Rabot sur l’abattement des retraites et limite de 2 000 € pour ce crédit d’impôt très populaire ?

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Le projet de budget 2026 réserve déjà des surprises aux retraités et aux particuliers qui utilisent les services à la personne. Le rapport sur l’application des mesures fiscales, présenté récemment par le rapporteur général du Budget à l’Assemblée nationale, propose de réduire certains avantages fiscaux, dans l’objectif de limiter le déficit public. Quels changements pourraient toucher votre portefeuille ? Nous faisons le point sur les mesures envisagées.

Crédit d’impôt services à la personne : un plafond drastiquement réduit

Depuis 2005, le plafond du crédit d’impôt pour les services à la personne est fixé à 12 000 € par an et par foyer, un montant parmi les plus élevés d’Europe. Selon le rapport de Charles de Courson, ce plafond profite surtout aux foyers disposant d’un revenu confortable. Une proposition vise désormais à le limiter à 2 000 € par an et par foyer, ce qui permettrait de générer 2,1 milliards d’euros d’économies pour l’État.

L’idée est de rendre ce dispositif plus juste : « Un plafond trop élevé profite surtout aux ménages disposant d’un pouvoir d’achat suffisant pour engager ces dépenses, favorisant ainsi les contribuables aisés », explique le rapport. Concrètement, les 40 % de ménages les plus riches seraient les principaux concernés, tandis qu’un plafond de 3 000 € toucherait surtout les 10 % de foyers aux revenus les plus élevés.

Retraites : l’abattement de 10 % remis en question

Autre mesure phare, déjà évoquée par François Bayrou : la suppression de l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite. Actuellement limité à 4 399 € par foyer fiscal, cet avantage pourrait être remplacé par un forfait de 2 000 € par retraite, par foyer. L’objectif ? Réduire une dépense fiscale qui a presque doublé en quinze ans, passant de 2,8 milliards d’euros en 2010 à 5 milliards en 2025.

Aujourd’hui, cet abattement profite principalement aux retraités les plus aisés : « 90 % des avantages vont aux 40 % des foyers les plus riches, et 10 % d’entre eux concentrent 30 % du coût du dispositif », précise le rapport, citant le Conseil des prélèvements obligatoires. Cette révision permettrait de limiter le coût pour l’État tout en maintenant un avantage fiscal pour la majorité des retraités.

Comment le nouveau forfait de 2 000 € fonctionnerait

Le rapport propose un plafond forfaitaire modulé selon la composition du foyer. Par exemple, pour un foyer d’une seule personne retraitée, le plafond serait fixé à 2 200 €, tandis qu’il resterait à 4 399 € pour un couple. Cela permet de conserver un avantage fiscal significatif tout en réduisant l’impact sur le budget de l’État.

Exemple concret : pour une personne seule avec des pensions comprises entre 20 000 et 43 990 €, la nouvelle mesure entraînerait une imposition complète à 100 % sur la tranche concernée, contre 90 % actuellement. L’imposition supplémentaire ne dépasserait pas 945 €, et ne concernerait que les contribuables soumis aux tranches marginales les plus élevées, avec des revenus supérieurs à 180 294 €.

Une situation financière des retraités désormais jugée confortable

Le rapport souligne également que la nécessité de soutenir le pouvoir d’achat des retraités semble moins impérative qu’avant. Selon la Cour des comptes, les seniors ont un niveau de vie amélioré depuis 1977, un taux d’épargne plus élevé, un niveau de pauvreté plus faible et un poids du logement moins important que le reste de la population. De plus, tous les retraités bénéficient d’un taux minoré de CSG sur leurs pensions, allant de 8,3 % à 0 % selon le revenu, alors que les actifs paient 9,2 % quel que soit leur niveau d’imposition.

Impact pour les ménages et perspectives

Si ces mesures sont adoptées, elles toucheront surtout les retraités les plus aisés et les foyers pouvant déduire des montants importants pour les services à la personne. L’objectif affiché est clair : renforcer la justice fiscale tout en réduisant le déficit public. Ces pistes sont pour l’instant des recommandations, et le texte final sera précisé lors de la présentation du projet de loi de finances 2026 par le gouvernement Lecornu.

En attendant, il est conseillé aux retraités et aux contribuables concernés de suivre attentivement l’évolution de ces mesures et de calculer l’impact potentiel sur leur budget. Même si le forfait de 2 000 € reste avantageux pour une majorité de foyers, certains devront ajuster leur planification financière pour anticiper une possible hausse d’impôts.

Ces propositions montrent que le gouvernement cherche à concilier réduction des dépenses fiscales et maintien d’un filet de sécurité pour les retraités, tout en ciblant les bénéficiaires les plus favorisés. Reste à voir comment le Parlement adaptera ces recommandations dans la loi finale, et quel sera l’impact réel pour les foyers français dès 2026.


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