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En France, de plus en plus de seniors ont du mal à retrouver un travail après 55 ans. Pourtant, un vent de changement souffle. Un nouveau projet de loi vient bousculer les habitudes, avec des mesures concrètes pour accompagner ces profils expérimentés vers un retour durable à l’emploi. Et cette fois, l’Assemblée nationale s’est saisie du dossier avec détermination.
Les plus de 55 ans toujours à la peine sur le marché du travail
Les chiffres récents de l’Insee montrent un paradoxe : si le taux de chômage des 55-64 ans était d’environ 5,3 % en 2023 – un niveau plus bas que la moyenne nationale –, cela ne reflète pas la réalité de terrain. Car les seniors restent souvent sans emploi plus longtemps, et quittent souvent Pôle emploi faute d’avoir retrouvé un poste, ou parce qu’ils renoncent tout simplement à chercher.
Avec l’âge, les obstacles se multiplient : les employeurs hésitent à recruter, les formations sont parfois inadaptées, et l’expérience accumulée ne colle pas toujours aux besoins actuels du marché. Conséquence : les seniors sont surreprésentés parmi les chômeurs de longue durée, avec une ancienneté bien plus élevée que les jeunes actifs.
Un plan sur la table pour redonner leur place aux seniors
Pour répondre à ce constat, un projet de loi sur l’emploi des seniors est actuellement en discussion à l’Assemblée nationale. Ce texte, déjà validé à l’unanimité par le Sénat début juin, découle d’accords passés entre syndicats et patronat en novembre 2024. Il vise un objectif clair : favoriser le maintien en poste et améliorer les conditions de retour à l’emploi après 55 ans.
Un CDI senior pour valoriser l’expérience
La mesure phare de ce projet, c’est la création du « Contrat de Valorisation de l’Expérience » (CVE), surnommé le CDI senior. Ce contrat s’adressera aux demandeurs d’emploi de plus de 60 ans. Ou dès 57 ans, si un accord de branche l’autorise. Il prendra automatiquement fin dès que le salarié atteint l’âge légal de départ à la retraite avec tous ses droits ouverts.
Ce CDI présente aussi un avantage pour les employeurs. Pendant trois ans après la mise en application de la loi, ils seront exonérés de la contribution patronale de 30 % sur les indemnités de mise à la retraite. Une manière d’encourager les entreprises à parier sur l’expérience, sans alourdir leur budget.
Un rendez-vous de mi-carrière imposé par la loi
Autre nouveauté importante : l’instauration d’un « rendez-vous de mi-carrière ». Ce moment obligatoire, prévu autour de 45 ans, combinera un entretien professionnel et une visite médicale. Objectif : anticiper les évolutions de parcours, prévenir l’usure professionnelle et envisager, si besoin, des ajustements ou une reconversion.
En parallèle, les entreprises de plus de 300 salariés ainsi que les branches professionnelles devront, tous les quatre ans, entamer des négociations sur l’emploi des profils expérimentés. Une obligation qui vise à faire bouger les lignes en profondeur dans les organisations.
Des changements dans l’assurance chômage
Le projet de loi intègre aussi une mesure qui va impacter l’indemnisation chômage. La durée minimale d’affiliation pour ouvrir des droits passera de six à cinq mois pour les nouveaux entrants sur le marché du travail. Ce changement s’inscrit dans la nouvelle convention d’assurance chômage, et nécessite une validation législative pour être mise en œuvre.
Le CPF mobilisable pour une reconversion
Enfin, le texte prévoit une souplesse supplémentaire pour les seniors en reconversion : le compte personnel de formation (CPF) pourra désormais être utilisé à hauteur de 50 % pour financer un nouveau projet professionnel, à l’initiative de l’employeur mais avec l’accord du salarié. Une mesure qui pourrait faire la différence dans des carrières en transition.
Ce plan global veut redonner aux seniors toute leur place dans le monde professionnel. Valoriser l’expérience, accompagner les reconversions, réduire les freins à l’embauche : le chantier est vaste, mais l’intention est claire. Reste maintenant à voir si ces outils seront bien mis en œuvre dans les mois à venir.