoraux, la proposition prévoit de taxer davantage le tabac. Une manière de préserver l’équilibre budgétaire tout en soulageant les retraités modestes.
L’Aspa, un maillon d’une chaîne de solidarité
L’Aspa n’est qu’un élément parmi d’autres dans le système d’aides sociales destiné aux retraités. D’autres dispositifs existent, comme :
- les trimestres assimilés, qui permettent de valider certaines périodes sans emploi (maladie, chômage, etc.) ;
- l’Assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF), financée par la CAF pour les personnes ayant interrompu leur carrière pour s’occuper d’enfants ou de proches dépendants ;
- les allocations de logement pour les seniors ;
- et des minima sociaux destinés à garantir un revenu minimal aux plus fragiles.
Mais comme souvent, ces aides restent peu connues ou trop complexes. Résultat : des milliers de retraités passent à côté de droits qui pourraient améliorer leur quotidien.
Rendre les démarches plus simples, supprimer les freins injustes et informer davantage : c’est l’objectif de cette réforme. Pour que vieillir dans la dignité ne dépende pas d’un héritage, mais d’une vraie solidarité nationale.