Conserver son permis de conduire en vieillissant pourrait bientôt devenir plus compliqué pour les seniors. Une proposition de loi déposée en mars 2025 envisage d’imposer une visite médicale obligatoire tous les 5 ans pour les conducteurs âgés de 70 ans et plus. Un changement majeur qui suscite déjà de nombreux débats.
Pourquoi cette mesure ?
La sécurité routière est au cœur des préoccupations des pouvoirs publics. Ces dernières années, la question des capacités des seniors à conduire en toute sécurité est souvent revenue sur la table. Cette proposition vise à s’assurer que les conducteurs âgés soient toujours aptes, physiquement et mentalement, à prendre le volant.
Selon les députés, des troubles fréquents chez les personnes âgées — comme des déficiences visuelles, auditives, cognitives, ou des maladies chroniques — peuvent altérer les réflexes et la capacité à réagir face aux dangers sur la route. « Il est important que ces conducteurs passent un examen médical régulier », expliquent-ils.
Une proposition signée par un large panel politique
Ce projet a été déposé par Frédéric Valletoux, député Horizons, ainsi qu’une centaine d’élus issus de divers partis, dont Ensemble pour la République et les Écologistes. Leur objectif est clair : renforcer la sécurité sur les routes tout en protégeant les seniors eux-mêmes.
Le texte prévoit que, pour garder leur permis, les seniors devront passer un contrôle médical complet tous les 5 ans, incluant notamment des tests oculaires et cardiovasculaires. Cette visite pourrait aussi permettre de détecter des troubles encore non diagnostiqués pouvant compromettre la conduite.
Ce que dit l’Europe
Cette proposition s’inscrit dans un cadre plus large. En mars 2025, le Parlement européen a adopté une réforme concernant la validité du permis de conduire dans tous les États membres. Dorénavant, un contrôle médical sera imposé tous les 15 ans pour la plupart des conducteurs, mais tous les 5 ans pour les seniors de 70 ans et plus.
Cependant, chaque pays pourra choisir entre un examen médical obligatoire ou un système d’autoévaluation du conducteur. Certains États envisagent aussi de réduire la validité du permis à partir de 65 ans, mais cette mesure reste à l’étude.
Un avis partagé par les Français
Selon un sondage Ifop datant de février 2024, 59 % des Français sont favorables à ces contrôles médicaux réguliers, une majorité qui inclut particulièrement les seniors eux-mêmes. Beaucoup voient cela comme un moyen de protéger la sécurité de tous sur la route, sans pour autant stigmatiser les personnes âgées.
Et maintenant ?
Pour l’instant, cette mesure n’est pas encore officiellement adoptée. Le débat parlementaire va se poursuivre dans les prochains mois, avec l’objectif d’équilibrer sécurité routière et respect de l’autonomie des seniors.
Mais pour ceux qui roulent depuis des décennies, l’idée de devoir prouver régulièrement leur aptitude à conduire n’est pas forcément une mauvaise chose. Comme le confie Michel, 72 ans : « J’ai failli perdre mon permis l’an dernier à cause d’un problème de vue. Cette visite médicale aurait pu me sauver. »
Reste à savoir quand et comment cette réforme sera mise en place, et surtout comment elle sera accueillie sur le terrain par les conducteurs concernés.
Au-delà de la simple formalité administrative, cette réforme soulève des questions sur l’accompagnement des seniors dans leur mobilité quotidienne. Pour beaucoup, conserver le permis de conduire est synonyme d’autonomie, de liberté et de lien social, surtout en zone rurale où les alternatives de transport sont limitées. Il sera donc essentiel de proposer un parcours de santé adapté et des solutions de transport accessibles pour ceux qui, suite à un contrôle médical, pourraient se voir refuser le renouvellement de leur permis. Cette évolution législative devra s’accompagner d’un véritable soutien, afin d’éviter tout risque d’isolement ou de perte d’indépendance.
Enfin, cette mesure invite aussi à une prise de conscience collective sur le vieillissement et la sécurité routière. Plutôt que de pointer du doigt les seniors, il s’agit de responsabiliser chaque conducteur, quel que soit son âge, quant à sa propre condition physique et mentale. Sensibilisation, prévention, accès facilité à des bilans médicaux : tout cela contribuera à faire de la route un espace plus sûr pour tous. Les prochains mois s’annoncent donc décisifs, autant pour les législateurs que pour les millions de conducteurs concernés.
