Surpris à télétravailler depuis l’étranger, il gagne son procès et encaisse près de 70 000 €

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Surpris en train de télétravailler depuis l’étranger, un cadre britannique a remporté sa bataille judiciaire et a reçu près de 70.000 euros d’indemnités. Cette affaire relance le débat sur les limites du télétravail hors des frontières et sur les droits des salariés, montrant qu’une absence de communication peut coûter très cher aux entreprises.

Vacances qui tournent au cauchemar

En 2021, ce directeur commercial de la société britannique Food Hub avait prévu deux semaines de congé pour voyager en Égypte. Mais le voyage a rapidement pris une tournure inattendue : il a contracté le Covid-19 et n’a pas pu reprendre son vol pour le Royaume-Uni. Selon lui, il a immédiatement prévenu la direction des ressources humaines, expliquant sa situation. Cependant, son message ne semble pas avoir été pris en compte correctement. L’entreprise, de son côté, s’est surtout inquiétée de constater que le salarié déclarait moins de notes de frais que d’habitude, ce qui a été interprété comme un signe de non-conformité.

Ce départ en vacances, initialement prévu comme un simple break, s’est donc transformé en situation complexe. Le cadre, habitué à une organisation rigoureuse et à des performances commerciales remarquables, ne s’attendait pas à se retrouver au centre d’un conflit professionnel majeur.

Une réaction brutale de la direction

Le directeur général a rapidement convoqué le salarié pour un entretien. Lors de cette réunion, il a appris que son collaborateur se trouvait encore sur son lieu de vacances. Selon la direction, le cadre était censé passer au moins quatre jours par semaine sur le terrain pour coacher et superviser son équipe. Frustré par ce qu’il considérait comme un manquement à ses obligations, le DG a décidé de le licencier immédiatement, sans avertissement préalable.

Ce licenciement a été vécu comme un choc pour le cadre, qui estimait avoir toujours respecté ses objectifs et contribué de manière exceptionnelle à la croissance de l’entreprise. Cette décision brutale a été le point de départ d’une longue bataille judiciaire.

Le combat judiciaire

Le salarié n’a pas accepté ce licenciement et a immédiatement fait appel. Il a d’abord été réintégré, mais la procédure disciplinaire a finalement confirmé son renvoi officiel. L’entreprise lui reprochait de ne pas avoir respecté une « demande raisonnable de la direction de travailler sur le terrain ». Pour le cadre, il s’agissait d’une décision injuste, fruit d’une mauvaise interprétation de ses actions. Il a alors décidé de porter l’affaire devant le tribunal du travail, dénonçant une manœuvre sournoise de ses anciens supérieurs.

Le cadre a expliqué aux juges qu’il avait « pulvérisé les records de vente et de performance », prouvant ainsi sa contribution exceptionnelle à l’entreprise. Cette mise en avant de ses résultats a joué un rôle crucial dans l’évaluation de son dossier.

La justice lui donne raison

Après examen des éléments, le juge a reconnu un licenciement abusif. L’enquête interne menée par l’entreprise présentait des « vices fondamentaux », ce qui a invalidé la procédure disciplinaire. Grâce à cette décision, le directeur commercial a perçu des indemnités de 61.419 livres, soit environ 70.000 euros. Cette victoire souligne l’importance de respecter les droits des salariés, même lorsque ceux-ci travaillent à distance depuis un autre pays.

Les risques du télétravail à l’étranger

Cette affaire met en lumière les difficultés liées au télétravail hors du pays d’origine de l’entreprise. Les employeurs craignent souvent que l’absence physique de leurs salariés entraîne une baisse de performance ou un manque de contrôle. Pour les employés, le défi consiste à équilibrer obligations professionnelles et vie personnelle. Les experts recommandent une communication claire et une transparence totale afin d’éviter tout malentendu. Sans ces précautions, de simples vacances peuvent rapidement dégénérer en litige juridique.

Leçons à retenir

Cette affaire offre plusieurs enseignements :

  • Informer systématiquement la direction en cas de déplacement à l’étranger ou d’imprévu ;
  • Documenter toutes les communications pour prouver sa bonne foi ;
  • Connaître ses droits en matière de licenciement et de télétravail ;
  • Pour les employeurs, s’assurer que les enquêtes internes sont rigoureuses et exemptes de vices ;
  • Encourager un dialogue ouvert pour prévenir conflits et incompréhensions ;
  • Vérifier que les politiques de télétravail à l’étranger sont claires et comprises par tous.

Au final, cette histoire rappelle que le télétravail, bien qu’attrayant pour sa flexibilité, comporte des risques si les règles ne sont pas clairement établies et respectées. La vigilance, la transparence et le dialogue restent essentiels pour éviter des litiges coûteux et protéger les droits de chacun. Le succès de ce cadre britannique montre qu’il est possible de se défendre efficacement contre une décision jugée injuste, même lorsqu’elle semble précipitée ou sévère.

Cette affaire est également un signal pour les entreprises : encadrer le télétravail avec des règles claires et un dialogue constant permet de protéger autant les salariés que l’entreprise elle-même, tout en évitant des tensions inutiles.


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