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Le rouleau de papier toilette est aujourd’hui un objet banal dans nos foyers. Pourtant, il n’a fait son apparition qu’au XIXe siècle. Avant cela, hommes et femmes devaient improviser avec ce qu’ils avaient sous la main. Des solutions ingénieuses, parfois luxueuses, souvent rudimentaires. Retour sur ces pratiques oubliées qui montrent à quel point l’histoire des toilettes a évolué.
Les journaux comme solution du quotidien
Jusqu’au siècle dernier, en Europe, il était courant de réutiliser des journaux ou des catalogues pour se nettoyer. C’était une manière pratique et économique de donner une seconde vie au papier. Mais gare aux pages glacées qui pouvaient vite rendre l’expérience désagréable. Le papier toilette n’étant pas encore accessible, chacun se débrouillait avec les moyens du bord.
Des méthodes variées selon les civilisations
Chaque époque a développé ses propres pratiques. Chez les Romains, le fameux tersorium faisait office d’outil d’hygiène. Il s’agissait d’un bâton muni d’une éponge, trempé dans de l’eau salée ou du vinaigre, et utilisé collectivement dans les latrines publiques. Une invention étonnante qui ressemble déjà à un lointain cousin du balai-brosse moderne.
Les Grecs, eux, faisaient appel à des solutions plus brutes. Ils pouvaient utiliser leur main, des pierres polies ou encore des feuilles de poireau. Ces dernières étaient considérées comme une option « raffinée » pour ceux qui en avaient les moyens.
Au Moyen Âge, l’hygiène intime ne figurait pas en tête des priorités. On se servait de ce qui était disponible : du foin, des feuilles ramassées au sol, ou même, dans certains cas, un pan de sa propre chemise. Peu de confort, mais une efficacité immédiate.
Quand le luxe s’invite aux toilettes
Avec le temps, les classes aisées ont cherché davantage de confort. Au XVIe siècle, les plus riches se tournaient vers l’étoupe, un tissu fibreux à base de lin et de chanvre. Certains allaient plus loin, utilisant du velours ou du satin pour profiter d’une douceur inégalée.
Une anecdote est restée célèbre : la comtesse du Barry aurait eu recours à de fines lingettes en dentelle. Un raffinement extrême qui illustre bien l’écart entre le quotidien du peuple et les extravagances de l’aristocratie.
Pourquoi pas du papier ?
On pourrait croire que le papier, déjà présent, aurait été utilisé naturellement. Pourtant, cette ressource restait précieuse. Elle servait en priorité à la rédaction de livres, de courriers ou d’actes officiels. Il était impensable de « gaspiller » un matériau aussi coûteux pour l’hygiène. Les archéologues ont cependant retrouvé, lors de fouilles, des fragments de manuscrits dans des latrines, signe que certains documents servaient malgré tout à cet usage une fois lus.
L’invention qui change tout
La véritable révolution intervient au XIXe siècle. En 1857, l’Américain Joseph Gayetty commercialise les premiers papiers hygiéniques vendus en feuilles séparées. Mais ce sont les frères Scott qui popularisent l’idée du rouleau tel qu’on le connaît aujourd’hui, avec des feuilles détachables.
L’arrivée du papier toilette coïncide avec celle des toilettes modernes reliées à la plomberie. Plus hygiénique, plus pratique, cette innovation s’impose rapidement dans les foyers et met fin aux bricolages improvisés de nos ancêtres.
De la débrouille au confort moderne
L’histoire du papier toilette rappelle que ce qui nous paraît aujourd’hui banal a mis des siècles à s’imposer. Entre le foin des paysans, les pierres des Grecs et la dentelle des aristocrates, nos ancêtres ont rivalisé d’imagination pour répondre à un besoin universel. Le rouleau blanc que nous connaissons est finalement un luxe récent, fruit de l’évolution des techniques et de l’hygiène.