La Cour de cassation a tranché : les salariés en télétravail ont bel et bien droit aux titres-restaurant

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Le débat sur les titres-restaurant pour les salariés en télétravail vient de se clore. Alors que certaines entreprises refusaient encore d’en attribuer à leurs employés travaillant à distance, la Cour de cassation a tranché : ces salariés y ont bien droit, sous conditions simples. Cette décision met fin à plusieurs années d’incertitude juridique et clarifie les obligations des employeurs.

Le télétravailleur a les mêmes droits

Durant les confinements liés au Covid, de nombreux salariés ont été confrontés à un refus d’octroi de titres-restaurant sous prétexte qu’ils travaillaient 100% à distance. Une situation qui avait provoqué des divergences dans les tribunaux. À Paris, certains juges estimaient que ces salariés devaient bénéficier des titres-restaurant, tandis qu’à Nanterre, la décision pouvait être différente.

Le gouvernement avait rapidement rappelé le principe : « le télétravailleur a les mêmes droits que le salarié qui travaille sur site dans les locaux de l’entreprise ». Et d’ajouter : « dès lors que les salariés qui travaillent dans les locaux de l’entreprise bénéficient de titres-restaurant, les télétravailleurs doivent aussi en recevoir si leurs conditions de travail sont équivalentes. » Cette position souligne l’importance de l’égalité entre tous les salariés, quel que soit leur lieu de travail.

Des contentieux multiples

En 2020 et 2021, plusieurs litiges ont été portés devant les tribunaux de Paris et de Nanterre. Les décisions étaient alors contradictoires. Certaines juridictions considéraient que le télétravail n’empêchait pas l’accès aux titres-restaurant, tandis que d’autres refusaient cette extension. Cette situation a créé une grande confusion parmi les employeurs et les salariés, laissant planer un doute sur les droits exacts en matière de restauration.

Une seule condition pour en bénéficier

La Cour de cassation vient de mettre un terme à cette ambiguïté. Dans un arrêt récent, elle confirme que les salariés en télétravail ont le droit de bénéficier de titres-restaurant, à condition que leur repas entre dans leur horaire journalier. C’est là la seule condition à remplir.

Les magistrats se fondent sur les articles L.3262-1 1er alinéa et R.3262-7 du Code du travail : le titre-restaurant est un titre spécial de paiement remis par l’employeur pour permettre aux salariés d’acquitter tout ou partie du prix du repas consommé au restaurant ou acheté auprès de restaurateurs ou de détaillants en fruits et légumes. Ce repas peut comprendre des fruits et légumes, qu’ils soient directement consommables ou non.

Les précisions d’une spécialiste

« Pour la Cour de cassation, la condition à remplir pour bénéficier d’un titre-restaurant est donc que le repas du salarié soit compris dans son horaire journalier« , explique Marion Kahn-Guerra, avocate associée spécialiste en droit du travail et protection sociale au cabinet Desfilis.

« Ainsi, l’employeur ne peut pas motiver son refus par le seul fait que le salarié est en télétravail. Cette analyse rejoint celle du Ministère du travail et celle plus récente de l’URSSAF », ajoute-t-elle. Cette position renforce la protection des télétravailleurs et impose aux entreprises de revoir leurs pratiques si elles ne respectaient pas ces droits.

Une égalité renforcée entre salariés

Cette décision de la Cour de cassation clarifie que le lieu de travail ne peut être un critère d’exclusion pour les titres-restaurant. Les salariés travaillant depuis chez eux bénéficient désormais des mêmes avantages que ceux présents dans les locaux de l’entreprise. Il s’agit d’un signal fort envoyé aux employeurs : l’égalité de traitement doit primer, même à distance.

Impacts pour les entreprises et les salariés

Pour les entreprises, cette jurisprudence implique d’adapter leur politique interne et leur gestion administrative. Les employeurs devront désormais attribuer des titres-restaurant aux télétravailleurs qui respectent la condition de prise du repas pendant leurs horaires. Cela peut concerner :

  • la mise en place de solutions numériques pour les tickets ;
  • la distribution physique des titres pour les salariés à domicile ;
  • une communication claire sur les droits et obligations.

Pour les salariés, cette décision sécurise un avantage social souvent essentiel pour gérer le budget repas. Elle limite les inégalités entre ceux qui se rendent sur site et ceux qui travaillent à distance, et garantit que le télétravail ne se traduise pas par une perte de droits.

Vers une meilleure transparence

La décision de la Cour de cassation encourage également la transparence des pratiques salariales. Les entreprises sont désormais tenues de clarifier leurs règles d’attribution de titres-restaurant et d’éviter toute discrimination indirecte liée au télétravail. C’est un pas de plus vers une harmonisation des avantages sociaux dans un contexte où le travail à distance devient la norme pour de nombreux secteurs.

En pratique, cette décision rappelle aux employeurs et aux salariés que le télétravail ne doit pas être un frein aux avantages acquis. Les titres-restaurant restent un droit fondamental pour tous, et cette jurisprudence vient sécuriser leur attribution, en assurant un traitement équitable pour l’ensemble des travailleurs.


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