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Les locataires n’en finissent plus de voir leurs charges augmenter. Après la flambée des loyers, voilà que le gouvernement confirme la mise en place d’une hausse des frais d’agence, jusque-là gelés depuis dix ans. Une mauvaise nouvelle qui tombe dans un contexte déjà tendu pour des millions de Français à la recherche d’un logement.
Un marché locatif sous haute tension
Trouver un appartement est devenu un véritable parcours du combattant. Dans les grandes villes, la demande explose, notamment au moment de la rentrée, quand étudiants et jeunes actifs affluent. D’après la plateforme Bien’ici, la demande de logements a bondi de 9,5 % au deuxième trimestre 2025, tandis que l’offre a reculé de 6 %. Résultat : la tension est maximale, surtout sur les petites surfaces comme les studios et deux-pièces.
Deux raisons expliquent cette situation : d’une part, l’interdiction depuis janvier 2025 de louer les logements classés G au diagnostic de performance énergétique, ce qui a retiré des centaines de milliers d’appartements du marché ; d’autre part, la baisse du nombre de constructions neuves, liée à la hausse des coûts et aux nouvelles normes environnementales. Moins de chantiers, c’est aussi moins de logements disponibles à la location.
Des loyers en hausse constante
À cette pénurie s’ajoute une flambée des loyers. Selon l’ANIL, les prix ont augmenté en moyenne de 3 à 4 % sur un an, une progression supérieure au rythme de l’inflation. Pour les locataires, la facture s’alourdit mois après mois. Et comme si cela ne suffisait pas, une nouvelle dépense obligatoire va désormais s’ajouter : la revalorisation des honoraires d’agence.
Des frais d’agence encadrés… mais en augmentation
Beaucoup de Français passent par des agences immobilières pour décrocher un logement, surtout dans les zones dites tendues. Aujourd’hui, environ 35 % des locations privées sont gérées par des professionnels, d’après la FNAIM. Mais obtenir les clés d’un appartement implique de payer des frais de dossier à l’agence.
Depuis la loi Alur de 2014, ces frais sont encadrés :
- 12 euros par mètre carré en zone très tendue ;
- 10 euros par mètre carré en zone tendue ;
- 8 euros par mètre carré dans le reste du pays.
Problème : ces plafonds n’ont jamais été actualisés depuis dix ans, alors même qu’une revalorisation annuelle est prévue par la loi. En théorie, celle-ci doit suivre l’évolution de l’indice de référence des loyers (IRL). Les professionnels du secteur réclamaient donc depuis plusieurs années l’application stricte de ce mécanisme.
Une revalorisation confirmée par le gouvernement
Le ministère du Logement a finalement tranché. Dans un arrêté publié le 17 juillet 2025, il a annoncé que les plafonds des honoraires d’agence seraient bel et bien réajustés chaque année en fonction de l’IRL. La première hausse interviendra le 1er janvier 2026. Pour cette année-là, elle correspondra à 1,4 %.
Concrètement, cela représente une petite augmentation sur le papier. Pour un appartement de 40 m² situé à Paris, les frais passeront de 480 euros en 2025 à environ 487 euros en 2026, soit 7 euros de plus. Mais derrière cette somme modeste se cache un symbole : les locataires devront désormais s’attendre à une hausse automatique et régulière de ces frais chaque année.
Un signal inquiétant pour les locataires
Si la hausse paraît limitée en 2026, la mesure inquiète les associations de locataires. Car en période de crise du logement, chaque euro compte. Avec des loyers qui ne cessent d’augmenter et des charges de plus en plus lourdes, cette nouvelle dépense renforce la précarité des ménages modestes déjà fragilisés.
De leur côté, les agences immobilières se félicitent d’une décision qu’elles jugent logique et nécessaire. Elles estiment que le plafonnement figé depuis une décennie ne reflétait plus la réalité économique de leur activité. *« C’est une question d’équité et d’adaptation à l’inflation »*, plaident certains professionnels.
Ce qui attend les locataires dès 2026
Dès l’an prochain, les Français à la recherche d’un logement devront donc intégrer cette hausse dans leur budget. Et même si elle semble faible pour l’instant, l’évolution annuelle pourrait finir par peser lourd sur le long terme, surtout si l’inflation repart à la hausse. Dans un contexte déjà marqué par la raréfaction de l’offre et la flambée des loyers, cette nouvelle règle risque d’amplifier les difficultés des candidats à la location.
En clair, les locataires devront désormais composer avec une double contrainte : trouver un logement devenu rare et accepter des frais qui augmenteront mécaniquement chaque année. Une situation qui illustre la fragilité croissante du marché immobilier français, où les équilibres se font de plus en plus au détriment des ménages.