Mauvaise nouvelle pour les automobilistes : le prix des carburants pourrait augmenter de 15 centimes par litre dès 2027

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Une note récente de l’Institut Montaigne relance le débat sur le coût de la transition écologique. Selon ce think tank, une mesure européenne prévue pour 2027 risque de faire grimper le prix de l’essence et du diesel de plusieurs centimes par litre. Une annonce qui inquiète, tant le sujet des carburants reste sensible pour les Français, encore marqués par la crise des Gilets jaunes.

Un nouveau marché carbone bientôt appliqué aux carburants

En avril 2023, les États membres de l’Union européenne ont donné leur feu vert à une vaste réforme du marché carbone. Parmi les mesures phares figure la mise en place du système d’échange de quotas d’émissions, appelé ETS2. Ce dispositif, déjà en vigueur pour les industries les plus polluantes, sera étendu à d’autres secteurs à partir du 1er janvier 2027, notamment celui des carburants.

L’objectif affiché est simple : encourager une baisse des émissions de gaz à effet de serre grâce à la tarification du carbone. Autrement dit, plus un produit émet de CO₂, plus il coûtera cher. En théorie, cette mesure vise à pousser les entreprises et les consommateurs vers des choix plus respectueux de l’environnement.

Un mécanisme qui risque de peser sur le portefeuille des Français

Dans les faits, l’application de ce nouveau marché carbone ne sera pas sans conséquence pour les ménages. Les fournisseurs d’énergie et les distributeurs de carburants devront acheter des quotas correspondant aux émissions générées par la vente de leurs produits. Et comme souvent, ce coût supplémentaire sera répercuté sur le prix final à la pompe.

Selon l’Institut Montaigne, cette réforme pourrait entraîner une hausse de 15 centimes par litre d’essence et de 17 centimes pour le diesel, hors TVA. Une augmentation significative, comparable à celle observée entre 2014 et 2018 pour le diesel, période marquée par de fortes tensions sociales liées au prix des carburants.

Le think tank souligne que ce renchérissement pourrait peser lourdement sur les foyers les plus dépendants de leur voiture, en particulier en zone rurale ou périurbaine. Le surcoût annuel moyen est estimé à environ 105 euros pour un ménage, mais il pourrait être jusqu’à trois fois plus élevé pour ceux qui utilisent quotidiennement un véhicule thermique.

Un risque social déjà bien identifié

Le spectre d’une nouvelle crise sociale n’est pas à écarter. Les auteurs de la note rappellent que les carburants représentent une dépense contrainte, difficile à réduire, surtout pour les ménages des classes moyennes et populaires. Ces derniers sont déjà fragilisés par la hausse générale du coût de la vie. En d’autres termes, le dispositif ETS2 pourrait raviver un sentiment d’injustice, rappelant les débuts du mouvement des Gilets jaunes.

*« Le surcoût pourrait être trois fois plus important pour certains ménages dépendants d’un véhicule thermique »,* note l’Institut Montaigne, qui appelle à anticiper les effets d’une telle mesure sur le pouvoir d’achat.

Des solutions pour limiter l’impact

Heureusement, des pistes existent pour amortir le choc. D’abord, la France peut décider de retarder l’application du dispositif pour les véhicules des particuliers. Une dérogation permettrait de repousser l’entrée en vigueur de cette taxe carbone domestique jusqu’en 2031. Ce délai donnerait au gouvernement le temps de préparer des mesures d’accompagnement adaptées.

Parmi les solutions envisagées, plusieurs options sont sur la table : baisse temporaire de certaines taxes sur les carburants, création d’un chèque énergie spécifique ou mise en place d’un fonds d’aide pour les foyers modestes. L’objectif serait de compenser, au moins partiellement, la hausse liée à la nouvelle réglementation.

Autre levier possible : encourager la transition vers des modes de transport plus durables. Le développement du covoiturage, l’achat de véhicules électriques ou hybrides, ainsi que l’amélioration des transports publics sont autant de moyens de réduire la dépendance à la voiture individuelle. Encore faut-il que ces alternatives soient accessibles à tous, ce qui reste loin d’être le cas dans de nombreuses régions.

Un défi pour le prochain gouvernement

Pour l’heure, rien n’est encore tranché. Ce mécanisme européen n’a pas encore été transposé dans le droit français. Le futur gouvernement devra donc décider s’il applique la mesure telle quelle ou s’il choisit d’en atténuer les effets. Dans un contexte de pouvoir d’achat déjà sous tension, le sujet promet d’être explosif.

Cette décision sera d’autant plus scrutée que les prix de l’énergie et des matières premières restent instables. Si la hausse annoncée devait se concrétiser, elle toucherait directement le quotidien de millions d’automobilistes, avec un risque politique évident à l’approche de nouvelles échéances électorales.

Reste à savoir si la France privilégiera la rigueur écologique ou la prudence sociale. Entre impératif climatique et protection du porte-monnaie des Français, l’équation s’annonce aussi complexe que cruciale. Une chose est sûre : la question du prix des carburants n’a pas fini de faire débat.


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