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L’automne 2025 a vu circuler sur TikTok une vidéo largement partagée, affirmant que les foyers modestes, ceux gagnant moins de 2.000 euros par mois, seraient désormais scrutés automatiquement par un algorithme de l’État pour lutter contre la fraude sociale. Une annonce qui a semé inquiétude et colère chez les internautes. Mais derrière le buzz, que faut-il réellement retenir ? Décryptage.
Une rumeur qui prend de l’ampleur
La vidéo TikTok en question, vue par plus d’1,5 million de personnes, prétend que les comptes bancaires des Français modestes seront analysés automatiquement pour détecter des flux financiers suspects. Le motif ? La lutte contre la fraude sociale, avec en ligne de mire le RSA ou les allocations familiales. Selon la publication, cette mesure permettrait de récupérer trois milliards d’euros par an et de rétablir l’équité entre les citoyens.
Certains internautes ont exprimé leur indignation dans les commentaires : « ils vont contrôler les pauvres, pas les riches, hallucinant » ; « surveillez la fraude fiscale plutôt, c’est le monde à l’envers » ; « la liberté elle est où ? » ; autant de réactions qui traduisent la défiance face à ce type de rumeurs.
Vérification des faits : tout est faux
Malgré les apparences, 20 Minutes n’a trouvé aucune trace de cette mesure dans les médias cités par la vidéo (Le Monde, BFMTV, France Info) ni dans le Journal officiel. La déclaration attribuée au ministre de l’Économie démissionnaire, Éric Lombard, est également inexistante. En clair, aucun algorithme ne va éplucher les comptes des foyers modestes de manière systématique.
Les foyers qui perçoivent moins de 2.000 € peuvent donc souffler : leurs comptes ne seront pas plus surveillés que ceux des autres citoyens.
Pourquoi cette fake news semble crédible
Si cette rumeur est infondée, elle s’appuie sur des éléments réels. Les administrations françaises, comme la CAF ou la Sécurité sociale, utilisent depuis longtemps des algorithmes pour détecter des cas suspects de fraude. Par ailleurs, certains pays, comme la Belgique, pratiquent un « datamining » systématique des comptes bancaires.
En France, des contrôles ciblés existent bel et bien, mais ils ne sont jamais automatisés pour l’ensemble des foyers modestes. Selon Viepublique.fr, seules les personnes soupçonnées de fraude peuvent voir leurs relevés bancaires transmis par les banques à l’administration. C’est la suspicion qui déclenche le contrôle, et non le revenu ou le profil du citoyen.
Des chiffres pour relativiser
Il est intéressant de replacer ces rumeurs dans le contexte réel des fraudes. La fraude aux prestations sociales représente 36 % des fraudes sociales, contre 54 % pour le travail dissimulé et 10 % pour les abus de la Sécurité sociale, pour un montant global estimé à 13 milliards d’euros par an. À titre de comparaison, la fraude fiscale atteint 60 à 80 milliards d’euros par an. Autant dire que cibler uniquement les revenus modestes serait statistiquement absurde.
Comment repérer une fake news sur ce sujet
Pour éviter de se faire piéger, quelques réflexes suffisent :
- Vérifier la source de l’information ;
- Consulter des médias fiables et reconnus ;
- Contrôler la présence de textes officiels, par exemple dans le Journal officiel ;
- Se méfier des contenus viraux sur les réseaux sociaux qui jouent sur l’émotion et la peur ;
- Comparer avec des sites spécialisés sur les fake news ou la fraude administrative.
Gardez la tête froide
En résumé, aucune loi française ne permet aujourd’hui de surveiller automatiquement les comptes bancaires des foyers modestes. Les algorithmes existent pour détecter des fraudes, mais ils sont appliqués uniquement lorsque des soupçons légitimes apparaissent. Cette fake news a néanmoins réussi à semer le doute et la panique parmi les internautes, en exploitant la méfiance naturelle envers l’État et les questions de justice sociale.
Pour les citoyens modestes, le meilleur conseil reste de rester attentifs aux informations fiables, de vérifier les sources et de ne pas céder aux rumeurs qui circulent sur TikTok ou d’autres réseaux sociaux. Une bonne préparation et un esprit critique permettent de profiter de l’automne 2025 sans inquiétude inutile pour ses finances personnelles.