« Ils emportent la machine à café dans leur valise » : les hôtels durcissent le ton face aux clients voleurs

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Peignoirs, bouilloires, cintres et même machines à café… Dans de nombreux hôtels en France, les vols d’objets se multiplient. Ce qui pouvait passer pour de petits larcins isolés représente aujourd’hui une véritable perte financière pour les établissements. Face à ce fléau grandissant, certains gérants décident désormais de réagir plus fermement.

Le reportage du 20H de TF1 met en lumière un phénomène aussi surprenant que coûteux pour le secteur de l’hôtellerie.

Des clients qui repartent plus chargés qu’à leur arrivée

Dans les Pyrénées-Atlantiques, Jean-Marc Banquet D’Orx, gérant d’un hôtel, redoute à chaque passage dans une chambre de découvrir un objet disparu. « Ils la débranchent, ils la mettent dans la valise et puis voilà », raconte-t-il, dépité, en montrant une machine à café. Ici, ces disparitions représentent jusqu’à 6 % de son chiffre d’affaires annuel.

Les vols ne se limitent pas aux accessoires de toilette. Certains clients n’hésitent pas à repartir avec la déco : vases, cadres ou même petits meubles. Pour se protéger, le gérant a décidé de facturer directement les objets volés : 75 euros pour une cafetière, 80 pour un peignoir. « On envoie la facture, on passe sur la carte de crédit du client. Il râle, mais il a pris l’objet », explique-t-il. Une pratique qui, bien que contestée, lui permet de réduire les pertes.

Un phénomène qui s’étend à tous les hôtels

Selon les professionnels, les vols se sont multipliés ces dernières années. Frank Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) Île-de-France, observe : « Par rapport à il y a 10 ou 15 ans, il y a clairement plus de monde qui va à l’hôtel. Et plus on monte en gamme, plus les tentations sont grandes. »

Mais ce ne sont pas uniquement les palaces qui sont touchés. Dans le XIe arrondissement de Paris, un hôtel plus modeste a dû revoir tout son mobilier. Son directeur, Younes Taouni, explique : « Les petites bouilloires disparaissaient trop facilement. On a opté pour des modèles plus grands, impossibles à cacher dans un sac. » Les cintres classiques ont été remplacés par des versions anti-vol, les sèche-cheveux sont fixés aux murs et les gels douche installés dans des systèmes scellés.

Une manière d’anticiper des disparitions récurrentes qui grèvent les marges déjà fragiles de certains établissements.

Des objets parfois revendus en ligne

Certains clients emportent ces articles pour un usage personnel, comme des souvenirs ou pour équiper leur maison. Mais d’autres vont plus loin : les objets dérobés peuvent finir sur les sites de revente en ligne. Dans son enquête, TF1 cite l’exemple d’un cendrier d’une grande chaîne hôtelière revendu dix fois plus cher que sa valeur d’origine.

Cette pratique, bien que minoritaire, agace particulièrement les professionnels qui se sentent démunis face à ce détournement de leurs équipements.

Les petits « souvenirs » tolérés

Dans la rue, les réactions sont partagées. Si certains assurent n’avoir « même pas l’idée » d’emporter quoi que ce soit, d’autres reconnaissent s’être déjà laissés tenter. « Il m’arrive de prendre les chaussons ou les petits savons pour mes prochains voyages », confie une passante.

Alors, que peut-on vraiment emporter d’un hôtel sans être considéré comme voleur ? La règle est simple : seuls les objets prévus pour être jetés ou à usage unique sont tolérés. Cela inclut :

  • les articles de toilette comme shampoing, savon ou gel douche ;
  • la papeterie mise à disposition ;
  • les chaussons jetables.

En revanche, tout ce qui appartient à l’équipement de la chambre – peignoir, oreillers, sèche-cheveux, vaisselle, appareils électriques – doit impérativement rester sur place.

Des mesures de sécurité renforcées

Pour limiter les pertes, les hôteliers rivalisent d’ingéniosité : fixations anti-vol pour les cadres, mobilier vissé, ou encore équipements attachés. Une solution parfois perçue comme contraignante pour les clients, mais jugée indispensable par les professionnels.

Entre vols assumés, souvenirs mal interprétés et tentations parfois irrésistibles, les hôtels redoublent d’efforts pour protéger leur matériel. Mais la question reste sensible : comment dissuader les clients sans détériorer leur expérience ?

Des vacances qui coûtent cher… aux hôteliers

Si l’image d’un hôtel de luxe peut faire rêver, la réalité économique est plus rude. Chaque cafetière disparue, chaque cintre subtilisé ou chaque cadre décroché représente un manque à gagner. À terme, ce sont aussi les prix des chambres qui risquent d’augmenter pour compenser ces pertes.

Les vols en hôtel ne sont pas seulement une histoire d’objets : ils révèlent aussi une évolution des comportements et posent une question de respect. Les professionnels espèrent que les clients se montreront plus responsables, afin que l’hospitalité reste un plaisir partagé plutôt qu’un casse-tête coûteux.


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