Succession : cette dette souvent ignorée des héritiers peut coûter très cher

Afficher les titres Masquer les titres

Lorsqu’un proche disparaît, la plupart des héritiers s’attendent à recevoir un patrimoine, parfois même une somme d’argent. Pourtant, cette attente est souvent bouleversée par une réalité qu’ils n’avaient pas anticipée : une dette importante laissée par le défunt. Cette dette, que beaucoup ignorent, concerne notamment les frais liés aux séjours dans les établissements de santé. Voici tout ce qu’il faut savoir avant d’accepter un héritage, pour ne pas se retrouver piégé par des frais cachés.

Un phénomène de société aux enjeux financiers considérables

La génération des baby-boomers s’efface progressivement, et avec elle, des millions de successions s’ouvrent chaque année en France. Cet événement est d’une telle ampleur que la fondation Jean Jaurès parle du « plus grand transfert de richesses de l’Histoire ». Pourtant, derrière cet enjeu économique se cache un piège que beaucoup ne voient pas venir. En effet, accepter une succession, ce n’est pas uniquement récupérer des biens ou de l’argent ; c’est aussi prendre en charge l’ensemble des dettes laissées par le défunt. Ce point est essentiel et trop souvent méconnu.

Le rôle clé de la loi face aux dettes successorales

Le Code civil encadre précisément la gestion des dettes au moment d’une succession. L’article 870 établit clairement que les héritiers doivent s’acquitter des dettes du défunt proportionnellement à leur part d’héritage. Par exemple, deux enfants héritant à parts égales seront chacun responsables de 50 % des dettes laissées. Cette règle, simple en apparence, peut vite devenir source de problèmes lorsque certaines créances sont oubliées ou inconnues au moment de l’ouverture de la succession.

Les frais hospitaliers : une dette fréquente et méconnue

Un des postes de dépenses les plus souvent ignorés concerne les frais liés à l’hospitalisation du défunt. En France, plus de la moitié des décès surviennent dans un établissement de santé, comme un hôpital ou une maison de retraite médicalisée. Ces séjours engendrent des frais parfois très élevés, notamment des frais d’hébergement qui ne sont pas toujours pris en charge par la Sécurité sociale ou la mutuelle. Quand ces factures restent impayées, elles viennent directement s’ajouter au passif de la succession.

Une jurisprudence qui confirme l’obligation des héritiers

La Cour de cassation est venue trancher cette question dans un arrêt du 11 mars 2014 (n° 13-12153). Elle a confirmé que les dettes hospitalières non réglées par le défunt doivent être payées par les héritiers. Dans un cas concret, la fille unique d’un patient a dû s’acquitter d’une facture de près de 10 000 euros correspondant aux frais d’hébergement. Cette décision rappelle que ces dettes ne disparaissent pas avec le décès et doivent impérativement être prises en compte au moment d’accepter la succession.

Comment gérer ces dettes pour éviter les mauvaises surprises ?

Pour les héritiers, plusieurs solutions existent afin de limiter les risques financiers :

  • Demander au notaire un état détaillé des actifs et des dettes du défunt ;
  • Accepter la succession « à concurrence de l’actif net », c’est-à-dire en ne payant les dettes qu’à hauteur des biens hérités ;
  • Renoncer à la succession si les dettes dépassent largement la valeur des biens transmis.

Ces précautions permettent d’éviter de devoir payer des sommes astronomiques qui pourraient plomber un héritage déjà complexe à gérer sur le plan émotionnel.

Un appel à la vigilance pour les héritiers

Ce rappel est crucial : les héritiers doivent impérativement se renseigner sur l’ensemble des dettes du défunt, y compris celles qui peuvent paraître surprenantes, comme les frais médicaux. Une simple négligence peut entraîner des conséquences financières lourdes, parfois plusieurs milliers d’euros, alors qu’on s’attendait seulement à recevoir un héritage.

Enfin, il est important de savoir que ces règles s’appliquent quelle que soit la taille de la succession. Qu’il s’agisse d’un petit appartement ou d’un patrimoine important, les dettes hospitalières font partie des charges qui incombent aux héritiers. Une vigilance accrue auprès du notaire est donc toujours conseillée.

Pour conclure, accepter un héritage, c’est en prendre tous les aspects, y compris les moins agréables. La bonne nouvelle, c’est qu’avec un peu de préparation et d’information, il est possible de gérer au mieux cette étape délicate. Cela permet d’éviter les mauvaises surprises et de préserver la mémoire du défunt sans que la succession ne devienne un fardeau financier insurmontable.


Faites passer le mot en partageant !