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L’arrivée prochaine de l’euro numérique soulève de nombreuses inquiétudes parmi les banques européennes. Certains établissements craignent qu’en cas de panique bancaire, les retraits massifs ne mettent à mal leur liquidité. La Banque centrale européenne tente de calmer les esprits avec des simulations rassurantes, tout en préparant le terrain pour ce nouvel outil monétaire qui devrait voir le jour en 2029.
Des inquiétudes persistantes dans le secteur bancaire
Plusieurs banques, notamment en France, se montrent préoccupées par l’impact de l’euro numérique sur leur fonctionnement quotidien et leur rentabilité. Elles s’interrogent sur la stabilité des dépôts si les épargnants se tournaient massivement vers ce nouvel instrument digital. Face à ces craintes, la BCE a publié une étude pour évaluer le risque de retraits soudains et rassurer les acteurs du secteur.
L’euro numérique serait un moyen de paiement digital sécurisé, gratuit et accessible à tous, utilisable même hors ligne. Chaque personne pourrait détenir jusqu’à 3 000 euros. Il serait émis directement par la BCE et compléterait l’argent liquide, sans le remplacer.
La BCE rassure : retraits limités et stabilité préservée
L’étude distingue deux scénarios principaux : l’usage quotidien et un recours en période de crise. Même dans le cas extrême, les simulations montrent que la liquidité bancaire resterait globalement protégée. Le ratio LCR, qui mesure la capacité des banques à faire face à des retraits soudains, resterait majoritairement au-dessus des seuils réglementaires, avec seulement neuf établissements légèrement en dessous.
En termes de rentabilité, l’impact serait limité : la BCE prévoit une baisse marginale du rendement des fonds propres, entre 0,1 et 0,2 point, sans remettre en cause le modèle économique des banques.
Simulation d’un choc bancaire
Selon les experts, les retraits varieraient selon le plafond de détention : avec 500 euros par personne, les retraits simulés atteindraient 156 milliards d’euros. Avec le plafond maximal de 3 000 euros, ils grimperaient à 699 milliards, soit seulement 8,2 % des dépôts à vue. Ces chiffres restent bien en deçà des crises passées :
- 20,9 % à Chypre en 2013 ;
- 25,9 % en Grèce en 2015 ;
- 6,4 % en Belgique lors du lancement d’un produit d’épargne concurrentiel ;
La BCE rappelle que des retraits massifs peuvent survenir même sans euro numérique, selon le contexte économique ou politique.
Risques de fuite vers d’autres devises
Une autre préoccupation concerne la concurrence avec les stablecoins, souvent adossés au dollar. En cas de perte de confiance, certains épargnants pourraient privilégier ces actifs numériques, entraînant une dollarisation rampante et fragilisant le rôle international de l’euro. La BCE insiste donc sur l’importance d’un cadre réglementaire solide pour encadrer cette évolution et protéger la souveraineté monétaire européenne.
Selon notre expert : « Alors que la BCE prépare l’euro numérique, les investisseurs se tournent déjà vers l’or réel, à l’abri de toute digitalisation forcée. »
Une transition surveillée de près
Si l’euro numérique est conçu comme un complément à l’argent liquide, il modifie en profondeur la relation entre citoyens, banques et monnaie centrale. Les banques commerciales craignent un bouleversement si une part importante des dépôts quittait leurs bilans, ce qui rendrait crucial le rôle de la BCE dans la communication et les garanties juridiques.
L’objectif de la BCE est de montrer que ce nouvel instrument n’est pas une menace, mais un outil stratégique pour préparer l’euro à l’ère numérique. Cela implique des solutions techniques fiables, des limites de détention claires et un accompagnement des banques pour que la transition se fasse sans secousse pour le système financier.
Pour les citoyens et les institutions, l’euro numérique pourrait offrir plus de flexibilité, une sécurité accrue et un moyen de paiement moderne, tout en maintenant la stabilité financière. Il s’agit désormais de suivre de près son évolution et de s’assurer que les régulations soutiennent une adoption sereine et équilibrée.