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Réserver un logement sur Airbnb pour quelques nuits… et ne plus jamais repartir. Ce scénario, digne d’un cauchemar pour les propriétaires, devient une réalité de plus en plus courante en France. Derrière cette situation, une faille juridique exploitable par des locataires mal intentionnés, qui transforme une location touristique en occupation illimitée. Résultat : des propriétaires démunis face à une bataille administrative longue et coûteuse.
Une méthode qui profite d’une zone grise de la loi
Le schéma est toujours le même. Le logement est mis en ligne sur Airbnb, un voyageur réserve et règle son séjour dans les règles. Jusque-là, tout semble normal. Mais à la date prévue pour le départ, le locataire reste sur place. Serrure changée, compteurs d’eau et d’électricité transférés à son nom : le propriétaire ne peut plus entrer chez lui.
On pourrait croire que la loi « anti-squat », qui permet en principe d’expulser en 72 heures toute personne occupant un bien sans droit ni titre, s’applique dans ce cas. Mais, comme le rappelle Nice-Matin, il n’en est rien. En donnant volontairement accès au logement, même pour quelques jours, le propriétaire ne peut plus invoquer cette procédure rapide. Aux yeux du droit français, l’occupant n’est pas un squatteur classique mais un locataire qui refuse de partir. La seule issue passe alors par une procédure civile longue, parfois étalée sur plusieurs années.
Des conséquences lourdes pour les bailleurs
Cette faille juridique place les propriétaires dans une situation délicate. En attendant l’issue de la procédure, ils ne peuvent ni récupérer leur bien, ni le relouer. Et impossible de se faire justice soi-même : pénétrer dans le logement sans autorisation expose à une condamnation pour violation de domicile, avec jusqu’à trois ans de prison et 30 000 € d’amende.
Dans un marché immobilier déjà sous tension, cette pratique attire de plus en plus d’individus cherchant un logement gratuit. Avec près de 90 000 annonces Airbnb à Paris selon Statista, le terrain de jeu est vaste pour ceux qui veulent contourner la loi.
Les précautions à prendre
Face à cette menace, certains propriétaires adoptent des mesures préventives. Le Figaro recommande notamment :
- vérifier l’identité complète du locataire
- analyser ses avis et son historique sur la plateforme
- demander les raisons précises de son séjour
- prévoir un contrat de location signé, même pour de courtes durées
Ce dernier point est essentiel : un contrat écrit permet, en cas de litige, d’accélérer les démarches judiciaires et d’éviter que l’affaire ne traîne indéfiniment. Certaines agences conseillent également de limiter la durée des séjours pour réduire le risque.
Un contexte qui favorise les abus
Cette nouvelle technique de squat surgit dans un climat de crise du logement en France. L’Observatoire des inégalités estime à 4 millions le nombre de personnes mal logées dans le pays. Les logements touristiques, en particulier ceux mis en location courte durée, représentent donc une opportunité tentante pour ceux qui cherchent à s’installer sans frais.
Pour les propriétaires, la vigilance devient indispensable. Même si les plateformes comme Airbnb offrent une certaine sécurité via leurs conditions générales, elles ne peuvent pas remplacer la protection juridique offerte par un contrat et une vérification sérieuse des profils.
En résumé, ce qui devait être une source de revenus supplémentaires peut se transformer en un véritable gouffre financier et moral. Dans ce bras de fer, les bailleurs n’ont souvent que la patience et la prudence comme armes… mais elles peuvent faire toute la différence.