Tickets-restaurant bientôt taxés ? Le gouvernement Lecornu étudie cette piste pour “renforcer l’équité” entre salariés

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Alors que le Budget 2026 se prépare, une nouvelle mesure fait débat : la taxation des tickets-restaurant et des chèques-vacances. Jusqu’ici largement exonérés, ces avantages pourraient bientôt rapporter un milliard d’euros à l’État, selon le gouvernement. Une annonce qui inquiète salariés et entreprises.

Budget 2026 : une réforme controversée

Le projet de loi de finances 2026 prévoit plusieurs mesures visant à réduire les dépenses publiques, mais certaines touchent directement le quotidien des Français. Jeudi 23 octobre, les députés ont rejeté en commission la partie recettes du budget, à 11 voix pour et 37 contre. Parmi les nouveautés envisagées figure une taxation de 8 % sur les tickets-restaurant et les chèques-vacances, jusqu’ici largement protégés des prélèvements.

Cette décision s’inscrit dans l’objectif affiché par le gouvernement : faire des économies tout en tentant de renforcer l’équité entre salariés. Selon l’exécutif, ce nouvel impôt pourrait générer environ un milliard d’euros dès 2026.

Tickets-restaurant et chèques-vacances : des avantages en question

Ces compléments de salaire sont perçus par de nombreux Français. Pour l’instant, ils bénéficient d’un régime très favorable. « Ces avantages profitent aujourd’hui d’exonérations sociales presque totales », rappelle BFMTV. Le gouvernement justifie la taxation par un souci d’équité contributive entre salariés, notamment vis-à-vis de ceux qui ne bénéficient pas de ces dispositifs.

Si la taxe de 8 % venait à être appliquée, elle serait réglée par les entreprises. Cette mesure pourrait donc inciter certaines sociétés à réduire la distribution de tickets ou en diminuer la valeur. Entre 2018 et 2023, la valeur de ces avantages a augmenté de 7,8 % par an, contre 4,1 % pour les salaires, un écart jugé trop important par la Cour des comptes, qui plaide pour un encadrement fiscal plus strict.

Conséquences pour les entreprises et les salariés

La taxation des tickets-restaurant et des chèques-vacances pourrait avoir des effets directs sur le quotidien des salariés. Les entreprises, pour limiter l’augmentation de charges, pourraient :

  • réduire le nombre de tickets distribués ;
  • ou diminuer leur valeur ;
  • adapter leurs politiques internes pour limiter le coût global.

Pour les employés, ces avantages constituent un complément appréciable du salaire, et toute réduction pourrait se traduire par une perte réelle de pouvoir d’achat. De plus, certaines catégories de foyers fiscaux pourraient être impactées par le gel du barème de l’impôt sur le revenu. Les 200 000 foyers situés dans la première tranche, actuellement non imposables, pourraient voir leur situation évoluer avec un impôt supplémentaire à prévoir.

Un débat autour de l’équité

L’argument principal du gouvernement est de renforcer l’équité entre salariés. Certains voient en effet une distorsion : les compléments comme les tickets-restaurant sont très avantageux et bénéficient d’exonérations, tandis que d’autres formes de rémunération subissent un traitement fiscal classique. La taxe envisagée pourrait corriger cette inégalité, mais à quel prix pour les salariés et les entreprises ?

Pour les syndicats et représentants des employés, l’inquiétude est grande. Une taxation directe pourrait non seulement réduire l’avantage perçu par les salariés, mais aussi créer un précédent pour d’autres formes de complément de salaire. « Nous craignons que cette mesure ne fragilise le pouvoir d’achat de ceux qui bénéficient déjà de peu », avertit un représentant syndical.

Un scénario incertain

Pour l’heure, aucune décision définitive n’a été prise. Les débats parlementaires doivent se poursuivre dans les semaines à venir. La question de la taxation des tickets-restaurant et chèques-vacances reste donc ouverte, tout comme les autres mesures du Budget 2026, comme le gel du barème de l’impôt sur le revenu ou la limitation des niches fiscales.

Les entreprises, déjà confrontées à l’inflation et à la hausse des coûts, scrutent attentivement l’évolution du projet de loi. Toute augmentation de charges sur les avantages sociaux pourrait les pousser à ajuster leurs politiques de distribution. Les salariés, eux, attendent des précisions pour savoir si ces dispositifs continueront à représenter un véritable complément de salaire ou si leur valeur sera réduite.

Un enjeu pour le pouvoir d’achat

Au cœur de ce débat, c’est bien le pouvoir d’achat des Français qui est en jeu. Les tickets-restaurant et les chèques-vacances représentent un soutien concret pour les ménages, notamment pour l’alimentation ou les loisirs. Leur taxation pourrait donc avoir un impact direct sur le budget des familles.

Le gouvernement insiste sur l’objectif de justice fiscale et d’équité. Mais pour les entreprises et les salariés concernés, la mesure soulève de nombreuses questions pratiques et financières. Les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si la piste de taxation sera confirmée ou abandonnée.

En attendant, salariés et employeurs suivent de près l’évolution du débat parlementaire, conscients que chaque décision pourrait modifier le paysage des avantages sociaux en France pour 2026.


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