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La nouvelle est tombée et elle fait réagir bien au-delà de ce petit village de Dordogne. Un médecin généraliste, installé depuis plus de vingt ans à Piégut-Pluviers, a été interdit d’exercer pendant tout le mois de décembre. En cause : la délivrance d’un certificat médical antidaté pour justifier l’absence d’un élève au collège.
Une sanction lourde, qui intervient en pleine période épidémique et qui inquiète aussi bien les patients que la municipalité. Le praticien a dû fermer son cabinet du 1er au 31 décembre, laissant de nombreux habitants sans leur médecin habituel.
Une sanction disciplinaire prononcée par l’Ordre
La décision a été prise par la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine. Le praticien a écopé de trois mois d’interdiction d’exercer, dont deux avec sursis. Concrètement, il lui est donc interdit de travailler pendant un mois complet.
L’Ordre lui reproche d’avoir délivré un certificat de complaisance, un document médical établi sans justification valable. Un manquement considéré comme sérieux sur le plan déontologique.
Dans cette affaire, l’Ordre a estimé que le médecin avait franchi une ligne rouge, même si l’acte peut sembler anodin aux yeux du grand public.
Un certificat antidaté pour une absence scolaire
Selon les informations relayées par ICI Périgord, le généraliste aurait fourni un certificat scolaire antidaté à un enfant, afin de couvrir une absence au collège.
L’affaire ne s’arrête pas là. Engagée dans une procédure de divorce, la mère de l’enfant aurait présenté plusieurs certificats médicaux provenant du même médecin. Certains auraient été faux, d’autres antidatés.
Le praticien affirme ne pas être à l’origine de l’ensemble de ces documents. Mais il n’a pas souhaité porter plainte contre la mère de l’enfant. Une décision qui a pesé lourd dans l’analyse de l’Ordre.
Une notion de « complicité de fraude » retenue
Pour l’institution ordinale, le refus du médecin de saisir la justice a contribué à le rendre complice de fraude. C’est sur ce point précis que la sanction s’est durcie.
L’Ordre lui reproche également de ne pas avoir transmis le dossier médical de l’enfant à son père, comme la loi l’y oblige dans certaines situations familiales.
Autant d’éléments qui ont conduit la juridiction disciplinaire à prononcer une interdiction temporaire d’exercer.
Le médecin reconnaît une erreur de jugement
Interrogé par ICI Périgord, le généraliste a reconnu les faits sur un point précis. Il admet avoir rédigé un certificat antidaté « pour arranger la mère de l’enfant ».
« J’ai manqué de prudence », a-t-il déclaré, assumant une erreur professionnelle sans chercher à la minimiser.
Le praticien explique toutefois qu’il n’a jamais eu l’intention de frauder ni de nuire, et qu’il a agi dans un contexte humain délicat.
Des patients pénalisés en pleine période épidémique
La sanction suscite une vive inquiétude dans la commune. Le cabinet médical étant fermé, de nombreux patients se retrouvent sans solution de proximité.
Le médecin déplore surtout l’impossibilité de se faire remplacer durant sa suspension. Une situation qu’il juge injuste pour ses patients.
« Que je sois condamné moi, oui. Mais que mes patients soient condamnés, non », a-t-il déclaré, dénonçant une décision aux conséquences lourdes pour la population locale.
Un appel engagé contre la décision
Le généraliste a décidé de faire appel de la sanction prononcée par l’Ordre. Il espère obtenir un aménagement, notamment concernant le remplacement pendant la période d’interdiction.
Cette affaire relance le débat sur la déontologie médicale et les limites à ne jamais franchir, même lorsqu’il s’agit d’« arranger » une situation personnelle.
Elle rappelle aussi que, pour les médecins, un simple certificat peut avoir des conséquences bien plus lourdes qu’il n’y paraît.

