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Chaque automne et chaque printemps, des millions de Français ajustent leurs réveils pour passer respectivement à l’heure d’hiver ou d’été. Pourtant, alors que l’impact énergétique de cette pratique est aujourd’hui presque nul et que ses effets sur la santé sont dénoncés, le changement d’heure persiste. Pourquoi cette habitude vieille de plusieurs décennies n’a-t-elle toujours pas été abandonnée ?
Une tradition née de la crise énergétique
Le passage à l’heure d’hiver, prévu cette année dans la nuit du 25 au 26 octobre, remonte aux années 1970, suite au choc pétrolier de 1973-1974. L’idée était alors simple : aligner les heures de la journée avec l’activité humaine pour réduire la consommation d’électricité. À l’époque, les économies réalisées semblaient substantielles, et le concept séduisait les gouvernements.
Cependant, plus de cinquante ans plus tard, la situation a changé. L’évolution des modes de vie, la multiplication des appareils électriques et la généralisation de l’éclairage LED ont réduit l’impact réel de ce décalage horaire sur la consommation d’énergie. Selon l’ADEME, le gain actuel est minime : seulement 0,07 % d’électricité économisée chaque année en France. Une fraction qui rend l’intérêt énergétique du changement d’heure quasi négligeable.
Les effets méconnus sur la santé
Si le bénéfice sur les factures d’électricité est marginal, les effets sur la santé, eux, sont plus tangibles. Le passage à l’heure d’hiver perturbe le rythme circadien, cette horloge interne qui régule le sommeil, l’appétit et la vigilance. Les spécialistes alertent sur une augmentation temporaire du stress, de la fatigue et même des accidents de la route durant les jours qui suivent le changement.
Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables. Une modification brutale de leur cycle de sommeil peut accentuer la fatigue, désorienter et provoquer une hausse des troubles cardiovasculaires. Même pour les adultes actifs, l’ajustement n’est pas toujours simple : difficultés à se lever, baisse de productivité et irritabilité sont des effets régulièrement observés.
Pourquoi cette pratique perdure
Malgré ces constats, le changement d’heure reste appliqué en 2025, sans perspective d’abandon. Plusieurs raisons expliquent cette inertie :
- La tradition et l’habitude collective ;
- La coordination avec les autres pays européens ;
- La complexité administrative et économique de sa suppression ;
- Le faible coût politique à maintenir le statu quo ;
- Le manque de consensus sur l’heure à adopter définitivement : heure d’été ou d’hiver.
En Europe, la question de l’abandon du changement d’heure a été débattue à plusieurs reprises. Si certains pays ont exprimé leur volonté de se fixer sur une heure unique, aucune décision européenne contraignante n’a encore été prise. La France continue donc de suivre le rythme général, quitte à subir des effets secondaires pour un bénéfice énergétique quasi nul.
Des alternatives existent mais restent marginales
Face à ce constat, certains experts et entreprises misent sur les énergies renouvelables pour compenser le faible gain du changement d’heure. L’utilisation de panneaux solaires, d’éoliennes et d’autres solutions locales permet d’économiser de l’électricité tout au long de l’année, sans perturber le sommeil des citoyens.
Parallèlement, des conseils simples peuvent aider à atténuer les effets du passage à l’heure d’hiver : se coucher plus tôt quelques jours avant le changement, limiter les écrans le soir et profiter de la lumière naturelle du matin. Ces gestes, simples mais efficaces, peuvent réduire les désagréments liés au décalage horaire.
Une pratique contestée mais durable
Le changement d’heure reste un sujet de débat récurrent : inutile sur le plan énergétique, perturbant pour la santé, mais profondément ancré dans nos habitudes et dans le fonctionnement de l’Union européenne. Pour 2025, les Français devront donc encore reculer leurs montres d’une heure, en espérant que, malgré tout, ce petit ajustement ne bouleverse pas trop leur quotidien.
En attendant une éventuelle réforme ou un arrêt définitif, il semble que le passage à l’heure d’hiver demeure une tradition tenace, symbole d’une époque où chaque watt économisé comptait, mais qui aujourd’hui, ne fait que rappeler le poids des habitudes et des compromis européens.

