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À partir du 1er janvier 2026, une obligation inédite va frapper des millions de foyers. Près de 11 millions de logements sont concernés par la mise en place du diagnostic de performance énergétique collectif, une réforme issue de la loi Climat et Résilience. Déjà en vigueur pour les grandes copropriétés depuis janvier 2025, cette règle s’étend désormais aux plus petites résidences. Une décision qui représente une nouvelle charge financière, évaluée entre 1 000 et 5 000 euros par immeuble, à répartir entre les copropriétaires.
Un DPE collectif imposé à toutes les copropriétés
Jusqu’ici, le DPE était surtout connu des propriétaires qui vendaient ou louaient un logement individuel. Désormais, l’analyse doit aussi porter sur l’ensemble d’un immeuble : murs extérieurs, toiture et parties communes. Cette évolution vise à obtenir une vision globale et à planifier des travaux de rénovation coordonnés, plutôt que de laisser chaque propriétaire agir de son côté.
Comme l’explique un maire interrogé dans son secteur, *« le but est de forcer les copropriétaires à se poser collectivement la question de l’efficacité énergétique, au lieu d’attendre que l’État impose des interdictions »*. Le diagnostic devient donc un passage obligé, décidé lors des assemblées générales de copropriété.
Pourquoi cette réforme tombe maintenant ?
L’objectif est clair : accélérer la transition énergétique et réduire la consommation des bâtiments. En ciblant collectivement les faiblesses énergétiques d’un immeuble, ce dispositif doit inciter à des rénovations plus ambitieuses. Le législateur espère ainsi éviter les « passoires thermiques » et limiter les interdictions progressives de location pour les logements trop mal notés.
Le calendrier s’accélère, car de nombreux bâtiments datent des années 60-70 et présentent encore des performances médiocres. Les pouvoirs publics souhaitent agir avant que ces immeubles ne deviennent de véritables fardeaux énergétiques et financiers.
Combien faudra-t-il payer ?
La question du coût reste centrale. Un DPE collectif est facturé entre 1 000 et 5 000 euros, selon la taille de la copropriété, la complexité du bâtiment et l’accès aux parties communes. Les grandes résidences de 50 lots ou plus se rapprochent souvent du plafond, tandis que les petites copropriétés peuvent voir la facture grimper par habitant, faute de nombreux propriétaires pour partager la dépense.
Exemples indicatifs de tarifs :
- Copropriété de moins de 10 lots : entre 1 200 et 2 000 euros au total ;
- Bâtiment de 20 à 40 lots : environ 2 500 à 3 500 euros ;
- Grand immeuble de plus de 50 lots : jusqu’à 5 000 euros, voire davantage pour les structures complexes ;
Comment la répartition se fait-elle ?
Lors de l’assemblée générale, les copropriétaires choisissent un professionnel agréé. Son rapport est ensuite financé collectivement. La somme est divisée selon les tantièmes, ce qui signifie que posséder un grand appartement ou plusieurs lots entraîne une part plus lourde. Les logements vacants ne sont pas épargnés : même inoccupés, ils doivent participer à la dépense.
Concrètement, le paiement se fait via un appel de fonds exceptionnel ou est intégré dans la régularisation annuelle. Pour beaucoup de propriétaires, cette obligation s’ajoute aux impôts fonciers, aux charges courantes et parfois aux travaux déjà programmés.
Quels impacts sur la valeur des biens ?
Cette dépense peut sembler lourde, mais elle n’est pas sans avantage. Améliorer la note énergétique d’un immeuble augmente sa valeur patrimoniale. Les biens mieux classés au DPE se vendent ou se louent plus vite, et souvent à meilleur prix. À l’inverse, un bâtiment mal noté risque de voir sa valeur chuter et de devenir invendable à terme.
Pour les propriétaires bailleurs, anticiper ces changements est crucial : les prochaines années pourraient réserver d’autres restrictions sur la location des logements énergivores. Investir aujourd’hui dans l’efficacité énergétique, c’est aussi éviter des interdictions demain.
Quels travaux prévoir après le diagnostic ?
Le DPE collectif ne s’arrête pas à une simple étiquette. Selon les résultats, il pourra recommander divers travaux :
- isolation thermique des façades ou de la toiture ;
- remplacement des fenêtres vétustes ;
- modernisation du système de chauffage collectif ;
- installation de solutions plus écologiques, comme des pompes à chaleur ;
Ces interventions demandent un investissement supplémentaire, mais elles ouvrent droit, dans certains cas, à des aides publiques. Et surtout, elles réduisent les factures d’énergie à long terme, un bénéfice qui compense peu à peu la dépense initiale.
Un effort imposé, mais porteur d’avenir
Si cette nouvelle obligation représente un vrai coup dur pour les copropriétaires, elle peut aussi être vue comme une opportunité. Forcer les résidences à se pencher sur leur consommation énergétique, c’est préparer le parc immobilier français aux défis climatiques de demain. Les copropriétaires devront serrer les dents en 2026, mais ce passage obligé pourrait bien renforcer la valeur et la durabilité de leur patrimoine.