« J’ai fait une bêtise » : à 82 ans, ce retraité usurpe l’identité d’un architecte pour décrocher un permis

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Un retraité de 82 ans a trompé les autorités et un professionnel pendant plus de quatre ans en se faisant passer pour un architecte. Cette escroquerie met en lumière une pratique de plus en plus fréquente : l’usurpation d’identité, qui touche des milliers de Français chaque année.

Quatre ans d’escroquerie

Entre septembre 2016 et décembre 2020, l’octogénaire a signé frauduleusement des permis de construire en utilisant le nom d’un ancien employé de son bureau d’études à Paris. La victime n’a découvert les faits qu’en 2021 lorsqu’elle a porté plainte pour usurpation d’identité.

Pour attirer ses clients, le retraité publiait des annonces sur Internet et dans des journaux. Grâce à ces annonces, il a participé à la construction d’une crèche et d’un bâtiment agricole, alors que toutes ces démarches étaient totalement illégales. L’Ordre des Architectes a alerté la victime : quatre permis avaient été réalisés en son nom sans autorisation, avec un préjudice estimé à 40.000 euros.

Découverte et perquisition

Les autorités ont découvert la supercherie après avoir retracé les coordonnées de l’accusé via des annonces en ligne. Une perquisition dans son domicile a permis de saisir deux tampons au nom de l’architecte, utilisés pour authentifier les permis de manière frauduleuse. Ces preuves ont confirmé la gravité des actes et la préméditation du retraité.

Au tribunal : aveux partiels et contestations

Lors de son passage au tribunal judiciaire du Mans, le prévenu a affirmé qu’il avait agi avec l’accord du véritable architecte, un ami de longue date. «Pendant toute sa durée d’inscription à l’ordre, il n’a pas eu un seul client !», a-t-il déclaré, critiquant la victime. L’avocat de l’architecte a immédiatement réfuté cette version : «La délégation de signature est impossible car elle est personnelle et parce qu’elle serait un manquement au règlement».

Concernant la production des permis de construire, le retraité a semblé reconnaître sa faute : «Je sais que j’ai fait une bêtise». Toutefois, il a contesté avoir produit un «faux» au sens strict, laissant planer une certaine ambiguïté sur ses aveux.

Un passé judiciaire lourd

Le substitut du procureur a rappelé que l’accusé avait déjà été condamné pour escroquerie, recel, vol, faux et usage de faux. Lors de l’audience, il a même cité un célèbre film français : «Les escrocs, ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît». Malgré ce lourd passé, la peine prononcée a été relativement légère : 2 mois de prison avec sursis et 3.000 euros d’amende, probablement en raison de son âge avancé et de l’absence de victimes physiques directes.

Une arnaque qui rappelle la vigilance

Cette affaire rappelle combien l’usurpation d’identité peut nuire aux professionnels et au grand public. Les victimes voient leur réputation mise à mal et peuvent subir des conséquences financières importantes. Le ministère de l’Économie et des Finances insiste sur la vigilance : ne jamais partager ses données personnelles et vérifier l’authenticité des professionnels avec lesquels on collabore.

Pour éviter de se faire piéger, il est conseillé de :

  • Vérifier l’inscription et la légitimité d’un professionnel auprès des organismes officiels ;
  • Ne jamais transmettre de documents officiels ou de tampons à des tiers ;
  • Signaler immédiatement toute utilisation suspecte de son identité.

Avec la popularisation des annonces en ligne et l’accès facile aux informations personnelles, ce type d’arnaque risque de se multiplier. La prudence reste donc le meilleur moyen de protéger ses droits et sa réputation.

Cette histoire montre aussi qu’une simple confiance mal placée peut avoir des conséquences inattendues, même pour des actes commis sur plusieurs années. Mieux vaut rester vigilant et contrôler régulièrement l’usage de ses données personnelles pour ne pas se retrouver dans une situation similaire.


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