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- Le chômage des plus de 50 ans reste faible… mais long
- Quels droits au chômage après 50 ans ?
- Des prolongations possibles en fin de droits
- Des aides différentes selon la situation
- Retraite ou chômage : qu’est-ce qui coûte vraiment le plus ?
- Le maintien des droits jusqu’à la retraite reste marginal
- Vers une autre lecture du débat ?
Avec le recul de l’âge légal de départ à la retraite, la question revient avec insistance : faut-il continuer à indemniser les seniors au chômage ou leur accorder la retraite plus tôt pour limiter les dépenses publiques ? Derrière cette interrogation se cachent des enjeux majeurs pour les finances de l’État… et pour les personnes concernées.
Le chômage des plus de 50 ans reste faible… mais long
À première vue, les chiffres peuvent rassurer : le taux de chômage chez les 50 ans et plus reste bas, autour de 5 %. Pourtant, la réalité est plus nuancée. Une fois au chômage, les seniors y restent souvent plus longtemps. Passé la cinquantaine, retrouver un emploi stable devient plus difficile, malgré les dispositifs d’accompagnement.
C’est pourquoi des règles spécifiques s’appliquent aux demandeurs d’emploi âgés. Mais une idée persiste : les indemniser coûterait plus cher que de leur ouvrir les droits à la retraite de manière anticipée. Une idée reçue qui mérite d’être analysée de près.
Quels droits au chômage après 50 ans ?
En 2022, l’Unedic comptait environ 350 000 personnes de 50 à 66 ans entrant dans le régime d’Assurance chômage. Parmi eux, un rebond notable concernait les 58-60 ans, juste avant l’âge légal de départ en retraite. Avec la réforme repoussant cet âge à 64 ans, ce rebond pourrait encore se décaler dans le temps.
Les règles d’indemnisation sont adaptées à l’âge : il faut avoir travaillé au moins 6 mois sur les 24 derniers (36 si on a 55 ans ou plus). Pour les travailleurs saisonniers, c’est 5 mois sur 24 ou 36 mois selon l’âge. Une fois ces critères remplis, un senior peut être indemnisé jusqu’à 22,5 mois s’il a entre 55 et 57 ans, ou jusqu’à 27 mois à partir de 57 ans.
Des prolongations possibles en fin de droits
Lorsqu’un senior arrive au bout de son indemnisation, il peut, sous certaines conditions, bénéficier d’un complément :
- 182 jours en plus à partir de 55 ans ;
- 228 jours s’il a moins de 57 ans ;
- 273 jours à partir de 57 ans.
En cas de formation validée dans un parcours d’insertion avec France Travail, une rallonge de 4,5 mois (voire 6 mois dans les DOM-TOM) est aussi envisageable.
Des aides différentes selon la situation
Un senior au chômage peut choisir entre plusieurs aides : l’ARE (allocation d’aide au retour à l’emploi) ou l’ASS (allocation de solidarité spécifique), cette dernière étant versée lorsque les droits classiques sont épuisés.
Il est également possible de cumuler ces aides avec une pension de vieillesse ou militaire, jusqu’à l’âge de la retraite à taux plein. Au plus tard, l’indemnisation cesse à 67 ans, sauf si la personne a déjà réuni tous les trimestres nécessaires avant.
Retraite ou chômage : qu’est-ce qui coûte vraiment le plus ?
Depuis le passage de l’âge légal de 62 à 64 ans, les débats se multiplient. Pour certains, il serait logique de basculer les seniors du chômage vers la retraite plus tôt pour alléger les charges. Mais que disent les chiffres ?
Selon l’Unedic, sur 30 milliards d’euros versés en indemnisation en 2022, 7,5 milliards concernaient les 53 ans et plus ; 6,4 milliards les 55 ans et plus ; 3,1 milliards les 60 ans et plus ; et seulement 1,3 milliard les 62 ans et plus.
En clair, les personnes proches de la retraite coûtent moins à l’Assurance chômage que les autres catégories d’âge. Leur nombre étant plus faible et leur durée d’indemnisation plus courte, l’impact budgétaire reste limité.
Le maintien des droits jusqu’à la retraite reste marginal
Il existe une disposition particulière pour les seniors proches de la retraite : le maintien de leurs droits jusqu’à ce qu’ils puissent partir à taux plein. En 2022, cela ne concernait que 21 000 personnes pour un coût total de 400 millions d’euros. Cela représentait à peine 1 % des dépenses d’indemnisation.
Et ce chiffre devrait encore baisser, car ce maintien ne démarre plus à 62 ans comme avant, mais à 64 ans depuis la réforme. Moins de bénéficiaires, donc, et un effet d’économie à la clé pour les finances publiques.
Vers une autre lecture du débat ?
Finalement, l’idée selon laquelle les seniors au chômage représenteraient une lourde charge pour l’État semble exagérée. En regardant les montants alloués aux plus de 62 ans, on constate qu’ils pèsent relativement peu dans les dépenses totales.
Raccourcir leur parcours à l’Assurance chômage en leur ouvrant plus tôt les portes de la retraite ne ferait donc pas forcément économiser plus d’argent. Ce serait surtout une décision politique et sociale, à replacer dans le contexte plus large du vieillissement de la population et de la transformation du monde du travail.
Pour l’heure, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les seniors au chômage sont loin d’être le maillon le plus coûteux du système. Et les pistes de réflexion doivent dépasser les simples calculs budgétaires pour envisager des solutions justes et durables.