La Cour des comptes a tiré la sonnette d’alarme dans un rapport publié le 26 mai 2025. Ce document met en lumière les limites et les dérives possibles du cumul emploi-retraite en France. Derrière ce mécanisme qui permet aux retraités de toucher à la fois une pension et un revenu professionnel, se cache un système jugé trop permissif. Aujourd’hui, des réformes sont sur la table pour éviter certains abus et alléger le poids du dispositif sur les finances publiques. Quels sont les changements envisagés ? Et quelles conséquences pour votre avenir financier ? Voici ce qu’il faut savoir.
Un dispositif très prisé des retraités
Le cumul emploi-retraite est un choix que font de nombreux Français une fois l’heure de la retraite venue. En 2020, on comptait déjà environ 710 000 personnes qui avaient opté pour ce système. Il faut dire qu’il a de quoi séduire : il permet de continuer à travailler tout en percevant sa pension. Un vrai coup de pouce pour compléter ses revenus. Pourtant, le rapport de la Cour des comptes révèle que ce dispositif bénéficie surtout à une minorité de retraités plutôt aisés.
En effet, près de 15 % des retraités concernés touchent plus de 100 000 euros par an, en additionnant pension et revenus d’activité. C’est très au-dessus des 18 000 euros de pension moyenne des retraités en France. De plus, environ 10 % des retraités de moins de 67 ans en cumul emploi-retraite reçoivent une pension qui dépasse la moyenne nationale. Autant dire que ce système, pourtant pensé au départ pour encourager la poursuite d’une activité, soulève aujourd’hui de vraies questions d’équité.
Des propositions pour encadrer le cumul
Pour corriger ces dérives et rendre le système plus juste, la Cour des comptes avance plusieurs idées fortes. Elles visent à éviter les abus, à encourager le report du départ à la retraite et à réaliser des économies. Parmi ces propositions figurent :
• repousser l’âge de liquidation sans contrainte à 67 ans ;
• appliquer un écrêtement total des pensions (100 %) pour ceux qui choisiraient de cumuler avant 62 ans ;
• prévoir un écrêtement partiel (50 %) sur les revenus professionnels dépassant 7 000 euros entre 62 et 67 ans ;
• permettre un cumul totalement libre seulement à partir de 67 ans.
Ces mesures, si elles étaient mises en œuvre, pourraient permettre des économies de 500 à 550 millions d’euros chaque année. Une somme non négligeable dans un contexte où le déficit public français devrait atteindre environ 40 milliards d’euros en 2025. Ces propositions cherchent aussi à mieux cibler les retraités les plus favorisés sans pénaliser ceux dont la pension reste modeste.
Une réglementation souple par rapport à nos voisins
Si l’on compare avec d’autres pays de l’OCDE, la France se montre plutôt généreuse en matière de cumul emploi-retraite. Chez nous, il est possible de cumuler dès l’âge minimum d’ouverture des droits, fixé à 62 ans, voire 64 ans pour les personnes nées après 1968 qui ont une carrière complète. Le taux plein automatique, quant à lui, est accordé à partir de 67 ans.
Les propositions de la Cour s’inscrivent donc dans une volonté d’harmoniser les règles avec celles en vigueur chez nos voisins. Elles visent à rendre le dispositif moins attractif pour ceux qui disposent déjà de revenus élevés, tout en maintenant des possibilités pour les retraités modestes ou ceux ayant connu des carrières hachées. Le vrai défi sera de trouver le juste équilibre entre justice sociale et nécessité économique, surtout dans un contexte budgétaire tendu.
Ces changements pourraient avoir un impact important sur les décisions des futurs retraités. Faut-il travailler plus longtemps ? Peut-on encore espérer compléter sa pension comme aujourd’hui ? Ce sont des questions que beaucoup se posent déjà. Une chose est sûre : l’avenir du cumul emploi-retraite est en pleine réflexion, et les mois à venir s’annoncent décisifs. Les choix qui seront faits pèseront sur les finances du pays, mais aussi sur le quotidien des Français qui envisagent de travailler au-delà de la retraite.