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Enfouie sous les sables du delta du Nil depuis des siècles, une ville oubliée vient de ressurgir grâce au travail patient d’archéologues passionnés. Baptisée Imet, cette métropole antique révèle des trésors insoupçonnés sur l’organisation urbaine, la vie quotidienne et la spiritualité dans l’Égypte ancienne. Une trouvaille qui tombe à pic, alors que les recherches archéologiques dans le pays connaissent un regain d’intérêt international.
Une cité sophistiquée révélée au grand jour
La ville d’Imet, située sur le site de Tell el-Fara’in, a été redécouverte grâce à des images satellites à haute résolution. Ce sont ces clichés qui ont permis aux équipes de repérer d’anciens murs en briques crues, signalant la présence de constructions enfouies. Sur le terrain, les fouilles ont rapidement confirmé l’importance du site : un vaste réseau de bâtiments, de routes et de structures rituelles émergeait du sol.
Parmi les découvertes les plus marquantes, on trouve des « maisons-tours », des habitations de plusieurs étages soutenues par des fondations épaisses. Une rareté pour l’époque, surtout dans le delta. *« Ces constructions témoignent d’un véritable savoir-faire architectural, et surtout d’un mode de vie urbain dense, bien plus avancé qu’on ne le pensait »*, explique Nicky Nielsen, chercheur à l’université de Manchester.
Des traces d’une vie quotidienne bien organisée
Les fouilles ne se sont pas arrêtées à l’architecture. Les archéologues ont également mis au jour un centre de transformation des céréales, avec des espaces pavés, des zones de stockage et des enclos pour les animaux. Cela démontre l’importance économique de la ville, qui était un point de passage stratégique pour les routes commerciales reliant le nord de l’Égypte au reste du pays.
Imet n’était pas qu’un simple lieu de passage. La ville abritait une importante population de marchands, d’artisans, et de pèlerins venus rendre hommage à la déesse Wadjet, la divinité protectrice du lieu. Son influence se faisait sentir aussi bien dans l’économie que dans la religion locale.
Une vie spirituelle en mutation
Au fil des siècles, le visage religieux d’Imet a changé. Les archéologues ont retrouvé un bâtiment datant de l’époque ptolémaïque, vieux d’environ 2 200 ans, dont les colonnes en stuc et le sol en plâtre de calcaire indiquent une fonction cérémonielle. Cette structure s’élevait autrefois le long d’un ancien chemin processionnel menant au temple de Wadjet.
Ce temple, plusieurs fois reconstruit, notamment sous Ramsès II (vers 1250 av. J.-C.) puis Ahmose II (vers 550 av. J.-C.), était le cœur spirituel d’Imet. Pourtant, les vestiges retrouvés suggèrent un lent déclin du culte de Wadjet au fil du temps. Parmi les objets exhumés : une figurine verte en faïence représentant un ushabti de la 26e dynastie ; une stèle montrant le dieu Harpocrate debout sur des crocodiles ; et un sistre en bronze orné de deux têtes d’Hathor, déesse de la musique. *« Ces objets nous parlent d’un monde spirituel riche, foisonnant, en constante évolution »*, note une archéologue présente sur le site.
Un héritage encore bien vivant
La découverte d’Imet ne se limite pas à des ruines. Elle raconte une histoire de résilience humaine, de savoir-faire technique et de croyances en mutation. Elle montre comment les sociétés antiques ont su s’adapter à leur environnement, développer des villes durables et faire vivre leur culture à travers les âges.
À l’heure où les questions de densité urbaine, de transmission culturelle et de résilience face aux crises occupent une place centrale, Imet offre un miroir étonnamment moderne. *« Ces cités anciennes ont encore tant à nous apprendre, pour peu qu’on sache les écouter »*, conclut un membre de l’équipe.
Un site qui attire déjà l’attention mondiale
Depuis l’annonce de la découverte, plusieurs universités européennes et japonaises ont proposé des collaborations pour approfondir les recherches. Le ministère égyptien des Antiquités a confirmé que de nouvelles campagnes de fouilles seront lancées dès l’automne prochain, avec l’objectif de restaurer une partie du site pour le rendre accessible au public.
Cette découverte s’ajoute à une série d’annonces archéologiques majeures en Égypte ces dernières années, renforçant l’attrait du pays pour les passionnés d’histoire. À Imet, l’exploration ne fait que commencer. Et chaque nouveau artefact mis au jour pourrait encore changer notre compréhension du passé.
Quand l’Histoire refait surface de manière aussi spectaculaire, c’est toute notre vision du monde ancien qui s’enrichit. Imet, longtemps oubliée, entre aujourd’hui dans la lumière, prête à dévoiler ses secrets aux curieux du XXIe siècle.