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Vous avez commencé à travailler jeune et vous vous demandez si la suspension temporaire de la réforme des retraites peut vous permettre de partir plus tôt ? La réponse est oui, mais avec une précision importante : cela ne concerne que les départs à compter de septembre 2026. Voici tout ce qu’il faut savoir après le vote du jour à l’Assemblée nationale.
Une suspension validée par les députés
Mercredi 12 novembre 2025, les députés ont adopté la suspension de la réforme des retraites et l’amendement gouvernemental visant à l’étendre aux carrières longues. Pour les futurs retraités nés à partir de 1964, cette mesure permet de gagner un trimestre par rapport à la réforme Borne de 2023. Attention cependant : l’amendement précise que le décalage ne concerne que les pensions prenant effet à compter du 1er septembre 2026. Ceux qui partiront avant cette date ne pourront pas bénéficier de cet avantage.
Qui peut prétendre au départ anticipé ?
Pour partir en retraite anticipée, deux conditions sont indispensables. La première est d’avoir commencé à travailler tôt. Selon le dispositif auquel vous êtes éligible, vous devez justifier :
- de 4 trimestres avant la fin de l’année de vos 16 ans ;
- de 4 trimestres avant la fin de l’année de vos 18 ans ;
- de 5 trimestres avant la fin de l’année de vos 20 ans.
Par exemple, si vous êtes né en avril 1964 et que votre carrière a débuté avant 20 ans, il vous faut 5 trimestres validés avant le 31 décembre 1984, et non au moment exact de votre 20e anniversaire.
La deuxième condition pour activer le dispositif « carrière longue » est d’avoir travaillé la durée requise. Ici, les trimestres sont « réputés cotisés », ce qui est plus strict que les trimestres simplement validés.
Quel âge pour partir avec la suspension ?
Avec l’amendement adopté mercredi, les assurés bénéficiant d’un départ anticipé pour carrières longues, inaptitude ou invalidité pourront profiter de l’abaissement de la durée d’assurance requise. La mesure s’appliquera principalement aux générations touchées par la réforme Borne de 2023, avec une mise en œuvre au 1er septembre 2026. Claude Wagner, de la CFDT-Retraités, rappelle : « Le délai était de seulement 4 mois en 2023 alors qu’il s’agissait d’une réforme très conséquente ! Là c’est un petit changement par rapport à ce qui a été modifié en 2023 ».
Pour les générations concernées, l’âge minimal de départ anticipé sera :
- 1964 : 60 ans et 3 mois (contre 60 ans et 6 mois avec la réforme Borne) ;
- 1965 (janvier – mars) : 60 ans et 3 mois (contre 60 ans et 9 mois) ;
- 1965 (avril – décembre) : 60 ans et 6 mois (contre 60 ans et 9 mois) ;
- 1966 : 60 ans et 9 mois (contre 61 ans) ;
- 1967 : 61 ans (contre 61 ans et 3 mois) ;
- 1968 : 61 ans et 3 mois (contre 61 ans et 6 mois).
Et pour les autres âges de début de carrière ?
La suspension impacte surtout ceux qui ont commencé avant 20 ans. Pour les autres, l’âge de départ reste fixé :
- Carrière commencée avant 16 ans : départ à 58 ans, sous réserve des trimestres requis ;
- Carrière commencée avant 18 ans : départ à 60 ans ;
- Carrière commencée avant 21 ans : départ à 63 ans, mais ce dispositif ne s’applique pas encore puisque l’âge légal est à 62 ans et 9 mois.
Combien de trimestres à justifier ?
Le point crucial pour un départ anticipé reste le nombre de trimestres à valider. Avec la suspension, le calcul se base sur les trimestres nécessaires pour un départ à taux plein :
- 1963 : 170 trimestres (42 ans et 6 mois) ;
- 1964 : 170 trimestres (42 ans et 6 mois) ;
- 1965 (janvier – mars) : 170 trimestres (42 ans et 6 mois) ;
- 1965 (avril – décembre) : 171 trimestres (42 ans et 9 mois) ;
- 1966 et suivantes : 172 trimestres (43 ans).
Le gain apporté par la suspension est donc d’un trimestre de moins à travailler pour ceux nés entre 1964 et les années suivantes, et même de six mois pour les natifs de janvier à mars 1965.
Pourquoi la suspension commence-t-elle seulement en septembre 2026 ?
L’amendement précise que cette date permet aux caisses de sécurité sociale d’adapter leurs systèmes d’information. Cependant, certains élus dénoncent ce calendrier. Manuel Bompard s’interroge : « Qu’est-ce qui justifie de limiter ce décalage aux départs intervenant après le 1er septembre 2026 ? » Claude Wagner considère ce report comme « un coup dur, un coup bas ! » et critique le retard qui empêchera certains départs anticipés de profiter du gain de trois mois.
En résumé, cette suspension est une avancée pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, mais le calendrier reste restrictif. Les générations concernées pourront profiter d’un départ légèrement anticipé, avec moins de trimestres à valider, tout en laissant un délai aux administrations pour adapter leurs systèmes.

