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Une réforme dans les cartons pourrait bien venir chambouler le budget de nombreux ménages. Le gouvernement cherche à faire des économies, et cette fois, c’est le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile qui est dans le viseur. Ce dispositif, utilisé par des millions de Français pour alléger la facture des services à domicile, pourrait être réduit, voire supprimé dans certains cas. Tour d’horizon d’une mesure qui fait débat, et qui pourrait peser lourd dans la balance des dépenses familiales.
Un coup de rabot budgétaire attendu dès 2026
Le gouvernement a annoncé vouloir économiser près de 40 milliards d’euros dès l’année prochaine. Pour y parvenir, plusieurs pistes sont à l’étude, et parmi elles, une révision du crédit d’impôt qui concerne les particuliers employeurs. Ce mécanisme permet actuellement de récupérer 50 % des sommes engagées pour rémunérer une aide à domicile. Une aide bien utile, mais qui représente aussi un coût pour l’État : entre 6,7 et 7 milliards d’euros par an.
Dans cette optique, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, mène la réflexion sur les changements possibles, accompagnée de la Cour des comptes et du Crédoc. L’objectif : cibler les dépenses considérées comme « de confort » et préserver les aides aux personnes les plus vulnérables.
Quels métiers sont concernés ?
Le crédit d’impôt s’applique aujourd’hui à une large palette de 26 métiers liés aux services à la personne. Cela va du ménage au repassage, en passant par le jardinage, les cours à domicile ou encore les services de petit bricolage. Même les coachings sportifs ou les frais de garde d’enfants peuvent en bénéficier.
Cependant, certains secteurs pourraient être épargnés par la réforme. La garde d’enfants et l’accompagnement des personnes âgées devraient rester prioritaires, selon les premières pistes évoquées.
Comment fonctionne le crédit d’impôt aujourd’hui ?
Actuellement, les ménages peuvent déduire jusqu’à 50 % des dépenses engagées dans l’année, dans la limite de 12 000 euros, voire 15 000 euros pour les familles avec enfants. Une aide non négligeable qui permet à de nombreux foyers d’accéder à ces services, tout en déclarant leurs salariés en toute légalité.
Mais selon la députée Christine Pirès-Beaune, il serait pertinent de recentrer l’aide vers les foyers modestes, jeunes parents ou personnes en perte d’autonomie. La Cour des comptes va encore plus loin : elle propose de baisser le taux à 40 % pour certaines prestations jugées secondaires, et de limiter le plafond à 3 000 euros pour les activités comme le jardinage ou le bricolage.
Une mesure qui inquiète fortement
Cette réforme ne fait pas l’unanimité. Pour Julie l’Hotel Delhoume, avocate et présidente de la Fédération des Particuliers Employeurs, c’est une décision qui pourrait avoir des conséquences graves : « Ce serait dramatique pour les familles et pour les employés à domicile ». Elle rappelle que ce dispositif a permis de lutter efficacement contre le travail non déclaré, passé de 50 % à seulement 20 % en 30 ans.
Une étude menée avec le Crédoc révèle que 77 % des Français pourraient arrêter de déclarer leur salarié à domicile si l’aide était réduite. Une telle réaction provoquerait un retour massif au travail au noir, avec tout ce que cela implique en termes de perte de droits, de couverture sociale et de recettes fiscales.
Un contexte budgétaire sous haute tension
Les niches fiscales coûtent aujourd’hui 85 milliards d’euros à l’État chaque année. Pour le gouvernement, revoir certains avantages fiscaux est devenu inévitable. Une réduction ciblée pourrait permettre de récupérer environ 8,5 milliards d’euros, sans toucher aux secteurs les plus sensibles. Mais le débat est loin d’être tranché.
Une décision très attendue cet été
Le sort du crédit d’impôt devrait être scellé courant juillet 2025. Le Premier ministre annoncera ensuite les grandes lignes du budget 2026. Pour Amélie de Montchalin, l’enjeu est clair : « Il faut optimiser nos ressources publiques, sans casser les outils qui fonctionnent ».
En attendant, les particuliers employeurs croisent les doigts. Car derrière cette ligne budgétaire se cachent des réalités bien concrètes : l’aide à une personne âgée, la nounou qui permet de travailler sereinement, ou encore le jardinier qui évite les accidents. Cette réforme pourrait bien redessiner le quotidien de millions de Français.