RSA : coup dur pour les allocataires avec l’inscription automatique à France Travail

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Depuis le début de l’année 2025, une réforme importante du RSA bouleverse la vie de ses bénéficiaires. Tous les allocataires sont désormais automatiquement inscrits sur France Travail, la nouvelle plateforme nationale d’accompagnement vers l’emploi. Cette mesure vise à encourager le retour à l’activité professionnelle, mais elle suscite aussi beaucoup d’interrogations et de craintes chez ceux qui vivent grâce à cette aide. On fait le point sur ce que cela change vraiment.

Le RSA, un filet de sécurité en pleine évolution

Le revenu de solidarité active (RSA) est une aide essentielle pour de nombreux foyers français, souvent la seule source de revenu pour des millions de personnes. En 2024, près de 1,84 million de Français en bénéficiaient. Par exemple, un couple avec deux enfants pouvait toucher environ 1 335 euros par mois, tandis qu’une personne seule percevait autour de 636 euros. Mais en 2025, les règles ont changé.

Depuis quelques mois, une expérimentation dans près de 50 départements imposait aux allocataires de justifier d’au moins 15 à 20 heures d’activité hebdomadaire pour conserver leurs droits. Cette mesure, controversée, est devenue la règle sur tout le territoire depuis janvier 2025. L’objectif affiché par l’État est d’inciter les bénéficiaires à renouer avec le monde du travail, en évitant qu’ils s’installent dans une dépendance durable aux aides sociales.

Inscription automatique à France Travail : ce que ça veut dire

Un changement majeur avec cette réforme : tous les allocataires du RSA sont désormais automatiquement inscrits comme demandeurs d’emploi sur France Travail, plateforme créée pour simplifier le suivi des personnes en parcours d’insertion professionnelle. Jusqu’ici, seuls 40 % des bénéficiaires faisaient cette démarche, aujourd’hui, c’est automatique pour tous.

Les nouveaux inscrits sont classés dans une « catégorie G », appelée aussi catégorie d’attente. Leur dossier est ensuite examiné, et certains sont orientés vers la « catégorie F », destinée aux personnes engagées dans un parcours d’insertion sociale. Cette nouvelle organisation vise à mieux cibler l’accompagnement selon la situation de chacun.

Environ 1,2 million de bénéficiaires ont ainsi rejoint France Travail depuis le début de l’année. Cette inscription s’accompagne d’une autre nouveauté : la signature obligatoire d’un « contrat d’engagement ».

Le contrat d’engagement : un pacte pour l’insertion

Ce contrat est un document officiel qui fixe les objectifs d’insertion adaptés à chaque allocataire. Il prévoit notamment que les bénéficiaires doivent accomplir des activités entre 15 et 20 heures par semaine. Ces actions peuvent prendre plusieurs formes :

  • participer à des entretiens réguliers avec un conseiller ;
  • suivre des formations professionnelles ou générales ;
  • effectuer des stages ou des missions d’insertion.

L’idée est claire : relancer le rythme d’activité des allocataires et leur offrir un accompagnement personnalisé pour faciliter leur retour à l’emploi. Le non-respect de ce contrat peut entraîner une suspension ou une réduction du RSA, ce qui met une pression supplémentaire sur les bénéficiaires.

Des résultats encourageants malgré les critiques

Les premiers bilans montrent que cette approche commence à porter ses fruits. Un rapport du ministère du Travail révèle que parmi les 70 000 allocataires ayant testé le dispositif en début d’année, 54 % ont travaillé au moins une fois et la moitié d’entre eux ont trouvé un emploi durable. Ce dispositif semble donc aider à restaurer la confiance en soi et à redonner une capacité d’agir aux personnes en difficulté.

Cependant, cet accompagnement personnalisé a un coût. Il varie entre 600 et 1 200 euros par bénéficiaire, mais peut grimper jusqu’à 4 000 euros pour des profils particulièrement éloignés du marché du travail. Ce point soulève des questions sur la pérennité de la mesure et son impact réel sur le chômage, qui s’élevait à 7,4 % au troisième trimestre 2024 selon l’Insee.

Une réforme qui divise les opinions

Cette nouvelle organisation fait beaucoup parler. Pour l’État, il s’agit d’une manière pragmatique de remettre les allocataires sur le chemin de l’emploi. Pour d’autres, cette obligation d’activité obligatoire est vécue comme une pression supplémentaire, voire une stigmatisation des plus précaires.

En effet, certains dénoncent un dispositif qui pourrait exclure ceux qui ne sont pas en capacité de respecter ces exigences, que ce soit pour des raisons de santé, de garde d’enfants ou autres difficultés personnelles. La question reste ouverte : comment trouver l’équilibre entre soutien et exigence dans un contexte social déjà fragile ?

Vers un avenir incertain pour le RSA

Cette réforme marque une étape importante dans la manière dont la France accompagne ses citoyens en difficulté. Automatiser l’inscription à France Travail et imposer un contrat d’engagement changent la donne, en responsabilisant davantage les allocataires.

Si les premiers chiffres montrent un certain succès, il faudra attendre les prochains mois pour voir si ce système est réellement efficace sur le long terme, et s’il peut être amélioré pour mieux prendre en compte les situations individuelles.

Dans tous les cas, cette réforme rappelle que le RSA, plus qu’une simple aide financière, est désormais un outil d’accompagnement avec ses devoirs et ses exigences, au cœur d’un débat sociétal toujours très animé.


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