Afficher les titres Masquer les titres
Alors que le sujet des retraites reste brûlant en France, une nouvelle mesure pourrait bien inciter des milliers de salariés à rester en activité un peu plus longtemps. Le gouvernement réfléchit actuellement à la mise en place d’une prime mensuelle pouvant aller jusqu’à 800 euros pour les travailleurs qui remplissent les conditions de départ à la retraite… mais acceptent de continuer à travailler quelques mois de plus.
Un bonus pour les seniors qui repoussent leur départ
Cette proposition, surnommée la “Prime Senior”, émane directement du Premier ministre François Bayrou. Elle pourrait être intégrée au prochain projet de loi de finances et vise un double objectif : encourager les départs à la retraite différés et renforcer l’emploi des plus de 60 ans.
Le principe est simple : au lieu de partir à la retraite dès que toutes les conditions sont réunies, les salariés seraient récompensés financièrement s’ils restent en poste. La mesure cible principalement les salariés du secteur privé, proches de la retraite mais encore en activité.
Qui pourrait bénéficier de cette prime de 800 € ?
Pour être éligible à ce dispositif, plusieurs conditions strictes sont à remplir :
- Être salarié du secteur privé au moment de la demande ;
- Avoir atteint l’âge légal de départ à la retraite (progressivement repoussé à 64 ans pour les générations nées après 1968) ;
- Avoir cotisé 172 trimestres pour une retraite à taux plein ;
- Et surtout : ne pas faire valoir immédiatement ses droits à la retraite.
Autrement dit, il s’agit de travailleurs qui pourraient partir, mais qui choisissent de continuer quelques mois ou années supplémentaires, en échange d’un coup de pouce financier.
Une alternative au cumul emploi-retraite
Contrairement au dispositif déjà existant du cumul emploi-retraite — qui permet de toucher sa pension tout en travaillant — la Prime Senior fonctionnerait davantage comme un système de transition. Le salarié ne serait pas encore officiellement retraité : il continuerait à toucher son salaire habituel, et en plus, il percevrait une fraction mensuelle de sa future pension.
Le gouvernement évoque un plafond de 800 euros par mois, mais le montant exact dépendrait en réalité du niveau de pension future de chacun. Plusieurs hypothèses sont sur la table : un versement équivalent à 20 %, 30 % ou 50 % de la pension à venir, par exemple. En revanche, cette prime ne concernerait que la pension de base du régime général. La retraite complémentaire ne serait pas incluse.
Un levier économique en période de tension
Au-delà de l’incitation individuelle, l’État poursuit aussi un objectif macroéconomique. Maintenir les travailleurs seniors en poste un peu plus longtemps permettrait de soulager les finances publiques. En effet, les fins de carrière sont généralement associées à des salaires plus élevés — et donc à des cotisations sociales plus importantes. En prolongeant l’activité des seniors, les caisses de retraite continueraient de se remplir, tout en retardant le versement des pensions complètes.
Dans un contexte où l’on parle beaucoup de déficits des régimes de retraite et de la nécessité d’adapter le système à l’évolution démographique, cette mesure pourrait apparaître comme un compromis acceptable pour beaucoup de Français.
Une mesure encore en discussion
Pour l’instant, rien n’est encore officiel. Le dispositif pourrait être débattu à l’automne 2025 dans le cadre du budget de la Sécurité sociale. Plusieurs syndicats restent prudents, et les modalités exactes restent à définir. La Prime Senior ne devrait en tout cas concerner qu’un nombre limité de profils, ceux qui sont proches du départ à la retraite mais encore motivés pour rester un peu plus longtemps sur le marché du travail.
Si elle venait à être adoptée, cette mesure pourrait redessiner les dernières années de carrière de milliers de Français, en apportant à la fois une flexibilité nouvelle et une récompense financière bienvenue à ceux qui acceptent de patienter encore un peu avant de prendre leur retraite bien méritée.