Portail de l’accueil temporaire

et des relais aux aidants

Vous êtes iciActualitésUn appel pour les personnes handicapées

Un appel pour les personnes handicapées

Le 29 octobre 2020
Monsieur Jean Castex Premier ministre

Monsieur le Premier ministre,

La situation sanitaire actuelle a obligé le Président de la République à confiner à nouveau le pays. Cette décision, difficile à prendre, difficile à vivre, est aussi prise pour protéger nos concitoyens les plus fragiles en raison de leur état de santé ou de leur situation de handicap.
Si toutes les personnes en situation de handicap ne sont pas vulnérables, il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre d’entre elles sont dans des situations sociales, sanitaires ou économiques extrêmement difficiles et pour lesquelles ce confinement, même partiel, constitue une nouvelle épreuve.

En effet, le premier confinement avait déjà exacerbé des situations préexistantes c’est la raison pour laquelle le Collectif Handicaps vous alerte sur les points suivants qui soulèvent des questions qui inquiètent voire angoissent les personnes en situation de handicap, leurs familles et leurs proches aidants :

• Le refus de soin n’est pas tolérable
En France, même en temps de crise sanitaire grave, le handicap ne peut être un critère de refus de soin. En outre, des personnes malades peuvent avoir besoin d’une tierce personne pour les accompagner dans les soins, des modalités particulières doivent donc être prises à la fois pour la personne mais aussi pour le personnel soignant.

• L’accompagnement ne peut pas être stoppé brutalement et sans alternative
Les personnes nécessitant des besoins d’accompagnement complexes ne peuvent se voir imposer du jour au lendemain un arrêt brutal de leur accompagnement en établissement médico-social ou par un service à domicile. L’arrêt de l’accompagnement peut signifier une mise en danger des personnes, un isolement social grave ou demander aux familles un investissement personnel important engendrant un épuisement total aggravant ainsi les troubles et séquelles laissées par le premier confinement.
Les aidants doivent être accompagnés et se voir offrir des solutions de répit, tout particulièrement pendant la crise. Les solutions doivent être coordonnées sur un territoire, sans distinctions de financeurs.

En outre, des situations familiales peuvent se dégrader économiquement et socialement si des parents sont confrontés à un manque de solution pour leurs enfants, les obligeant à arrêter leur activité professionnelle pour les garder à domicile.

• Les professionnels doivent pouvoir travailler en toute sécurité et en confiance
Les employeurs doivent pouvoir fournir les équipements nécessaires pour que les professionnels assurent un accompagnement continu avec une qualité satisfaisante. Il en va de la dignité comme de la sécurité physique et sanitaire des personnes accompagnées.
L’attractivité de ces métiers du secteur médico-social doit être renforcée d’urgence, sous peine de voir les ESMS incapables de faire face à des difficultés accrues.

• L’école et tous les lieux d’apprentissage doivent rester ouverts aussi pour les enfants en situation de handicap comme pour les autres, avec les accompagnements nécessairesLes équipes pédagogiques doivent être en mesure de remplir leurs missions auprès de ces enfants, ce qui suppose que des informations claires et précises leurs soient apportées sur ces points.
La continuité de l’accompagnement par les professionnels qui suivent les enfants, par les professionnels du médico-social et les libéraux, devra être assurée. L’accès aux activités périscolaires (restauration, garderie, études, transport, etc.) doit également être garanti pour les enfants en situation de handicap.

• Le télétravail encouragé doit être possible aussi pour les travailleurs en situation de handicap
Le télétravail va devenir à nouveau la règle à cause de la pandémie. Des salariés handicapés peuvent avoir besoin d’une adaptation de leur équipement ou d’un aménagement de leur temps de travail. Le gouvernement doit donc inciter les employeurs à adapter les matériels de leurs salariés en situation de handicap.

• Toutes les informations officielles liées à la covid-19 doivent être accessibles
L’information et particulièrement en période de crise est un élément indispensable pour comprendre la situation actuelle. Toutes les communications officielles doivent être accessibles pour les personnes en situation de handicap auditif, visuel, intellectuel, etc. ce qui nécessite entre autres de faire appel à des interprètes en langue des signes, à transcrire les informations par écrit (sous-titrage) et en FALC.

• Les premières dérogations doivent perdurer
Le Collectif Handicaps salue l’annonce faite par le Président de la République du maintien des dérogations faites lors du premier confinement pour les personnes en situation de handicap. Des dérogations ou des tolérances seront en effet nécessaires pour des personnes qui auront besoin de sortir en raison de leur handicap ou encore des personnes qui n’auront pas ou mal rempli leur attestation de sortie.

En somme, le Collectif Handicaps vous demande de :

  1. Permettre une continuité de l’accompagnement médico-social pour les personnes en situation de handicap afin de prévenir toute régression et situation d’isolement ;
  2. Soutenir les aidants pour faire face à leur épuisement ;
  3. Assurer la continuité des enseignements scolaires pour les élèves en situation de handicap ;
  4. Garantir l’accès aux soins pour tous et sans inégalités de traitement, ainsi que l’accès aux biens de premières nécessités, au moyen de paiement en liquide ;
  5. Assurer la continuité du travail au sein des ESAT afin de prévenir toute désocialisation ou perte de compétences socio-professionnelles des travailleurs ;
  6. Prévoir les modalités pour permettre de travailler à domicile par l’adaptation des équipements de travail et la mise à disposition de dispositifs d’accessibilité ;
  7. Rendre l’information accessible ;
  8. Accepter toute dérogation de sortie pour les personnes handicapées qui en ont besoin ;
  9. Former les forces de l’ordre pour l’accueil des personnes avec troubles du neurodéveloppement (handicap intellectuel, cognitif) ou en situation complexe de communication aggravée par le port du masque (personnes sourdes ou malentendantes)

Nous affrontons une deuxième vague. Il y en aura peut-être d’autres. Nos associations se tiennent à votre disposition pour co-construire avec vous les solutions d’urgence à imaginer et la société de demain : une société du prendre soin, solidaire et réellement inclusive.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre plus haute considération.
Arnaud de Broca
 

Documents, liens

X

CAPTCHA

Veuillez cocher cette case pour vérifier que vous n'êtes pas un robot !
2 + 1 =
Trouvez la solution de ce problème mathématique simple et saisissez le résultat. Par exemple, pour 1 + 3, saisissez 4.