Impôts : mariés ou pacsés, votre taux de prélèvement change dès le 1er septembre

Afficher les titres Masquer les titres

À partir de ce lundi, une nouveauté de taille débarque sur la fiche de paie de millions de Français. Fini le taux commun pour les couples mariés ou pacsés : désormais, c’est un taux individualisé qui s’applique au prélèvement à la source. Pour le gouvernement, cette mesure répond à un impératif d’équité fiscale, dans un contexte où les écarts de salaires entre hommes et femmes restent marqués.

Pourquoi ce changement maintenant ?

Jusqu’à présent, les couples soumis à l’impôt partageaient un taux commun, calculé en fonction des revenus du foyer. En pratique, cela signifiait que même le conjoint gagnant le moins pouvait voir son salaire grevé par un prélèvement important. Une situation jugée injuste par de nombreuses associations, mais aussi par la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, qui défend une réforme de justice sociale.

Le 1er septembre marque donc l’entrée en vigueur de ce dispositif : chaque conjoint se voit appliquer un taux adapté à son propre revenu, et non plus au revenu global du ménage. Un petit changement en apparence, mais qui peut faire une grande différence dans la vie quotidienne.

Des inégalités salariales toujours criantes

Si cette réforme a vu le jour, c’est aussi parce que les chiffres parlent d’eux-mêmes. En France, les femmes gagnent en moyenne 22,2 % de moins que les hommes dans le secteur privé. Même à poste et temps de travail identiques, l’écart reste de 4 %. Une réalité qui pèse lourdement lorsqu’il s’agit du prélèvement à la source.

Pour illustrer, le ministère de l’Économie a pris un exemple concret : Julia et Karim, un couple sans enfant. Julia touche 1 600 euros par mois, Karim 3 500. Avec un taux commun de 5,8 %, Julia voyait chaque mois 93 euros disparaître de son salaire, quand Karim en payait 203. Désormais, grâce au taux individualisé, Julia ne versera plus que 6 euros, et Karim 290. Le montant total de l’impôt reste inchangé, mais la répartition est jugée plus juste.

Un mécanisme plus équilibré

Pour la ministre, cette réforme permet aux femmes, souvent moins rémunérées, de ne plus supporter une part disproportionnée de l’impôt du couple. Comme elle le résumait en avril dernier : « Cela permettra aux femmes de payer l’impôt à la juste part de leur contribution aux revenus du foyer ».

En d’autres termes, ce système reconnaît que chaque partenaire n’apporte pas la même contribution financière et ajuste l’impôt en conséquence. Une manière d’éviter que les plus faibles revenus soient découragés par un prélèvement trop lourd.

Un choix toujours possible pour les couples

Attention toutefois : rien n’est obligatoire. Les couples qui préfèrent conserver le taux commun peuvent le faire. Pour cela, il suffit de se connecter à son espace personnel sur le site des impôts, rubrique « Gérer mon prélèvement à la source ». L’administration transmettra alors le nouveau choix à l’employeur, qui dispose de 60 jours pour le mettre en place sur la fiche de paie.

Autre précision : si vous n’avez pas communiqué votre taux personnalisé à votre employeur, rien ne change. Dans ce cas, c’est le taux neutre qui reste appliqué, calculé uniquement sur vos revenus individuels, sans prendre en compte votre situation familiale.

Un pas vers plus d’équité fiscale

Cette mesure, attendue depuis plusieurs mois, s’inscrit dans une volonté plus large de moderniser et d’adapter la fiscalité française. Elle répond aussi à une demande de transparence : chacun voit désormais clairement la part de l’impôt qui lui revient. Pour beaucoup de salariés, cela devrait représenter un souffle au quotidien, même si, au final, le total des impôts du couple reste identique.

Reste à voir si ce dispositif sera bien perçu par l’ensemble des contribuables. Certains saluent une avancée pour l’égalité, d’autres redoutent une complexité supplémentaire dans la gestion de leurs revenus. Quoi qu’il en soit, le gouvernement assume ce choix, estimant qu’il s’agit d’une étape indispensable pour adapter le prélèvement à la source à la réalité des foyers français.

Un changement qui pourrait faire date

Au-delà des chiffres et des calculs, cette réforme pourrait marquer un tournant dans la perception de l’impôt en couple. Là où régnait jusqu’ici une logique de fusion totale des revenus, l’État reconnaît désormais davantage l’individualité de chacun dans le foyer. Une évolution qui reflète aussi les transformations de la société et des mentalités.

À partir de ce 1er septembre, des millions de salariés mariés ou pacsés verront donc apparaître une nouvelle ligne sur leur bulletin de paie. Un changement discret en apparence, mais qui en dit long sur la façon dont la fiscalité s’adapte aux réalités sociales d’aujourd’hui.


Faites passer le mot en partageant !