Fraude sociale : l’Urssaf atteint un record historique en Île-de-France

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Alors que les Jeux olympiques s’apprêtent à débuter à Paris, une autre bataille s’est jouée en coulisses. L’Urssaf Île-de-France a publié son rapport annuel sur l’année 2024, dévoilant une véritable année record dans sa lutte contre la fraude sociale. Avec des chiffres jamais atteints auparavant, les contrôleurs de l’organisme ont mené une traque sans relâche contre les abus, notamment dans le secteur du travail dissimulé.

Un bond spectaculaire des redressements

En 2024, les redressements opérés par l’Urssaf ont connu une hausse spectaculaire de 34 % par rapport à l’année précédente. Au total, ce sont 1,6 milliard d’euros qui ont été récupérés à l’échelle nationale, dont près de 580 millions spécifiquement liés au travail non déclaré.

Selon le rapport, ces résultats constituent un niveau « historique ». L’Île-de-France n’est pas en reste : elle représente une part importante de ces chiffres, portée par une activité de contrôle intensifiée à l’approche des JO. *« Nous avons mené des actions ciblées dans les secteurs les plus exposés au travail dissimulé, notamment le bâtiment et la sécurité privée »*, confie un responsable régional de l’Urssaf.

Les JO, moteur inattendu des contrôles

Les préparatifs des Jeux olympiques de Paris 2024 ont largement contribué à cette hausse. Face à l’ampleur des chantiers, des recrutements temporaires et des sous-traitances en cascade, l’Urssaf a mobilisé des moyens exceptionnels. Près de 200 inspecteurs ont été déployés sur le terrain, avec pour mission de repérer les irrégularités avant l’arrivée des visiteurs du monde entier.

Résultat : 93 verbalisations ont été dressées en lien direct avec les sites olympiques. Parmi les infractions relevées : absence de déclaration préalable à l’embauche ; travail dissimulé de salariés étrangers ; dissimulation d’heures supplémentaires.

Des secteurs toujours sous surveillance

Si les JO ont constitué une opportunité pour accentuer les contrôles, l’organisme continue de cibler les secteurs traditionnellement à risque. Le bâtiment, la restauration, le transport de marchandises ou encore les services à la personne sont régulièrement contrôlés, car ils concentrent une part importante des fraudes constatées.

En Île-de-France, les redressements ont été particulièrement significatifs dans le secteur du BTP. « Sur certains chantiers, nous avons découvert des réseaux entiers de sous-traitance illicite », rapporte un inspecteur. Ces pratiques privent les salariés de leurs droits et faussent la concurrence entre entreprises.

Une collecte massive des cotisations

Au-delà des contrôles, l’Urssaf poursuit sa mission de collecte des cotisations sociales. En 2024, ce sont pas moins de 149,2 milliards d’euros qui ont été réunis en Île-de-France, auprès de 1,81 million d’usagers (employeurs, indépendants et autres cotisants). Ce chiffre confirme la place centrale de la région dans le financement de la sécurité sociale.

L’organisme met aussi en avant ses efforts pour moderniser ses services, faciliter les démarches des usagers et prévenir les erreurs déclaratives. Un volet numérique a d’ailleurs été renforcé pour signaler plus rapidement les incohérences et automatiser certaines alertes.

Une volonté politique renforcée

La lutte contre la fraude sociale est désormais une priorité affirmée par les pouvoirs publics. La ministre du Travail a rappelé en début d’année que « chaque euro fraudé est un euro volé à la solidarité nationale ». Un nouveau plan national de lutte contre la fraude a été lancé début 2025, avec l’objectif de doubler les contrôles dans certains secteurs d’ici 2026.

Parmi les mesures prévues : renforcement de la coopération entre les Urssaf et les autres organismes de contrôle ; création d’une plateforme de signalement ouverte au grand public ; et élargissement des sanctions administratives pour les récidivistes.

Une mobilisation qui porte ses fruits

Les chiffres de l’Urssaf montrent que cette mobilisation produit des résultats concrets. Le climat de vigilance s’installe peu à peu, incitant de plus en plus d’entreprises à régulariser leur situation. Par ailleurs, les inspecteurs signalent une hausse des dénonciations internes ou anonymes, signe que la tolérance face à la fraude diminue au sein même des milieux professionnels.

« L’objectif n’est pas de faire peur, mais de rétablir l’équité pour tous », précise un cadre de l’Urssaf. Car derrière ces milliards, ce sont des droits sociaux qui sont protégés : retraite, assurance maladie, chômage… autant de piliers du modèle français.

Une dynamique qui ne faiblit pas

En pleine année olympique, la vigilance ne faiblira pas. L’Urssaf prévoit déjà de maintenir une présence renforcée jusqu’à la fin de l’événement, avec des contrôles inopinés sur les sites festifs, les hôtels, les sociétés de transport ou encore les prestataires événementiels. Les JO de Paris sont une vitrine pour la France, et il n’est pas question d’y laisser prospérer la fraude.

Si 2024 a été une année record, 2025 s’annonce tout aussi décisive. Les efforts déployés en Île-de-France pourraient bien servir de modèle pour le reste du pays dans les années à venir.


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