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Le Livret A reste un pilier de l’épargne en France. Mais malgré sa popularité historique, un autre livret pourrait bien lui voler la vedette d’ici la fin de l’année. Et c’est la Banque de France elle-même qui le dit. Alors que les Français y placent encore massivement leur argent, une alternative plus avantageuse gagne du terrain, lentement mais sûrement.
Un placement encore apprécié, mais de moins en moins rentable
Le Livret A a longtemps été vu comme un refuge sûr : accessible à tous, sans condition de revenus ni d’âge, avec une disponibilité totale des fonds et une garantie de l’État. Son plafond est fixé à 22 950 euros, et les dépôts peuvent se faire librement, par virement, espèces ou prélèvement.
Depuis février 2023, son taux d’intérêt est gelé à 3 % net jusqu’à février 2026, une décision politique visant à stabiliser les revenus des épargnants malgré les soubresauts de l’économie. En théorie, ce taux s’appuie sur l’inflation et les taux interbancaires, mais le gouvernement peut le fixer librement en cas de conjoncture particulière.
En 2025, l’inflation ralentit, ce qui redonne un peu de souffle au rendement du Livret A. On est loin de 2022, où les prix s’envolaient plus vite que les intérêts. De plus, les intérêts sont exonérés d’impôts et de prélèvements sociaux, un atout non négligeable.
À ce jour, plus de 410 milliards d’euros y sont déposés. Et cet argent est loin de dormir : il contribue à financer le logement social, les infrastructures publiques ou encore des projets liés à la transition écologique. Cette dimension sociale lui donne une place à part dans l’univers des placements français.
Un nouveau champion de l’épargne : le LEP
Mais le Livret A va connaître un coup de froid. Dès le 1er août, son taux va chuter à 1,7 %. Une baisse importante, alors même que ce placement reste le plus utilisé. Pourtant, une alternative bien plus intéressante existe : le Livret d’épargne populaire (LEP), souvent méconnu.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, l’a affirmé : « Le LEP est aujourd’hui le produit le plus avantageux de l’épargne réglementée ». Contrairement à certaines idées reçues, il ne s’adresse pas à une élite restreinte, mais à une très large partie de la population.
Le LEP est soumis à des conditions de revenus : 22 823 euros par an pour une personne seule ; un peu plus de 35 000 euros pour un couple. Environ 31 millions de Français sont éligibles, mais seuls 12 millions l’ont ouvert. Un paradoxe, alors même qu’il offre un rendement bien supérieur.
À partir d’août, alors que le Livret A sera limité à 1,7 %, le LEP proposera un taux de 2,7 %. Un gain réel dans un contexte d’inflation modérée (0,9 % au premier semestre). Comme le Livret A, il est disponible à tout moment et sans impôt.
Pourquoi le LEP reste sous-utilisé
Malgré ses avantages, le LEP reste en retrait, principalement en raison d’un plafond plus bas : 10 000 euros contre 22 950 pour le Livret A. Un frein pour certains, mais pas de quoi décourager ceux qui cherchent un meilleur rendement.
La Banque de France espère bien inverser la tendance. Cinq millions de nouveaux LEP ont été ouverts entre 2021 et 2024, mais sept millions de Français éligibles n’en profitent toujours pas. « Nous avons fait beaucoup de progrès dans la diffusion du LEP, mais pas encore assez », admet le gouverneur.
Faut-il alors vider son Livret A pour alimenter un LEP ? Pas forcément. Les deux livrets peuvent coexister intelligemment. Le Livret A reste un outil utile pour les montants plus élevés ou pour les projets à plus long terme, tandis que le LEP permet d’optimiser une partie de son épargne en toute sécurité.
Le vrai frein semble surtout être l’information : beaucoup de Français ne savent tout simplement pas qu’ils sont éligibles. Ce n’est pas le désintérêt qui bloque, mais l’ignorance des conditions d’accès.
Vers une nouvelle stratégie d’épargne ?
À l’heure où le Livret A voit sa rémunération baisser, et où les incertitudes économiques appellent à la prudence, le LEP s’impose comme une solution de bon sens pour les foyers modestes ou de classe moyenne. Il coche toutes les cases : rentabilité, sécurité, disponibilité et simplicité.
Plutôt que de laisser son argent perdre de la valeur sur un placement moins performant, il devient stratégique de répartir son épargne entre les deux produits. Une manière simple d’optimiser ses économies, sans renoncer à la sécurité ni à la souplesse.
En définitive, le LEP ne remplacera pas le Livret A, mais il pourrait devenir son parfait complément pour des millions de Français qui, sans le savoir, passent à côté d’un meilleur rendement. Reste à franchir le pas…