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La nouvelle alerte les autorités : alors que le manque d’eau se fait sentir partout, la France se prépare à une éventuelle généralisation du dessalement de l’eau de mer. Une solution longtemps jugée extrême, mais qui pourrait bientôt devenir une nécessité pour certains territoires. Un rapport officiel invite désormais le pays à s’y préparer dès maintenant.
Le dessalement, une solution de plus en plus envisagée
Partout dans le monde, la technique du dessalement se développe à grande vitesse. Le principe est simple : retirer le sel et les impuretés contenues dans l’eau de mer pour la rendre propre à l’usage, voire à la consommation. Deux procédés dominent : le dessalement thermique, basé sur la distillation, et celui par osmose inverse, qui utilise des pompes à haute pression pour filtrer l’eau. Les pays méditerranéens, comme l’Espagne, s’appuient déjà sur ces méthodes pour pallier la sécheresse.
En France, cette option reste encore perçue comme un dernier recours. Pour l’heure, seules certaines zones isolées — notamment Mayotte, Saint-Barthélemy ou la Corse — y ont réellement recours pour garantir leur approvisionnement en eau. Mais la tendance pourrait bientôt changer.
Un rapport qui pousse à anticiper
Un rapport publié par l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) en septembre 2025 appelle à ne plus considérer le dessalement comme une solution d’urgence, mais comme une piste à étudier sérieusement. Selon ce document, il faut dès maintenant « anticiper d’éventuels besoins afin de permettre, si cela s’avère nécessaire, de développer l’offre en eau douce dans les meilleures conditions possibles ».
Autrement dit, la France doit se doter d’une stratégie pour ne pas être prise de court. Car les signaux d’alerte se multiplient : le réchauffement climatique accentue les épisodes de sécheresse et réduit la disponibilité des ressources en eau. D’après une note du Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan publiée en juin 2025, sans changement majeur, 88 % du territoire pourrait connaître d’ici 2050 une tension hydrique modérée à sévère. Une situation qui entraînerait inévitablement des restrictions d’usage.
Des bénéfices réels mais un coût encore élevé
Le principal atout du dessalement est sa capacité à produire une eau de qualité, souvent moins chargée en micropolluants ou en pesticides que certaines eaux de surface. Cette eau peut donc représenter une alternative précieuse pour les territoires dont les nappes sont polluées ou insuffisantes. Mais la technologie a un coût.
Produire de l’eau douce à partir de la mer reste cher, même si les progrès technologiques réduisent peu à peu les dépenses. Ce procédé exige aussi beaucoup d’énergie, ce qui entraîne des émissions de gaz à effet de serre non négligeables. Autre défi : la gestion des saumures, ces rejets d’eau très salée issus des usines de dessalement. Leur rejet dans la mer peut perturber les écosystèmes marins s’il n’est pas strictement encadré.
Une stratégie à encadrer et à adapter
Le rapport de l’IGEDD met en garde : « Le dessalement ne doit pas être une solution de facilité pour répondre au moindre déficit en eau, ni induire un effet rebond sur la consommation ». Autrement dit, il s’agit d’une solution à mobiliser avec discernement, là où les besoins sont les plus critiques.
Plutôt que de lancer un vaste programme national, le rapport recommande de cibler les zones les plus vulnérables : îles, zones côtières ou régions touchées par des sécheresses chroniques. Le développement du dessalement n’est donc « pas une priorité en France », mais il pourrait s’imposer dans les prochaines années comme une réponse adaptée à des situations locales précises.
Les autorités appelées à se préparer dès maintenant
Pour que la France soit prête, plusieurs pistes sont évoquées : renforcer les compétences techniques dans le domaine, encourager la recherche sur la réduction de la consommation énergétique, et adapter le cadre réglementaire pour faciliter l’installation d’unités là où elles seraient nécessaires. Le rapport invite aussi à former les collectivités locales et à sensibiliser le grand public sur les réalités de la gestion de l’eau.
*« La France doit se tenir prête, non pas à généraliser le dessalement, mais à l’activer de manière efficiente, au bénéfice des populations les plus exposées »*, souligne le rapport. Autrement dit, mieux vaut anticiper aujourd’hui ce qui pourrait devenir indispensable demain.
Vers une nouvelle ère de gestion de l’eau ?
Face aux pénuries annoncées, la France s’avance prudemment mais sûrement vers une diversification de ses ressources. Le dessalement n’est plus un tabou : il s’impose comme une option parmi d’autres, complémentaire à la réduction de la consommation, à la récupération des eaux de pluie ou au recyclage des eaux usées. Le défi sera d’en faire une solution durable, maîtrisée et respectueuse de l’environnement.
Si l’eau de mer peut demain devenir une ressource potable, ce ne sera pas sans réflexion ni prudence. Mais une chose est sûre : le pays se prépare à tourner une nouvelle page dans la gestion de l’or bleu. Une étape nécessaire pour protéger l’avenir et garantir à chacun un accès à l’eau, même dans un monde qui se réchauffe.

