Ni 40 ans, ni 50 ans : voici l’âge à partir duquel on est considéré comme « vieux » au travail

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Dans notre quotidien, le mot senior revient de plus en plus souvent. Qu’il s’agisse d’assurances, de produits ciblés ou de dispositifs de l’État, cette étiquette est devenue omniprésente. Mais à partir de quel âge est-on réellement considéré comme « vieux » dans le monde du travail ? La réponse n’est pas aussi évidente qu’elle en a l’air… et elle peut surprendre.

Un mot, plusieurs visions

Dans l’univers professionnel, la notion de séniorité varie selon le point de vue. Une étude menée par IPSOS en 2022 pour l’association À Compétence Égale met en lumière ce flou. Selon les 500 recruteurs interrogés, un salarié devient senior dès 49 ans. Côté salariés, on place plutôt cette barre à 52 ans.

Cette différence de perception prouve que le terme n’a rien d’universel. Il s’adapte à celui qui l’emploie, qu’il s’agisse d’un DRH, d’un employé ou d’un acteur public. Et dans les faits, cela a de réelles conséquences sur l’accès à l’emploi ou à la formation.

Une définition changeante selon le contexte

Dans une entreprise, on peut être qualifié de senior pour différentes raisons. L’âge n’est pas toujours le seul critère. Tout dépend du sujet évoqué :

  • pour la gestion de carrière, on parle généralement de séniorité à partir de 45 ou 50 ans ;
  • si l’on se base sur l’ancienneté, c’est le nombre d’années passées dans l’entreprise qui compte, souvent entre 10 et 20 ans ;
  • du point de vue des ressources humaines, c’est aussi l’expérience accumulée qui définit le statut de senior.

Un salarié peut donc être considéré comme senior à 47 ans dans une entreprise, et pas avant 55 dans une autre. Ce décalage rend difficile une politique cohérente à l’échelle nationale.

Quand l’administration entre en jeu

Du côté de l’administration, la vision est plus tranchée. Pour France Travail, le senior est un actif en fin de parcours professionnel. On parle alors de personnes de plus de 57 ans, notamment pour l’accès à certains contrats comme le CDD senior.

Cette logique rejoint l’image plus traditionnelle du senior : celle d’un salarié proche de la retraite. Or, en entreprise, ce statut peut apparaître bien plus tôt. D’où un décalage entre perception sociale et réalité du terrain.

Des freins persistants à l’emploi des seniors

Être senior, même à 45 ans, peut devenir un handicap pour retrouver du travail. Beaucoup d’employeurs estiment, à tort ou à raison, que les salariés plus âgés sont moins adaptables. Parmi les arguments souvent avancés :

  • une difficulté supposée à s’intégrer dans des équipes plus jeunes ;
  • un manque de souplesse face aux nouvelles technologies ;
  • une santé perçue comme plus fragile ;
  • des prétentions salariales jugées trop élevées.

Ces idées reçues participent à un phénomène bien réel : le déclassement ou l’exclusion progressive de certains salariés expérimentés. Résultat : en France, seuls 56 % des 55-64 ans occupent encore un emploi. Et pour les 60-64 ans, cette part tombe à un tiers, selon les chiffres de la Dares publiés en 2022.

Une France en retard sur ses voisins européens

En matière d’emploi des seniors, la France accuse un net retard. Avec 56 % de taux d’emploi des 55-64 ans, elle se classe à la 16e place sur 27 pays européens. La moyenne de l’Union européenne, elle, atteint les 60,5 %.

Ce retard s’explique en partie par un manque de dispositifs adaptés, mais aussi par un regard souvent négatif porté sur l’âge. Pourtant, l’expérience, la fidélité et la transmission des savoirs sont des atouts indéniables pour toute organisation.

Alors, à partir de quel âge est-on « vieux » au travail ? Tout dépend de qui parle. Mais une chose est sûre : il est temps de changer le regard porté sur les plus de 50 ans, qui restent un pilier essentiel du monde professionnel.


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