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- Un abattement de 2 000 euros à la place des 10 %
- Un gain marginal pour les petites retraites
- Les plus de 65 ans ne sont pas concernés par les gains
- Des retraités non imposables qui le deviendront
- Les retraités seuls, grands perdants de la réforme
- Les couples de retraités relativement épargnés
- Un changement technique aux effets concrets
Un changement d’apparence technique pourrait bien peser lourd dans le budget des retraités vivant seuls. Le gouvernement prévoit de remplacer l’actuel abattement de 10 % sur les pensions par un forfait fiscal de 2 000 euros. Derrière cette mesure, présentée comme une simplification, se cache en réalité un désavantage pour une partie des contribuables âgés.
Un abattement de 2 000 euros à la place des 10 %
Actuellement, les retraités bénéficient d’un abattement fiscal de 10 % sur le montant de leurs pensions. Ce dispositif permet de réduire le revenu imposable, donc potentiellement l’impôt à payer. Le projet du gouvernement consiste à remplacer cette réduction proportionnelle par un forfait fixe de 2 000 euros par personne retraitée.
À première vue, cette mesure semble plus lisible. Mais selon les experts, elle pourrait creuser les écarts entre les contribuables, notamment en défaveur des retraités isolés.
Un gain marginal pour les petites retraites
Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, défend cette réforme en assurant que *« pour tous les retraités en bas de l’échelle de l’impôt, leur fiscalité va baisser »*. En réalité, seuls les retraités de moins de 65 ans dont la pension se situe entre 18 970 € et 20 000 € avant abattement pourraient voir leur impôt réduit.
En dessous de ce seuil, les retraités ne sont souvent pas imposables. Quant à ceux qui gagnent un peu plus de 20 000 €, ils verront leur impôt augmenter, car l’abattement de 10 % devient plus avantageux que les 2 000 € fixes. Résultat : la réforme avantage très peu de contribuables, et uniquement sur une courte tranche de revenus.
Les plus de 65 ans ne sont pas concernés par les gains
Pour les seniors de plus de 65 ans, la situation est encore moins favorable. En effet, ils bénéficient déjà d’un autre abattement supplémentaire (souvent 1 398 €) lorsqu’ils se trouvent près du seuil d’imposition. Ce double avantage fiscal sera partiellement effacé par le forfait proposé, sans compensation suffisante.
La conséquence ? Aucun retraité de plus de 65 ans ne gagnera quoi que ce soit avec cette mesure. Certains pourraient même voir leur fiscalité alourdie dès 2026.
Des retraités non imposables qui le deviendront
En conservant les barèmes de l’impôt sur le revenu actuels, le forfait de 2 000 € ferait passer le seuil d’imposition pour un retraité seul de 18 970 € à 19 070 €. Or, avec la revalorisation des pensions de 2,2 % cette année, beaucoup de retraités risquent de franchir ce seuil sans le savoir.
Pour les retraités de plus de 65 ans, ce seuil descendrait même à 20 460 €, contre 20 510 € auparavant. Cette subtilité pourrait faire basculer de nombreux contribuables âgés dans la catégorie des imposables, parfois pour quelques dizaines d’euros supplémentaires de revenus.
Les retraités seuls, grands perdants de la réforme
La réforme prévoit un abattement fixe par personne : 2 000 € pour un retraité seul, 4 000 € pour un couple. Or, avec l’ancien système, un retraité seul avec 30 000 € de revenus bénéficiait d’un abattement de 3 000 € (10 %), alors qu’il ne pourra désormais prétendre qu’à 2 000 €.
Conséquence directe :
- hausse d’impôt de près de 160 € par an pour ce profil ;
- jusqu’à 1 080 € de plus pour les retraités aisés avec des pensions élevées ;
- perte d’un avantage fiscal historique pour les retraités veufs, qui ne peuvent plus bénéficier de la demi-part supplémentaire depuis 2014.
Les couples de retraités relativement épargnés
En revanche, les couples de retraités s’en sortent mieux. Même si l’abattement maximal est légèrement réduit (de 4 400 € à 4 000 €), l’impact reste modéré. Une hausse d’impôt de 180 € maximum par an est attendue uniquement pour les foyers très aisés, avec plus de 180 000 € de revenus annuels.
Cette mécanique fiscale favorise donc la stabilité pour les couples, tout en pesant plus lourdement sur les retraités seuls, pourtant déjà souvent fragilisés financièrement.
Un changement technique aux effets concrets
Derrière une simplification budgétaire, cette réforme fiscale risque d’augmenter la pression sur des milliers de retraités modestes, notamment ceux vivant seuls. Le passage d’un abattement proportionnel à un montant forfaitaire, s’il paraît juste en théorie, produit en réalité un effet régressif.
Le débat parlementaire prévu dans le cadre du projet de budget 2026 pourrait encore faire évoluer ce dispositif. Mais en l’état, la mesure s’apparente davantage à une économie budgétaire qu’à une réforme équitable.