Fin de l’abattement fiscal : quels risques pour les retraités ?

6 juin 2025

Un changement fiscal majeur pourrait bientôt bouleverser la vie de millions de retraités. Derrière une mesure technique se cachent en réalité de lourdes conséquences : augmentation d’impôts, perte d’aides sociales, voire remise en question du droit à un logement social. Explications.

Un abattement fiscal menacé de disparition

Depuis 1978, les retraités bénéficient d’un abattement fiscal automatique de 10 % sur leurs pensions déclarées. C’est une sorte de « coup de pouce » pour alléger un peu l’impôt à payer. Mais cette déduction est aujourd’hui dans le viseur du gouvernement.

Plusieurs voix se sont élevées contre cet avantage : des membres du gouvernement, la Cour des comptes, et même des représentants du Medef souhaitent sa suppression. Pour eux, il s’agit d’une niche fiscale trop coûteuse. Problème : cet abattement concerne aujourd’hui 17 millions de retraités.

Une hausse d’impôt directe pour certains retraités

Avec cet abattement, un couple de retraités qui déclare 43 000 euros ne paie des impôts que sur 38 700 euros. Résultat : leur impôt passe de 1 700 à 1 000 euros. Sans cette réduction, leur facture grimperait donc immédiatement.

Et ce n’est pas tout. Beaucoup de retraités ne paient aucun impôt aujourd’hui grâce à cet abattement. En France, pour être imposable, il faut déclarer au moins 17 447 euros. Supprimer ces 10 % de réduction ferait basculer plus de 500 000 retraités dans l’impôt sur le revenu, selon le syndicat Unsa-Retraités.

Un effet boule de neige sur les aides sociales

Le vrai danger, c’est que cette suppression ne toucherait pas seulement l’impôt, mais aussi tout un tas d’aides sociales liées au fameux revenu fiscal de référence (RFR). Car si cet abattement saute, le RFR de chaque retraité augmenterait automatiquement de 10 %.

Et ce RFR, c’est la clé qui ouvre (ou ferme) bien des portes :

  • le taux réduit, ou l’exonération, de la CSG prélevée sur les pensions ;
  • l’accès au Livret d’épargne populaire (LEP) réservé aux foyers modestes ;
  • le maintien de certaines allocations versées par la CAF comme l’APL, l’ASPA ou l’AAH ;
  • et même le droit à un logement social, puisque 13 % des retraités vivent en HLM ;

En résumé : une hausse du RFR, même légère, peut faire perdre bien plus qu’un simple avantage fiscal. C’est une série d’aides essentielles qui pourraient être suspendues ou diminuées pour des millions de seniors.

Le LEP et la CSG dans la ligne de mire

En 2025, la Banque de France dénombre 11,4 millions de détenteurs d’un LEP, dont 4,4 millions sont des retraités. Ce livret offre un taux très avantageux, mais il est soumis à un plafond de revenus. Si le RFR monte, certains seniors pourraient être contraints de clôturer leur LEP.

Quant à la CSG, qui grignote chaque mois les pensions de retraite, de nombreux retraités y échappent grâce à leur faible RFR. Mais une hausse de ce revenu pourrait les rendre à nouveau redevables, avec à la clé une baisse nette de leur pension.

Une perte possible du logement social

Autre impact, souvent oublié : les logements HLM. Ils sont attribués en fonction des ressources. Si un retraité dépasse les plafonds, il peut être invité à quitter son logement ou à payer un surloyer. Là encore, la hausse artificielle du RFR pourrait provoquer des situations très délicates.

Et avec le nombre croissant de seniors en logement social, cette mesure toucherait une part importante de la population retraitée.

À surveiller de très près

La suppression de l’abattement fiscal de 10 % semble simple sur le papier, mais ses répercussions pourraient être dévastatrices pour les retraités les plus fragiles. Impôts, aides, épargne, logement… tout pourrait basculer à cause d’un seul chiffre.

Le débat est loin d’être clos, et les mois à venir pourraient réserver d’autres annonces.

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Miora Raveloarison

Diplômée de l'Université Catholique de Madagascar, Miora met depuis 10 ans sa passion pour l’écriture au service du web. En tant que journaliste expérimentée, elle sait transformer des idées en contenus captivants et pertinents, adaptés aux attentes d’un public varié. Sa formation en sciences sociales lui permet d’aborder des sujets complexes avec une perspective humaniste, tout en créant des articles clairs et engageants.