Coup de théâtre : il voulait profiter de sa maison avec piscine pendant 15 jours, il a mis deux ans avant de la récupérer

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Mettre sa maison en location saisonnière pour un simple complément de revenus peut parfois tourner au cauchemar. C’est ce qu’a vécu un propriétaire du Sud de la France, dont le projet de louer sa villa avec piscine pendant deux semaines s’est transformé en une longue bataille judiciaire. Récit d’une mésaventure racontée par Maître Samuel Zeitoun, avocat au barreau de Paris.

Une location qui dérape

En 2020, le propriétaire décide de louer sa maison pour 15 jours afin de profiter de ses vacances sereinement. Tout semblait simple : il trouve un locataire via une plateforme de location saisonnière et quitte le logement l’esprit tranquille. Mais à son retour, c’est la surprise : « Le locataire annonce à mon client qu’il a changé les serrures, qu’il ne partira pas et que désormais cette maison est la sienne« , explique l’avocat. Le propriétaire découvre alors qu’il est confronté à un squatteur qui a transformé sa résidence en domicile permanent, profitant d’une faille juridique : passé 48 heures, le logement est considéré comme résidence principale, et toute intrusion du propriétaire devient une violation de domicile.

Des tentatives à l’amiable qui échouent

Choisissant d’abord la voie amiable, le propriétaire propose un bail de trois mois pour permettre au locataire de régulariser sa situation. Mais le locataire ne verse aucun loyer. Face à cette impasse, l’avocat Samuel Zeitoun est contacté pour lancer une procédure d’expulsion. Le problème majeur ? Le squatteur a utilisé un faux nom pour la réservation et refuse de révéler sa véritable identité, bloquant toute action judiciaire.

Une enquête longue et complexe

Pour identifier le locataire, seul un juge peut autoriser un huissier à pénétrer dans le logement avec la police et récupérer un document officiel. Après de multiples relances auprès de la gendarmerie, il faut six mois pour découvrir le vrai nom du squatteur. La procédure d’expulsion peut enfin débuter, mais le combat est loin d’être terminé.

Des manœuvres pour gagner du temps

Le squatteur use de toutes les stratégies possibles pour prolonger son séjour. À chaque audience, il change d’avocat et demande un renvoi, prétextant que son nouvel avocat n’a pas eu le temps de préparer la défense. Cette tactique permet d’obtenir quatre reports successifs, retardant considérablement le jugement. « C’est complètement fou. Il a fallu attendre tous ces renvois avant qu’on arrive à plaider le dossier et obtenir la décision d’expulsion« , raconte l’avocat.

Deux ans de lutte et d’inconfort

Ces manœuvres permettent au squatteur de rester deux ans dans la maison. Pendant ce temps, le propriétaire doit quitter son logement et vivre chez son frère. Samuel Zeitoun souligne : « Je pense que cette personne était un professionnel de l’occupation sans droit ni titre et qu’elle n’en était pas à son premier coup ». Une expérience traumatisante pour toute la famille.

Les risques liés à la location saisonnière

Les experts avertissent que la location saisonnière comporte des risques importants. Selon Samuel Zeitoun, il est très difficile de se prémunir contre les squatteurs : « On ne connaît pas vraiment le profil du locataire ». Stéphanie Lapeyre-Castellane, avocate spécialisée en protection des données et nouvelles technologies, précise que la vérification d’identité via les plateformes peut être limitée : « Il ne peut pas être exclu que le fraudeur ait fourni de faux papiers ou documents falsifiés ». Même avec des contrôles, certaines erreurs peuvent donc survenir, laissant la porte ouverte à des situations compliquées.

La vigilance avant tout

Cette affaire illustre les précautions nécessaires avant de mettre un logement en location courte durée. Les experts recommandent :

  • Vérifier l’identité du locataire de manière rigoureuse ;
  • Utiliser des plateformes réputées et sécurisées ;
  • Éviter de laisser le bien vacant sans surveillance pendant plusieurs jours ;
  • Connaître les recours légaux en cas de problème ;
  • Prévoir une assurance couvrant les risques liés à la location saisonnière.

En France, ces situations restent rares mais peuvent avoir des conséquences dramatiques pour les propriétaires, tant sur le plan financier que psychologique. Cette expérience montre qu’une simple location de quelques jours peut se transformer en véritable calvaire si le locataire adopte des stratégies pour rester dans le logement.

Le propriétaire a finalement pu récupérer sa maison après deux ans de procédures, mais l’expérience laisse un goût amer et un avertissement clair pour tous ceux qui envisagent de louer leur résidence principale : vigilance et précaution sont essentielles.


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