Afficher les titres Masquer les titres
Chaque année, l’Assurance retraite passe au crible des milliers de dossiers pour protéger les caisses publiques et détecter les fraudes. Derrière ces contrôles se cachent des situations concrètes : pensions de réversion gonflées, décès non signalés à l’étranger, ou identités usurpées. En 2024, grâce à 6 700 contrôles ciblés, l’Assurance retraite estime avoir évité le versement indu de 188 millions d’euros, un chiffre qui a « plus que doublé » depuis 2017, selon la Cnav. Voici comment ces vérifications fonctionnent et ce que chaque retraité doit savoir pour se protéger.
Fraudes et chiffres : l’essentiel à retenir
Sur plus de 160 milliards d’euros de prestations versées chaque année à 15 millions de retraités, la fraude représente environ 76 millio ns d’euros. Selon la Cnav, la branche vieillesse reste donc « assez peu exposée » aux fraudes. Le vrai risque se concentre sur certaines prestations plus complexes, comme les pensions de réversion et l’Aspa, qui sont soumises à conditions.
Renaud Villard, directeur général de l’Assurance retraite, précise : « Le danger est encore plus marqué pour les pensions versées à l’étranger, où le principal enjeu est de ne pas continuer à verser la pension d’un assuré décédé.« Pour les pensions versées directement en France, le calcul repose sur des données externes fiables et le risque est estimé « à peu près égal à zéro ». Les usurpations d’identité sont généralement détectées rapidement, car l’assuré lui-même le signale.
Comment les dossiers sont choisis pour contrôle
La majorité des contrôles ne résultent pas d’une plainte, mais d’un algorithme statistique. Ce système croise 270 types de données et signale des dossiers « atypiques » : changement fréquent de résidence fiscale ou de RIB, ressources supérieures aux déclarations, etc. Ces signaux permettent aux agents de cibler les dossiers à vérifier avec précision.
Une centaine d’enquêteurs assermentés prend ensuite le relais. Ils disposent de pouvoirs étendus : consultation des relevés bancaires, vérification de l’utilisation du système de soins, visites sur le terrain. Patrice Costes, directeur juridique et réglementation nationale à la Cnav, indique : « Un enquêteur détecte environ 150 000 euros de fraude chaque année. » Multipliez ce chiffre par la centaine d’agents, et les économies pour les caisses sont considérables.
Que surveillent les contrôleurs et que doivent connaître les assurés
Sur les 6 700 contrôles effectués en 2024, plus de 900 dossiers ont révélé une fraude avérée, mais 2 400 dossiers relevaient de simples « comportements fautifs » : erreurs de déclaration, oublis de mise à jour de situation ou retards de justificatifs. Pour la majorité des pensions de base en France, le recours à des données fiables permet déjà de limiter fortement les risques de fraude.
Mais il existe une autre menace : les escrocs qui se font passer pour l’Assurance retraite. Selon CapRetraite, les fraudes numériques visant les seniors ont augmenté de 30 % récemment. Le phishing dopé à l’intelligence artificielle représenterait 35 % des cas recensés par la MACSF et Reuters. Mails promettant une « revalorisation de votre pension CNAV », sites clonés, appels de faux conseillers : il faut rester vigilant.
Conseils pour éviter les arnaques
Pour se protéger efficacement, les retraités peuvent :
- Vérifier l’adresse du site internet et s’assurer qu’elle est officielle ;
- Refuser tout accès à distance ou demande de connexion à votre ordinateur ;
- Ne jamais communiquer ses identifiants ou son RIB par mail ou téléphone ;
- Contacter directement le 3960 en cas de doute ou de suspicion.
En suivant ces règles simples, il est possible de profiter sereinement de sa retraite tout en évitant les pièges numériques et les fraudes éventuelles.
Un système renforcé mais vigilant
L’Assurance retraite a considérablement renforcé ses contrôles ces dernières années. Entre algorithmes puissants et enquêteurs expérimentés, le dispositif vise à protéger les caisses et à détecter les fraudes efficacement. Si la majorité des dossiers sont exempts de problème, chaque assuré doit rester attentif à ses démarches et aux sollicitations suspectes.
En résumé, la vigilance et l’information sont vos meilleurs alliés. Comprendre comment les contrôles fonctionnent, savoir identifier les risques et adopter les bons réflexes numériques permet de se protéger et de sécuriser ses droits à la retraite.

