Héritage entre frères et sœurs : ce dispositif légal permet d’éviter les frais, à condition de respecter 3 critères

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En France, les droits de succession sont souvent vécus comme une véritable douche froide. Plus le lien de parenté est éloigné, plus la facture grimpe. Entre frères et sœurs, l’addition peut rapidement devenir salée, au point de fragiliser des familles déjà éprouvées par un décès. Pourtant, une règle fiscale peu connue permet, dans certains cas précis, d’hériter sans payer le moindre euro. À condition de remplir trois critères très stricts, inscrits noir sur blanc dans la loi.

Pourquoi les droits de succession pèsent si lourd en France

Le système français repose sur un principe simple : plus vous êtes éloigné du défunt, plus vous êtes taxé. Cette logique explique pourquoi les héritiers indirects, comme les frères et sœurs, sont souvent pénalisés.

Le calcul tient compte de deux éléments clés : la valeur de l’héritage et le lien familial. Avant toute taxation, un abattement est appliqué. Mais pour la fratrie, il reste limité, ce qui laisse une large part soumise à l’impôt.

  • enfants et parents bénéficient d’un abattement élevé ;
  • frères et sœurs disposent d’un abattement bien plus faible ;
  • au-delà, les taux d’imposition grimpent très vite ;

Résultat : sans dispositif particulier, la succession entre frères et sœurs peut être taxée jusqu’à 45 %.

Frères et sœurs : ce dispositif légal encore trop méconnu

Il existe pourtant une exonération totale prévue par le Code général des impôts. Peu connue du grand public, elle permet à un frère ou une sœur d’hériter sans payer de droits, si certaines conditions sont réunies.

Cette mesure, instaurée en 2007, vise à protéger les proches qui vivaient réellement avec le défunt et partageaient son quotidien. Elle ne s’applique donc pas automatiquement.

La loi impose trois critères cumulés. Il ne suffit pas d’en remplir un ou deux : les trois sont obligatoires.

Premier critère : avoir vécu sous le même toit

Le premier point concerne la résidence commune. Le frère ou la sœur doit avoir été domicilié avec le défunt de façon continue pendant les cinq années précédant le décès.

Cette condition vise à prouver une véritable vie partagée. Une simple aide ponctuelle ou des visites régulières ne suffisent pas. L’administration fiscale exige une cohabitation réelle et durable.

Les justificatifs peuvent inclure des factures, des attestations ou encore des documents administratifs prouvant la même adresse.

Deuxième critère : une situation familiale précise

Le second critère porte sur la situation personnelle de l’héritier. Au moment du décès, il doit être :

  • célibataire ;
  • veuf ou veuve ;
  • divorcé ou séparé de corps ;

Les personnes mariées ou vivant en couple ne peuvent pas bénéficier de cette exonération. La loi considère qu’elles disposent déjà d’un autre soutien financier.

Troisième critère : l’âge ou l’état de santé

Enfin, le dernier critère concerne l’âge ou la santé. L’héritier doit soit avoir plus de 50 ans, soit être atteint d’une infirmité l’empêchant d’exercer une activité professionnelle.

Ce point vise à protéger les personnes considérées comme plus vulnérables, pour qui la perte d’un proche représente aussi un risque financier.

Si ces trois conditions sont réunies, l’exonération est totale, quelle que soit la valeur de l’héritage.

Les autres cas d’exonération à connaître absolument

La fratrie n’est pas la seule à bénéficier de règles particulières. Le droit français prévoit d’autres exceptions fiscales souvent ignorées.

  • les conjoints survivants et partenaires de PACS sont totalement exonérés ;
  • les personnes en situation de handicap bénéficient d’un abattement spécifique important ;
  • certains dons familiaux d’argent peuvent être transmis sans taxation ;
  • les biens professionnels ou agricoles profitent parfois d’allègements spécifiques ;

Ces dispositifs peuvent se cumuler selon les situations, ce qui change considérablement le montant final à payer.

Ce qu’il faut retenir avant d’agir

Cette exonération entre frères et sœurs reste rare, car les critères sont exigeants. Mais lorsqu’elle s’applique, elle permet d’éviter une taxation très lourde et parfois injuste.

Chaque succession étant unique, il est fortement conseillé de se tourner vers un notaire ou un conseiller fiscal. Un simple rendez-vous peut révéler des solutions insoupçonnées et éviter de payer plus que nécessaire.

Dans un contexte où les droits de succession sont parmi les plus élevés d’Europe, connaître ces règles peut faire toute la différence. Parfois, la loi offre des portes de sortie… encore faut-il savoir qu’elles existent.


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