Immobilier : meublé ou vide, frais d’agence… Que faire si mon propriétaire vend le logement que je loue ?

Afficher les titres Masquer les titres

Vous louez un appartement ou une maison et votre propriétaire vous annonce qu’il souhaite vendre le bien que vous occupez. Cette situation peut créer de l’inquiétude : quelles sont vos obligations, quels sont vos droits et comment la loi vous protège-t-elle ? Décryptage.

La loi encadre strictement la vente d’un logement occupé

Depuis la loi du 6 juillet 1989, renforcée par la loi Alur de 2014, les droits des locataires sont clairement définis. Maître Camille Guilbert Objilere, avocate spécialisée en droit immobilier à Rennes, rappelle que « le propriétaire doit notifier son intention de vendre le logement dans un délai et une forme précis, sous peine de nullité du congé ». En clair, si ce congé ne respecte pas les règles légales, il n’a aucune valeur juridique.

Les mentions obligatoires sur le congé

Le congé de vente doit contenir plusieurs informations essentielles pour garantir vos droits :

  • La mention de la vente du logement, son prix et les conditions de la transaction projetée ;
  • La date de fin du bail ;
  • La reproduction des cinq premiers alinéas du II de l’article 15 de la loi 1989 ;
  • Une notice d’information détaillant les obligations du bailleur ainsi que vos voies de recours et d’indemnisation.

Ces éléments permettent au locataire d’exercer un droit de préemption, c’est-à-dire d’acheter en priorité le logement avant qu’il ne soit proposé à un tiers. Cela vous protège contre une vente cachée ou abusive.

Comment le congé doit être notifié

Le propriétaire peut remettre le congé de plusieurs manières :

  • En mains propres ;
  • Par lettre recommandée avec accusé de réception ;
  • Par acte d’huissier.

Le congé doit être délivré à la fin du bail avec un délai de préavis de six mois. « Ce délai permet d’éviter que le propriétaire fixe un prix déraisonnable pour décourager le locataire d’acheter et vendre ensuite à un autre acheteur », explique l’avocate. C’est une mesure de protection contre les pratiques frauduleuses.

Les sanctions en cas de non-respect

La loi prévoit des sanctions sévères pour le bailleur qui ne respecte pas ces obligations. Une amende pénale peut atteindre :

  • 6 000 € pour une personne physique ;
  • 30 000 € pour une personne morale.

Le locataire peut également demander des dommages et intérêts s’il prouve que le propriétaire a tenté de le décourager volontairement pour vendre le logement à un prix inférieur à un tiers. Cette protection garantit que le locataire n’est pas lésé dans le processus de vente.

Meublé ou vide : vos droits restent les mêmes

Que vous louiez un logement vide ou meublé, les règles s’appliquent de la même manière. La loi ne fait pas de distinction sur le type de location. Cependant, certaines spécificités liées au meublé peuvent affecter la durée du bail et les préavis. Dans tous les cas, le congé de vente doit être conforme aux exigences légales.

Frais et visites : ce que vous devez accepter

Le locataire est tenu de laisser le propriétaire ou son agent immobilier visiter le logement pour la vente, mais sous certaines conditions :

  • Les visites doivent être raisonnables et planifiées ;
  • Le locataire peut demander un préavis pour chaque visite ;
  • Les frais liés à la vente, comme les honoraires d’agence, sont à la charge du propriétaire, sauf mention contraire dans le bail.

Ces règles visent à équilibrer le droit du propriétaire à vendre et celui du locataire à jouir sereinement de son logement.

Anticiper et se protéger

Si votre propriétaire annonce la vente, prenez le temps de vérifier le congé et ses mentions obligatoires. Vous pouvez également solliciter l’aide d’un avocat ou d’une association de locataires pour vous assurer que vos droits sont respectés. Le droit de préemption vous donne une priorité d’achat, mais ne vous oblige pas à acquérir le logement.

En résumé, la vente d’un logement occupé est encadrée pour protéger les locataires. Congé clair, délai de préavis respecté, mention des conditions de vente et sanctions pour non-respect : autant de mesures qui sécurisent votre position. Restez vigilant, informé et n’hésitez pas à demander conseil si nécessaire pour défendre vos droits.


Faites passer le mot en partageant !