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Qui n’a jamais rêvé de profiter de la vie sans passer ses journées au bureau ? Faut-il forcément être multimillionnaire pour se lancer dans ce style de vie ? On a fait le calcul pour comprendre ce qu’il en coûterait réellement de vivre sans emploi.
Le rêve français du rentier perdure
Depuis les années 2000, la Française des jeux a popularisé le fantasme de la vie libre grâce à ses spots télévisés cultes « Au revoir président » et « C’est le jeu ma pauvre Lucette ». L’un montrait un salarié en caleçon s’invitant à la réunion du comité de direction pour dire adieu à ses patrons, l’autre une main tirant au hasard sa destination de vacances. Ces images ont marqué les esprits et incarnent toujours le désir de se libérer des contraintes du travail.
Vingt ans plus tard, ce rêve n’a pas perdu de sa popularité : 62 % des Français aspirent encore à devenir rentiers, selon un sondage Ifop de septembre 2023 auprès de 1 015 adultes. *« Le rêve d’être rentier est vieux comme la France moderne. Toute la littérature du XIXe siècle en parle. C’est un sujet que nous voyons beaucoup sur notre forum et particulièrement en ce moment »,* explique Maxime Chipoy, président du site Moneyvox spécialisé dans les questions financières.
Combien faut-il vraiment pour vivre sans travailler ?
Selon l’enquête Ifop, la somme moyenne estimée pour vivre librement sans emploi est de 26 millions d’euros. Pour ceux gagnant entre 900 et 1 300 € par mois, le chiffre grimpe à 45 millions, tandis que les revenus supérieurs à 2 500 € se contenteraient de 17,6 millions. Ces montants dépendent bien sûr du train de vie souhaité et du nombre d’années à financer.
Pour mettre les choses en perspective, l’Observatoire des inégalités estime qu’une personne seule est considérée comme riche à partir de 3 762 € mensuels. Un couple sans enfant doit gagner 5 700 €, et un couple avec deux enfants de plus de 14 ans atteint 9 400 €. Certains conseillers en gestion de patrimoine recommandent des revenus annuels plus modestes de 20 000 à 30 000 €, suffisants pour vivre décemment, soit autour de 1 630 € par mois pour une personne seule.
Capital de départ et options
Le projet d’une vie sans travail dépend avant tout d’un capital initial. Avec 1 million d’euros placé et en vivant sur ce capital, il est possible de se réserver 2 000 € par mois pendant plus de 41 ans. Mais la plupart des rentiers préfèrent conserver leur capital et générer des revenus grâce aux intérêts. *« Il faut que vous placiez un million et qu’il vous rapporte 3 % si vous voulez gagner 30 000 € par an »,* explique Maxime Chipoy.
Pour limiter les risques et maximiser les gains, il est conseillé de diversifier les placements : actions, livrets d’épargne, assurances vie, immobilier… Chaque investissement a ses avantages et ses contraintes, mais la combinaison permet de sécuriser un revenu régulier.
Prendre en compte l’inflation
Un million d’euros peut sembler suffisant, mais l’inflation change la donne. *« Dans vingt ans, votre million n’aura plus la même valeur et 30 000 € ne vous suffiront peut-être plus »,* avertit Maxime Chipoy. Avec une inflation à 5 %, il faudrait viser un rendement de 8 % pour conserver son capital tout en se versant un revenu. Un objectif difficile sans prendre de risques importants.
Selon les experts, il est plus sûr de partir avec 2 millions d’euros pour vivre des intérêts sur le long terme, à condition de maintenir un train de vie raisonnable et que l’inflation reste modérée. Sinon, le rêve d’une vie totalement libérée du travail reste inaccessible à beaucoup. *« Ce n’est pas obligé d’arrêter de travailler à 100 %. Un mi-temps peut être un excellent compromis »,* rassure Maxime Chipoy.
Conclusion pratique
Vivre sans travailler est un rêve partagé, mais la réalité financière varie fortement selon le style de vie choisi, les revenus existants et la capacité à gérer un capital. Même avec un million ou deux d’euros, il faut planifier, investir et anticiper l’inflation pour que l’indépendance soit durable. Un peu de stratégie, un peu de prudence, et le rêve peut se rapprocher de la réalité.